Les gauchistes sur la voie de la conversion

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Nous assistons actuellement à une tentative de constitution d’un nouveau front islamo-progressiste, ou plus exactement islamogauchiste, puisque le mot « progressiste » a fait l’objet d’une captation par LREM. Si la gauche est fracturée sur cette question, comme l’a montré la manifestation de dimanche, on distingue bien la ligne de partage : elle concerne très précisément les rapports du marxisme et de ses variétés (trotskistes, Insoumis, anarcho-communistes, communistes orthodoxes) avec le monde islamique, apprécié comme prolétariat de substitution.

C’est à Bakou, en 1920, que, pour la première fois de son histoire, l’extrême gauche, sous l’égide du Komintern, a tenté une alliance avec l’islam, ou plutôt une OPA. La petite étude La Faucille et le Croissant, récemment publiée par Jean-Gilles Malliarakis, nous en donne une parfaite synthèse. Plus près de nous, pendant « les évènements d’Algérie », l’extrême gauche a été en pointe pour soutenir la « rébellion ». Elle feignait d’ignorer que ladite « rébellion », qui se voulait dans l’orbite soviétique, via le FLN, s’appuyait sur un ressort essentiel, la oumma (la communauté des croyants), l’islam.Lors de la guerre du Liban, dans les années 1970-1980, à l’apogée du gauchisme militant, ceux-ci nous expliquaient doctement que les chrétiens d’Orient étaient des rescapés du colonialisme des croisades, tournés vers l’Occident, contre les courants d’émancipation d’un tiers-monde qu’ils voyaient rouge et vert.

Les compagnons de lutte des gauchistes rêvent d’une théocratie

Voir aujourd’hui le NPA, les black blocs, les Insoumis, le PC, les abonnés de Médiapart défiler derrière des femmes voilées scandant Allahu akbar, se situe donc dans une certaine continuité historique, mais traduit aussi un rapport de force qui tend à s’inverser entre les composantes islamique et gauchiste de ce curieux amalgame. Les nouveaux compagnons de lutte des gauchistes ne rêvent rien moins que d’établir une théocratie en France.

L’actuelle dérive islamogauchiste va plus loin qu’à Bakou (recherche d’alliances quasi-militaires), qu’en Algérie (soutien au camp soviétique), qu’au Liban (espoir d’un néo-nassérisme anticapitaliste). Se dessine une véritable fascination pour la radicalité du discours islamiste et de ses actes, qui n’est plus très éloignée de l’adhésion. On n’ose écrire : « de la conversion ». Y entre sans doute avant tout le sentiment que, puisque le messianisme communiste a disparu, l’islam pourrait constituer un extraordinaire levier de chamboulement du vieux monde, le ferment d’une authentique révolution, digne de celle de 1789. Sous cet angle, les attentats terroristes sont assimilables à la Terreur, épisode pénible de la « Grande Révolution », mais si nécessaire !

Qui trouvait-on en tête du défilé, dimanche, ou en tout cas dans le gros du cortège ? Edwy Plenel, Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), une partie de l’état-major de LFI et du PC, l’écolo Esther Benbassa, Besancenot etc. Quand les manifestants se sont mis à scander Allahou akbar, ces participants-là ont évité les caméras. Mais ils n’ont pas quitté le cortège.

« L’islamogauchisme a très peu à voir avec l’islam et tout avec le gauchisme », soutient l’avocat et essayiste Gilles-William Goldnadel. La question que l’on pourrait se poser aujourd’hui découle d’un rapport de force en train de s’inverser dans cette nébuleuse : l’islamogauchisme a-t-il au contraire encore à voir avec le gauchisme ? N’est-il pas en passe de devenir une simple forme de l’islamisme ? •

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