Vaud se lance dans la justice climatique

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens

Surprise et consternation (du grand public), explosion de joie et embrassades (des accusés), les "militants climatiques" ont été acquittés des chefs retenus contre eux, hier au Tribunal de Police au terme d'un jugement hallucinant.

Le procès en première instance faisait suite à leur action du 22 novembre 2018: dans une action coordonnée à Genève, Lausanne et Bâle, des activistes avaient simulé des matches de tennis dans les locaux du Crédit Suisse pour se moquer du sponsoring de Roger Federer et dénoncer l'implication de la banque dans, selon eux, le "financement d'actions nuisibles pour le climat."

Menée par de Lausanne Action Climat (LAC), la situation à Saint-François à Lausanne avait été la plus tendue avec une heure et demie de face à face avec la police, puis une évacuation des locaux par celle-ci. Une douzaine de jeunes refusant d'obtempérer et luttant contre leur déplacement furent identifiés.

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Les banques suisses sont régulièrement victimes de cet activisme, mais cette fois-ci le Crédit Suisse décida de porter plainte. Mal lui en a pris - il avait oublié ce qu'était devenue la justice dans le Canton de Vaud.

Procès-spectacle pour verdict de carnaval

Déterminés à refuser de payer l'amende de 600 francs reçue par chacun, les 200 francs de frais de justice afférents, et de recevoir les 30 jours-amende à 30 francs avec sursis, les accusés préférèrent porter l'affaire devant un tribunal. On comprend désormais pourquoi.

L'ouverture du procès quelques jours plus tôt avait donné le ton. Défendus gracieusement par un collectif d'avocats plus nombreux que les accusés, face à une banque avant tout soucieuse de préserver un tant soit peu son image de marque, les militants n'avaient rien à craindre. Une militante clama crânement "qu'ils avaient tous mieux à faire qu'à être face à la justice" - parce qu'il va de soi qu'on fait face à la justice parce qu'on en a envie, n'est-ce pas! - et comme on pouvait s'y attendre, le procès tourna à la farce, jusqu'à son hilarante conclusion: acquittement pour tout le monde, distribution de câlins, et pause-photo pour la victoire.

Il ne manquait plus que la distribution de pop-corn éco-conscient.

Sale temps pour la justice

Incapables de voir plus loin que le bout de leur nez, les éditorialistes exultent: "le climat a gagné", clament-ils la bouche en cœur. Hélas! Ce n'est pas le "climat" qui a gagné, mais bien l'activisme politique. Les manifestants ont beau s'en réclamer, la justice climatique est à la justice ce que la musique militaire est à la musique...

En dénonçant ce verdict, les nombreux commentateurs consternés des articles de presse d'aujourd'hui voient plus loin que ces militants écofascistes - un comble pour ces illuminés qui prétendent dicter la marche du monde jusqu'au siècle prochain. Les gens normaux (c'est-à-dire, ni les journalistes, ni les magistrats du Canton de Vaud, et ni ces activistes extrémistes) relèvent que le droit de propriété s'efface devant le galimatias intellectuel des serviteurs de la "cause". L'application des lois devient optionnelle. Les sanctions n'existent plus.

On voudrait ouvrir la porte à plus de comportements dommageables pour l'ensemble de la société qu'on ne s'y prendrait pas autrement. En fait, le lendemain même, d'autres activistes en profitèrent pour investir les locaux de l'UBS, encore à Saint-François...

Une application des lois à bien plaire

La Suisse est un pays où on peut se faire condamner pour un like sur Facebook, où un excès de vitesse - sans le moindre accident - est puni plus sévèrement qu'un homicide par négligence, où déposer ses déchets devant un container plein est passible de prison ferme.

À côté de cela on peut agir comme on veut et en toute impunité contre une banque, ou une autre, ou n'importe quelle entité en fait, et même résister à la police, pour peu que cela soit justifié par "l'urgence climatique". On peut ignorer les lois sur l'immigration et la protection du territoire au nom d'une vague "crise migratoire". Celles sur les coups et blessures si elles sont destinées à des politiciens qui ne pensent pas comme il faut. Même les gouvernements cantonaux décident de ne pas appliquer des lois fédérales.

En Suisse, l'application des lois est devenue discrétionnaire. Elles s'appliquent, ou pas, selon l'orientation politique des parties en présence, la mode, l'opinion des journalistes...

Les militants écofascistes l'ont bien compris: une fois qu'on dispose de l'excuse du moment, c'est open bar.

Pour un Canton qui s'enorgueillissait jusque dans son hymne de "l'amour des lois", la chute est rude.

Malheureusement, les limites existent toujours quelque part. La justice vaudoise d'aujourd'hui a beau fermer complaisamment les yeux, elle ne fait que reculer pour mieux sauter. Une violation de propriété "au nom du climat?" Pas grave! Mais ensuite? Un petit caillassage? Une petite destruction de biens? Un léger incendie de véhicule? Une "échauffourée" avec un peu de sang qui coule? Que faudra-t-il atteindre pour qu'un bon juge oublie un instant les modes du moment et se rappelle un peu la loi qu'il a la charge de faire respecter?

On peut espérer que le pourvoi en appel du Ministère public soit géré de façon plus professionnelle, mais il y a fort à craindre que dans le Canton de Vaud la dérive idéologique du pouvoir judiciaire soit plus profonde qu'il n'y paraît.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 14 janvier 2020

7 commentaires

  1. Posté par Waldo le

    Le juge Colelough, que tout le monde accable, et dont personne ne réclame la conviction profonde, s’est en vérité montré très malin, dans une affaire difficile. Je ne le connais pas mais il a rendu un verdict contesté (à dessein) et cela va évidemment permettre un recours qui renversera la vapeur. Personne de sensé ne peut porter crédit à ces activistes et c’est bien ce qui va arriver. Il faut une jurisprudence pour ces nouveaux arguments « climatiques » de type fasciste, et cela ira jusqu’au TF qui donnera raison à la loi : attaquer la propriété privée est un délit en Suisse.

  2. Posté par Andrea le

    Pourquoi lava qua n’a pas envoyé de représentants à la séance?

  3. Posté par vaudeville le

    Vaud se lance dans le vide. La justice ou la dictature du copinage/réseautage/ favoritisme. Aucune manifestation du bon sens manifestée par des décisions à la limite de la décence. Légitimation de l’arbitraire sous l’abri d’un pouvoir déjà usurpé et usurpateur.Appareil répressif de condamnation pourvu l’imposition de l’imposture de la caste des privilégiés. Une mascarade dans le nom de la Constitution, de la lois et qui bafoue à l’outrance les droits de l’homme. Ces fonctionnaires ont pris aux pieds de la lettre la fameuse boutade  » L’État c’est moi ». Avec de telles circonstances le constat est sans équivoque: Nul lieu de manifestation de la démocratie donc un remplacement évident d’un système féodal ( de type monarchique) par un autre néo-féodal ploutocratique. La démocratie se joue dans un scenario macabre sur des airs pour des sourdo- muets. Même ces climatologues et leurs manifestations montrent clairement un scénario bien orchestré où tout sonne faux. D’ailleurs personne ne parle sur la provenance sociale de ces jeunnes » rebels ». Inutile d’insister on l’aura deviné . Pas n’importe quel individu se permet, à l’aveugle, d’occuper les sièges du pouvoir financier. Mais cela fait partie du spectacle en donnant l’impression d’une illimité liberté dans l’exercice  » démocratique ». Il est possible que le phénomène » gilets jaunes » soit issu d’une logique identique. Tout est fabuleux dans le(s) pays des bisounours. Mais après la fin du spectacle , quand les clowns enlèvent leur maquillage reste la même amertume quotidienne dans la routine inhérente qui caractérise notre société. Les clowns reçoivent leur promotion et petit à petit ils oublient ces spectacles éphémères, ridicules et inutiles. Spectacle après spectacle , la société continue son trajet préétabli. The show must go on. Et la justice s’en prend en charge. Nul déraillement indésirable ne sera accepté. L’argent ne fait pas le bonheur mais il arrive qu’on puisse se faire la justice avec lui, quoique … . Et les banquiers le savent bien, mais pas uniquement eux. Savoir tirer les ficelles et payer les marionnettes. Le cirque est à l’ordre du jour et le pain chez boulangeries d’état. Bonne dégustation avec jus tice ou Just ice.

  4. Posté par Sergio le

    Et moi qui croyais qu’il suffisait d’évoquer le coran pour avoir le droit de tout faire et tout dire sans être inquiété. On découvre aujourd’hui que l’église climatique présente les mêmes spécificités. Grâce aux réchauffistes, la désobéissance civile, l’anarchie et ce qui en découle ne tombent plus sous le coup de la loi.

  5. Posté par antoine le

     »Que faudra-t-il atteindre pour qu’un bon juge oublie un instant les modes du moment et se rappelle un peu la loi qu’il a la charge de faire respecter ? »
    Bonne question, mais existe-t-il encore un  »bon » juge ?
    Est-ce qu’un  »bon » juge DOIT appliquer les lois en vigueur ?
    Faudra-t-il attendre que plus de 200 voitures brûlent le prochain Nouvel An, comme à Strasbourg ?
    Pour les merdias, c’est une victoire du climat … le climat se porte bien, merci !
    Il va bien même SANS les Hommes !

  6. Posté par Maurice le

    Le juge Philippe Colelough est qualifié, lors de l’émission Forum de la RTS, de juge intègre, sévère mais humain… Apparemment il a des casseroles derrière lui, et même beaucoup, dont celle de Jacob Gutknecht, inlassablement défendu par le courageux lanceur d’alerte Gerhard Ulrich.
    https://www.google.ch/amp/s/docplayer.fr/amp/40066212-Pilule-amere-pour-les-francs-macons.html
    Ça a l’air d’être un sacré panier de crabe cette justice vaudoise, pleine de membres de la secte des francs-maçons et d’une quantité de double-nationaux qui, ni les uns ni les autres ne se soucient des valeurs de la Suisse, et pas même de celles de la justice.
    http://egalitedescitoyens.blog.tdg.ch/tag/oav

  7. Posté par Bussy le

    En fait, le problème est qu’il y a une classe de gens tellement gâtés et privilégiés par notre système qu’ils en viennent à penser qu’ils sont intouchables et invincibles et qu’ils peuvent tout se permettre.
    On verra s’il y a encore quelques garde-fous qui tiennent.
    Le côté marrant c’est que ces gens se situent plutôt à gauche bien que chouchoutés par un système capitaliste et qu’ils semblent oublier que l’application stricte des lois profitent surtout aux pauvres, les riches ayant les moyens de se défendre tous seuls….

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