Coronavirus: le monde d’après (seconde partie)

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
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La lutte contre le Coronavirus est une course contre la montre. Pendant que l'infection se répand selon un rythme exponentiel, les chercheurs tentent de trouver un remède.

Il y a deux grandes stratégies ; la recherche d'un vaccin (qui prévient la maladie) et la recherche d'un médicament existant (qui la soigne). La première est puissante puisqu'elle permettrait d'éradiquer complètement la maladie. Malheureusement, elle prend beaucoup de temps: on parle de plus d'un an avant d'arriver à valider un vaccin efficace, sans parler de la production de masse. La seconde ne permet pas d'éliminer la maladie mais a l'immense avantage d'être facilement mise à disposition, puisque la molécule existe déjà - il n'y a plus qu'à la produire.

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Les Chinois, à court de temps mais disposant de nombreux malades sur lesquels tester les médicaments à disposition, ont opté pour la seconde approche. Les résultats semblent probants. Selon des résultats très récents, la Chloroquine, un bête médicament employé pour lutter contre le paludisme depuis 70 ans, aurait des effets tout à fait satisfaisants sur les personnes infectées. Selon le Pr. Raoult, spécialiste renommé des maladies infectieuses, cité dans Les Échos:

Nous savions déjà que la chloroquine était efficace in vitro contre ce nouveau coronavirus et l'évaluation clinique faite en Chine l'a confirmé", selon le [professeur Raoult] commentant la première publication sur cette étude clinique de trois chercheurs chinois dans la revue BioScience Trends.

L'article publié en ligne le 19 février tire ses résultats d'un essai clinique mené dans plus de dix hôpitaux chinois (à Wuhan - épicentre de l'épidémie -, Pékin et Shanghai notamment) pour mesurer "l'efficacité de la chloroquine sur le traitement de pneumonies associées au Covid-19".

Selon les chercheurs chinois, un traitement de 500 mg de chloroquine par jour pendant dix jours serait suffisant pour obtenir une amélioration importante de la santé des patients.

S'il est encore un peu tôt pour crier victoire, nous détenons enfin une piste sérieuse, prometteuse et peu coûteuse. Et même si elle est imparfaite, elle permettra encore de gagner du temps pour trouver d'autres médicaments encore plus efficaces, et peut-être un vaccin à terme.

L'Humanité s'est peut-être juste fait peur, mais tous les enseignements de cette crise n'ont pas encore été tirés.

Démocratie vs. Totalitarisme

Une thèse lancinante et curieuse dans les discussions que j'ai pu avoir sur le sujet tenait au comportement du régime politique face à l'épidémie. Les régimes autoritaires, m'a-t-on donc expliqué, seraient mieux armés pour faire face à l'épidémie puisqu'ils seraient capables de prendre des mesures "énergiques" dont les régimes plus doux, pour ne pas dire plus mous, seraient incapables.

La tentation de résoudre les problèmes par une bonne loi martiale est décidément très en vogue au sein de nos pays libres. Malheureusement, il me semble que les tenants de cette théorie ont une vision quelque peu romantique de l'autoritarisme.

La répartition mondiale du virus permet de vérifier ce qu'il en est. L'épidémie dans les pays totalitaires, comme la Chine ou l'Iran, montre que le mélange de pauvreté, d'incompétence et de mensonge qui gangrène ces régimes les rendent incapables de faire face à une crise sanitaire. N'oublions pas que la Chine a laissé couver et grandir une épidémie pendant des mois avant d'avouer le problème, allant jusqu'à menacer les lanceurs d'alerte. La population affectée n'était quasiment plus contrôlable. L'Iran, quant à lui, a attendu les premiers décès avant d'avouer la présence de la maladie sur son sol - amenant de nombreux civils insouciants à être contaminés alors qu'une meilleure information du public aurait pu prévenir des comportements à risques.

Les postures autoritaires ont elles-mêmes leurs limites. Il est facile pour un potentat d'envoyer les policiers et les militaires à l'assaut des zones récalcitrantes et de décréter état d'urgence sur état d'urgence, mais à la fin, mêmes les policiers et les militaires restent des humains. Ils ont des familles qui peuvent être affectées, et finir par tomber malade à leur tour. Lorsque casernes et commissariats tombent elles-mêmes sous quarantaine, qui reste-t-il pour faire respecter la loi martiale?

Il n'est pas certain d'ailleurs que ni l'Iran ni la Chine ne sortent politiquement indemnes de la crise. Les citoyens de ces pays demanderont des comptes à leurs dirigeants, et il n'y aura plus d'urgence permettant de remettre le débat public à plus tard.

Les démocraties sont peut-être plus molles (c'est-à-dire, plus respectueuses des droits des individus!) mais elles sont aussi plus transparentes et plus prospères. Cela leur permet en retour d'être mieux équipées médicalement, un autre facteur important pour parvenir à gérer une crise sanitaire. Et une population mieux informée et mieux respectée est plus à même de contribuer à l'intérêt général qu'à travers les menaces et les contraintes.

Reste enfin la question de l'origine du virus, toujours pas éclaircie. Tant que nous n'aurons pas de preuve décisive de l'origine de la maladie - qui ne vient pas du marché de Wuhan, rappelons-le - il restera toujours le soupçon qu'elle ait été conçue dans un laboratoire étatique à des fins inavouables... Là encore, rappelons que les régimes autoritaires ne font que peu de cas des conventions internationales interdisant les recherches sur les armes biologiques ou chimiques.

Les limites de la délocalisation

Ce n'est qu'une fois tous ses œufs bien installés dans le même panier et qu'on trébuche sur le chemin qu'on réalise que l'idée n'était pas très bonne. La même chose vaut pour la mondialisation et la délocalisation massive de toutes les productions manufacturières - et pas seulement - vers la Chine.

Saviez-vous que 60% des principes actifs des médicaments sont fabriqués en Chine? Si l'épidémie de Coronavirus se poursuit et que la production chinoise reste en panne, les Occidentaux eux-mêmes vont manquer de médicaments. Le grand public a eu un aperçu de ce petit problème alors que les masques de protection, eux aussi exclusivement fabriqués en Chine, disparaissaient des pharmacies à vitesse grand V.

Sans même parler de la crise sanitaire, les impacts sur les chaînes d'approvisionnement et de production sont très réels. En France, un tiers des sociétés actives dans l'industrie électronique ont annoncé le 25 février qu'elles arrêteraient prochainement leur production, faute de composants livrés depuis la Chine. Même si la crise s'achève, il faudra des mois avant que la situation ne revienne à la normale. La concentration des fournisseurs et le travail en flux tendu ont amené les processus industriels à être vulnérables face à des perturbations inattendues. Là encore, la relocalisation d'au moins une partie des activités et une plus grande variété dans les sources d'approvisionnement seront peut-être des enseignements à retirer.

La crise économique

Lorsque l'épidémie de Coronavirus sera vaincue, les bourses repartiront dans le vert comme des fusées. Mais cela ne veut pas dire que la crise n'aura eu aucun effet.

Dans de nombreux pays, le secteur du tourisme est dévasté. Il faudra du temps pour que les habitudes reviennent. Il en est de même du transport aérien, de la restauration, des loisirs et de nombreuses activités dont les gens réalisent qu'elles sont superflues, surtout quand leur survie est en jeu. A-t-on vraiment besoin d'un logement plus grand, d'une voiture neuve, du dernier smartphone à la mode, de vacances sur la plage à Bali?

Pendant des semaines, l'Humanité a vécu dans l'incertitude la plus totale quant à son avenir. Dans ces circonstances, les gens se concentrent sur ce qui est le plus important - se mettre à l'abri, se nourrir, veiller à sa survie et celle de ses proches. Les seuls secteurs à avoir tiré leur épingle du jeu sont les activités dématérialisées - les jeux informatiques et la vidéo en streaming, notamment.

L'effondrement de la société

La poursuite de la crise du Coronavirus aurait pu amener à un phénomène plus sérieux encore - l'effondrement économique amenant à un effondrement total de la société.

Imaginez un restaurant à Wuhan, logiquement déserté. Le patron met la clef sous la porte et les employés sont licenciés. Les mécanismes sociaux se mettent en marche mais eux-mêmes ont leurs limites. Bloqués chez eux par un régime strict de quarantaine, à court de nourriture et d'argent, il arrivera un moment où chacun devra choisir les factures qu'il accepte de payer... Avec des conséquences en cascade.

En temps normal, les mécanismes habituels de la société permettent de résoudre ces problèmes ; mais en temps de crise, ils se multiplient et les rouages de la justice se bloquent. Imaginons que des milliers d'habitants de Wuhan aient été réduits à ne plus payer leurs loyers faute d'argent. Quel propriétaire pourrait envoyer des gros-bras pour les faire payer, au beau milieu d'une épidémie? Quel tribunal siégera en plein état d'urgence pour une affaire aussi triviale qu'une affaire d'expulsion? Quel huissier de justice, quels fonctionnaires de police iront au beau milieu d'une zone contaminée au mépris de leur propre santé pour faire respecter la loi?

On l'imagine sans peine, une situation de crise - tant qu'elle dure - change radicalement la donne sur de nombreux comportements qui seraient normalement inacceptables. Mais la masse d'impayés a elle-même des conséquences sur la suite de la chaîne: des entreprises qui ne peuvent plus payer leurs employés et tombent en faillite à leur tour, des propriétaires qui ne peuvent plus rembourser leurs hypothèques, des banques au bilan fragilisé par des créanciers douteux, des biens immobiliers dont la valeur est en chute libre...

Il est souhaitable que l'épidémie de Coronavirus soit enfin maîtrisée et se termine pour que ces scénarios restent des hypothèses. Mais il aura suffi de quelques semaines de pandémie pour qu'ils voient le jour de façon crédible, et il n'en faudrait pas beaucoup plus pour qu'ils se concrétisent. Comme le résumait Alfred Henry Lewis en 1906, "il n'y a que neuf repas entre l'humanité et l'anarchie".

Croisons les doigts pour l'efficacité de la Chloroquine...

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 25 février 2020

7 commentaires

  1. Posté par Michel Curchod le

    M. Montabert, j’ai lu avec intérêt vos deux article sur le coronavirus. Ils semblent bien documentés, explorent quelques pistes non dénuées de fondement. Je suis par contre étonné de votre alignement sur l’idéologie de circonstance. Vous traitez votre sujet comme s’il était acquis que l’épidémie devait être combattue par tous les moyens disponibles, quitte à réduire notablement les marges de manœuvre des populations soumises désormais aux diktats de gouvernements sous pression, et peut-être trop heureux de réaffirmer ainsi quelques bribes de pouvoir sur leurs administrés, voire d’en tester la soumission. Vous dites que le Covid-19 tuerait 30 x plus qu’une simple grippe et traitez d’emblée tous les « corona-sceptiques » d’olibrius. Depuis la fameuse grippe espagnole, il y eu bien d’autres grippes et maladies qui menacèrent des portions grandissantes de l’humanité aux dires des scientifiques informés (dont je ne fais aucunement partie), et pourtant nous sommes toujours là pour en débattre. Rappelons nous des cas précédents qui allaient tout submerger, ça avait commencé en 1987 avec la Listériose (qui nous vaut aujourd’hui un vacherin Mont-d’Or désormais thermisé ….) puis avec la crise de la vache folle dès 1996, la grippe porcine H1N1 en 2009, affaire montée de toutes pièces par deux médecins de l’OMS en mal de publicité … et financés par les pharmas. Bref, on monte à chaque fois d’un cran dans le traitement des pandémies, allant toujours plus loin dans la mise sous tutelle des populations, tout en testant leurs capacités de remettre en cause les plus absurdes injonctions du pouvoir. Cela a comme une odeur de déjà-vu … non ? Et là, les morts se comptèrent en dizaines de millions, et la grande faucheuse ne fit pas le détail entre personnes aux défenses immunitaires réduites et les bien portants, comme c’est toujours le cas lors des épidémies de grippe. Tout cela pour dire que je m’attendais à autre chose en consultant le site des « observateurs » sur le sujet !

  2. Posté par Gérard Guichard le

    De toute façon, d’après les dernières nouvelles, l’épidémie sera terminée en Chine « après avril » et ailleurs « après mai ». Et, par ailleurs, 60% de la population mondiale devrait être atteinte du virus sans pour autant développer des troubles importants. Happy, soyons happy :):)

  3. Posté par farjon thierry le

    Ce sont les patrons et les fonds d’investissements vautours qui doivent payer, personne d’autre!
    Je demande aux 1% de passer a la caisse jusqu’au dernier centime!

  4. Posté par Peter Bishop le

    1. Aucune confiance dans l’industrie pharmaceutique 2. La vaccination est la plus grosse arnaque médicale de l’histoire de l’humanité 3. Ça ne ferait pas de mal si un gros pourcentage de la population mondiale disparaissait, au contraire…

  5. Posté par Gege le

    Je pense qu on est foutu.

  6. Posté par Dominique le

    1. Comme médecin retraité ce me semble un peu tôt et sans fondement de choisir entre la chloroquine et les antiviraux existants et en étude.
    2. Comme citoyen je suis agacé par tous ces médias UEphiles et supranationalistes qui, par leurs scoops et articles stupides, se soumette par anticipation à la Chine communiste qui serait déjà la puissance économique qui commanderait tous les pays développés. Les peuples de l’Europe ayant perdu leur souveraineté, leurs médias n’ont plus aucun patriotisme et clairvoyance mais dramatisent tout en se soumettant hier à l’islam-idéologie et aujourd’hui à la Chine communiste.

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