Vin suisse : sans hésiter!

Publication du Service d’information du Centre patronal vaudois 13.11.2019

 

Publication hebdomadaire                                                                                                                          N° 3264 – 13 novembre 2019

Vin suisse: sans hésiter!

 

Les vins suisses ont de bons atouts à faire valoir afin de reconquérir des parts de marchés. Plus que des mesures de protection, ce sont des mesures de promotion qui sont nécessaires, et celles-ci se mettent en place aujourd’hui avec l’aide de l’interprofession et des pouvoirs publics. Il suffirait maintenant que tous les consommateurs de vin achètent deux bouteilles de vin local à la place de vin importé.

 

Un contingentement qui ne protège plus la production suisse

 

Dans les cantons viticoles, le mois d’octobre a été, comme chaque année, celui des vendanges. Si la qualité de la récolte est toujours un sujet de satisfaction, la situation économique de la branche, en revanche, pèse aujourd’hui sur certaines exploitations, en particulier sur celles qui n’ont pas encore réussi à vendre leur vin en vrac de 2018. Plusieurs vignerons expriment publiquement leurs inquiétudes et leur mécontentement, estimant que le monde politique doit agir davantage pour aider leur profession, y compris en restreignant l’importation de vins étrangers. D’aucuns promettent d’aller manifester à Berne.

 

Il est vrai que la situation, bien que très différente d’un producteur à l’autre, reste globale- ment difficile. La surenchère des messages de prévention, la sévérité de la répression routière, mais aussi les changements d’habitude et la méconnaissance des jeunes générations ont fait fortement diminuer la consommation de vin en Suisse au cours des deux dernières décennies (44,3 litres par per- sonne et par année en 1994, 35,1 en 2014, soit une baisse de 22%). Le volume total consom- mé tend à diminuer malgré la croissance de la démographie. Parallèlement, les vins étran- gers continuent d’occuper la première place, avec environ 65% de la consommation. Le contingentement tarifaire initialement prévu

pour freiner les importations ne déploie plus guère d’effet protecteur et les vins étrangers bon marché, même taxés, restent concurren- tiels face aux prix de la production helvé- tique. Inversement, l’exportation du vin suisse reste confidentielle, avec 1 à 2% de la produc- tion; la branche doit encore s’organiser pour développer ce marché.

 

La promotion plutôt que le protectionnisme

On aurait tort de compter sur un protection- nisme accru pour redonner des couleurs à la viticulture helvétique. La renégociation de contingents avec l’Organisation mondiale du commerce, ou avec l’Union européenne, peut prendre du temps et aboutir à des résultats incertains, et la Suisse risquerait alors de faire l’objet de mesures de rétorsion touchant les produits qu’elle exporte – on évoque par exemple le Gruyère AOP, exporté à 40%. Sur- tout, il n’est pas sûr que les consommateurs se laissent «forcer la main». Les vins étrangers et les vins suisses ne sont pas simplement inter- changeables, et d’autres produits alcoolisés existent pour leur faire concurrence.

 

On ne peut pas forcer nos concitoyens à boire nos crus. En revanche, on doit tout faire pour leur en donner l’envie. Telle est la position défendue par les organisations profession- nelles, ainsi que par de nombreux vignerons qui, par conviction ou par simple réalisme, ne revendiquent pas une fermeture des frontières et préfèrent miser sur la promotion de leurs produits. C’est en effet par la promotion qu’il sera possible d’accroître les ventes de vins suisses, à des prix correspondant à leur qualité.

 

Dans ce domaine, les pouvoirs publics peuvent jouer un rôle aux côtés des organisations pro- fessionnelles. En septembre, les cantons viticoles de Suisse romande (Vaud, Valais, Genève et Neuchâtel), soutenus par les organisations vitivinicoles faîtières, sont intervenus officielle- ment auprès du conseiller fédéral Guy Parmelin pour solliciter une aide d’urgence. Leur appel a été entendu et une vaste campagne de promo- tion des vins suisses est actuellement lancée dans toute la Suisse, financée pour une moitié par l’Office fédéral de l’agriculture et pour l’autre moitié par le commerce de détail. Cette campagne, qui durera deux ans, aidera à ren- forcer l’image, la visibilité et la notoriété des vins suisses. Des efforts seront portés sur les jeunes consommateurs, qu’on espère convaincre de boire «moins mais mieux».

 

Economie circulaire et commerce de proximité

Parallèlement à ces opérations d’envergure pilotées par l’interprofession viticole, de nombreux vignerons prennent le temps d’aller à la rencontre de leurs clients, en participant per- sonnellement à des foires et à d’autres manifestations dans toute la Suisse. Ces efforts en

valent la peine. Le vin suisse s’inscrit en outre parfaitement dans la tendance actuelle, où les consommateurs se préoccupent de plus en plus du respect des normes sociales et envi- ronnementales, ne jurent que par le commerce local et l’économie circulaire, et refusent d’acheter des produits qui ont inutilement fait le tour du monde. Il y a là de bonnes cartes à jouer pour la viticulture helvétique, qui peut invoquer la tradition (la culture de la vigne dans nos régions date de l’Empire romain), la diversité (240 cépages y sont cultivés) et la qualité (les vins suisses remportent de nombreuses médailles dans les concours internationaux).

 

Les vignerons doivent-ils aller à Berne? Pour- quoi pas… à condition que ce ne soit pas pour y lancer des slogans revendicateurs, mais plu- tôt pour faire découvrir leurs produits aux parlementaires fédéraux et convaincre ces derniers de devenir leurs meilleurs ambassadeurs. Comme cela a été dit la semaine passée à la Journée du vignoble vaudois, il suffirait que les consommateurs de vin achètent deux bouteilles de vin local à la place de vin importé pour aider nos jeunes vignerons.

Pierre-Gabriel Bieri, 13.11.2019

Editeur :

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Voir aussi le portail officiel de la vigne et du vin suisse: www.swisswine.ch

 

 

 

 

 

 

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