Syrie. Mon Dieu, mais que se passe-t-il?

Michel Garroté
Politologue, blogueur

Michel Garroté

Syrie. Mon Dieu, mais que se passe-t-il ?

La Turquie suspend, dit-elle, son offensive dans le nord de la Syrie pendant cinq jours : c'est donc une trêve présumée. Et la Turquie met fin à cette trêve, si les forces kurdes ne se retirent pas de ce secteur durant ce délai de cinq jours (dernier délai : le 22 octobre). Voilà pour les éléments factuels résumés en quelques mots.

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La trêve expire donc le mardi 22 octobre 2019 (plus exactement à 19 heures, heure de Syrie) : concrètement, Erdogan a lancé un nouvel ultimatum aux forces kurdes, dans la journée du mardi 22 octobre 2019, et il a promis que l’offensive dans le nord de la Syrie reprendrait "avec une plus grande détermination", faute d’un retrait des forces kurdes.

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Oui, "avec une plus grande détermination", dit-il. Sortie de la bouche du dictateur islamiste Erdogan, "avec une plus grande détermination", ça fait peur. Et puis, fait majeur peu mentionné dans les médias : Poutine et Erdogan se retrouvent, mardi 22 octobre, à Sotchi, en Russie, à quelques heures de l'expiration de l'ultimatum turc aux forces kurdes en Syrie. Là, ça devient un peu plus précis. Erdogan daigne se rendre personnellement en Russie. Pour y rencontrer Poutine, ni plus, ni moins. En revanche, le Calife Erdogan se fiche de ce que peuvent radoter Macron et Merkel, et ça, on peut comprendre.

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Des bombardements turcs auraient déjà repris, dès le vendredi 18 octobre, dans le nord-est du pays en pleine trêve, selon l'agence de presse britannique Reuters. A noter que Washington conserve quelques centaines de soldats dans l'est du pays, notamment à proximité des champs pétroliers. A noter, aussi, que les soldats US  --  ceux qui étaient basés le long de la frontière turque  --  poursuivent leur retrait pour rejoindre l'Irak. Pour rejoindre l'Irak ou pour rejoindre la frontière irakienne, en demeurant sur sol syrien ?

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Et puis, mais oui, en plus de tout ça, les Kurdes syriens, tenez-vous bien, se sont, cette fois, tournés vers Moscou et Damas (à ce propos cf. mon article "La Turquie en Syrie - Mensonges & Vérités" publié sur Lesobservateurs.ch ; le lien vers cet article figure en bas de page).

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Ci-dessous, je publie les extraits d'un certain nombre d'analyses, certes différentes les unes des autres, et, néanmoins, toutes fort intéressantes. J'ai adapté et mis en page chacune de ces analyses pour en faciliter la lecture. Certaines portent sur la Syrie en particulier, et, d'autres, sur des sujets plus globaux tout en demeurant très éclairantes sur ce qui se passe en Syrie, et, sur le rôle de diverses Nations, grandes et moins grandes, dans ce pays du Levant.

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Sur leparisien.fr, le journaliste français Ronan Tésorière écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : L’accord inédit entre les Forces démocratiques syriennes et l’armée loyaliste ouvre la porte au retour de la souveraineté du régime de Bachar al-Assad dans la région où vivent un million de Kurdes. Les Forces démocratiques syriennes - le nom officiel des forces armées kurdes - se sont, en effet, résolues à signer un accord historique avec l'armée syrienne de Bachar al-Assad dans un seul et unique but : empêcher que les populations kurdes ne pâtissent de l'offensive turque à l'est du pays, dans les territoires jusqu'ici détenus par les FDS. Le contenu de l'accord entre la SAA, l'armée arabe syrienne, et les FDS a "fuité". Il trace les lignes d'un choix plus que symbolique du mouvement kurde, qui donne accès aux troupes loyalistes syriennes à un territoire chèrement conquis, au prix de nombreuses pertes en vies humaines lors des combats contre Daech.

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« Les FDS ont accepté l'entrée de l'armée arabe syrienne et son contrôle s'étendra à toute la région, depuis Ayn Diwar à l'Est, jusqu'à Jarablus à l'Ouest », précise l'accord entre les deux ex-belligérants. En clair, les Kurdes ont ouvert les portes d'accès à tout leur territoire à leurs anciens ennemis. Un séisme politique - mais aussi militaire - pour les Turcs. Le cadre de ce futur déploiement tactique a été fixé très précisément par les deux nouveaux alliés de circonstance. L'armée syrienne va donc se déplacer dans le territoire kurde via trois axes. Un premier axe « depuis Tabqa en direction du Nord vers Ayn Issa et sa campagne ». Également en direction du Nord vers la frontière syro-turque à Tell Abyad et vers l'Ouest. Le deuxième axe ira « de Manbidj en direction de Kobané sur la frontière syro-turque jusqu'à Tell Abyad et vers l'Ouest » (NDLR, l'accord ne mentionne que le nom arabe d'Ayn al Arab, qui est appelé en kurde : Kobané). Enfin le troisième axe de progression prévu par l'accord ira de « Hassaké jusqu'à Ras al Aïn et vers l'Est, puis à l'Ouest jusqu'à Kamechlyié, puis Al Malikiyah au Sud ».

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« Les forces de la SAA se déploieront dans la région de Manbidj, à partir d'Arima et le long de la rivière Sajur, s'en tenant aux accords précédents concernant la répartition des forces dans Arima », précise encore ce texte. Le contenu de l'accord fait que l'armée du régime de Bachar al-Assad étendra sa souveraineté dans toute la région à l'est et au nord de l'Euphrate mais, détail d'importance, « en coordination avec les conseils militaires locaux ». La zone située entre Ras al Ayn et Tell Abyad est définie comme la zone de combat principale « en attendant sa libération », précisent encore les deux parties.

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Les mots les plus importants de ce texte, finalement assez court, sont ceux qui ont trait à la souveraineté sur le territoire. Ceux qui ont dû coûter le plus cher aux responsables kurdes. « Les FDS confirment qu'elles sont prêtes à préserver l'unité territoriale de la République arabe syrienne et qu'elles le font sous le drapeau de la République arabe syrienne », définit ainsi l'accord. « Les FDS se tiendront aux côtés de la SAA pour faire face aux menaces turques contre la terre syrienne sous la direction du président Bachar al-Assad », conclut le texte. Des mots qui redonnent au raïs syrien la souveraineté sur un territoire qui échappait à son contrôle depuis 2011. Il y a deux manières d'analyser cette décision. C'est, pour certains, la fin du rêve d'un « Kurdistan syrien ». Pour d'autres, les victoires militaires kurdes du passé leur garantiront peut-être un avenir sous la souveraineté de Bachar al-Assad.

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« Avec le retrait américain, tout s'est écroulé comme un château de cartes pour les Kurdes. En réalité, les populations arabes sont majoritaires dans cette région, et les Kurdes n'en avaient qu'un contrôle militaire », explique Fabrice Balanche, maître de conférences à l'université Lyon-2, contacté par Le Parisien. Le géographe, spécialiste de la région, revient tout juste de la zone. « Les Kurdes n'ont plus le choix que d'être loyaux car, sans l'intervention syrienne, un million de Kurdes auraient été déplacés par les Turcs, sans l'ombre d'un doute. Les populations ont très peur des supplétifs arabes d'Erdogan, car ils égorgent, ils pillent, ils violent, ce sont pour certains des anciens de Daech ou d'Al-Qaida. Le but avant tout c'était d'éviter un massacre », analyse encore le chercheur associé au Washington Institute.

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« Les YPG (les unités de protection du peuple kurde) ont été largement surestimées par certains médias. La réalité est tout autre. Les forces kurdes se sont écroulées en quelques jours, sans le soutien des Etats-Unis », constate encore le spécialiste de la région. « Les FDS ont été surestimées car on oublie que les Arabes qui les constituent largement se battaient parce que des salaires étaient versés. Il fallait nourrir les familles. La principale motivation était là. Elle n'était pas idéologique », décrypte encore Fabrice Balanche.

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« Les Kurdes ont préféré faire des concessions au régime syrien plutôt qu'aux Turcs », confirme Karim Pakzad, chercheur à l'IRIS, l'Institut de relations internationales et stratégiques [ndmg : un machin socialiste ; mais bon, ça ira pour cette fois]. « Les Kurdes n'arrivaient plus à faire face aux forces d'Erdogan. Ils ont donc logiquement perdu leur souveraineté gagnée sur le terrain », constate-t-il. « C'est faux de dire que les Kurdes dans leur ensemble sont des indépendantistes. La plupart étaient réalistes, car ils savaient que c'était impossible d'avoir trois Etats indépendants kurdes en Turquie, en Syrie et Irak », précise celui qui enseigne à l'université de Kaboul. « Mais je ne pense pas que les Kurdes ont tout perdu. Les Kurdes ont réagi dans l'urgence, pour se sauver du massacre », enchaîne-t-il.

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« Après-demain, à mon avis, dans le cadre du processus d'Astana (NDLR, un ensemble de rencontres multipartites entre différents acteurs de la guerre civile en Syrie), les Kurdes obtiendront des concessions pour gérer de manière plus ou moins autonome une partie de la région. C'est aussi l'intérêt des Russes, le nouvel acteur fort de la région. À cause de la guerre en Syrie, les Kurdes sont tout de même apparus comme une force importante. Ils devraient obtenir beaucoup plus que leur sort dans le passé », tempère l'enseignant-chercheur, ajoute le journaliste français Ronan Tésorière, sur leparisien.fr (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

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Les Turcs atteignent-ils leurs objectifs ?

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"Les Turcs atteignent leurs objectifs de démilitariser toute cette zone frontière", a estim, sur franceinfo, Michel Goya, colonel à la retraite des troupes de la marine française et historien. Spécialiste des questions militaires sur franceinfo, il donne sont point de vue, alors qu'un cessez-le-feu  --  fragile  --  a été conclu entre la Turquie et les Kurdes du nord-est de la Syrie (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

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Franceinfo : Des échanges de tirs ont été entendus, dans le secteur de Ras al-Aïn, dans le nord-est de la Syrie : est-ce que ça veut dire que ce cessez-le-feu est bafoué ou simplement qu'il est fragile ?

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Colonel Michel Goya : On est plutôt dans ce [deuxième] cas de figure. Tous les cessez-le-feu qu'il a pu y avoir dans la région ont toujours été très fragiles. Là, en l'occurrence, il y a beaucoup d'acteurs présents, beaucoup de forces, de milices, qui sont regroupés sous plusieurs bannières de part et d'autres, donc tout n'est pas forcément complètement contrôlable. Il n'y a pas que des Kurdes, des Turcs et l'armée syrienne, dans la région.

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Il s'agit d'un cessez-le-feu provisoire, il deviendra permanent si dans cinq jours, les forces kurdes ont bien reculé au-delà de cette bande de terre, cette zone de sécurité qui était l'objectif des Turcs depuis le début. Ce sont des conditions qui n'étaient finalement pas très compliquées à accepter, pour les Turcs ?

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Oui, les Turcs atteignent leurs objectifs. Leur objectif c'est, d'une certaine façon, de démilitariser toute cette zone frontière, de faire en sorte qu'elle ne puisse pas servir de base arrière aux Kurdes du YPG qui sont considérés par les Turcs comme une association terroriste identique au PKK. Ils ne demandent pas mieux que le départ des forces kurdes de la région.

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Comment comprendre la réponse des Kurdes qui acceptent, dans un premier temps, ce cessez-le-feu ?

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Ce cessez-le-feu ne comprend que la région centrale, une région de 120 kilomètres à peu près, qui en réalité est surtout un peuplement arabe. Il ne faut pas imaginer toute cette bande de frontière occupée par des Kurdes. C'est une zone de peuplement arabe, qui a été conquise relativement facilement par les Turcs et que les Kurdes ne pouvaient pas tenir. C'est un état de fait que [constatent] les Kurdes, peut-être pour gagner du temps, pour eux, pour négocier ou mettre en œuvre l'accord qu'ils ont fait avec le régime de Damas.

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Qui va faire respecter ce cessez-le-feu à terme ?

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À terme on s'oriente, ce qui était tout à fait prévisible en réalité, vers un accord entre Damas, le régime d'Assad, et Erdogan, la Turquie, via probablement les Russes. L'objectif de la Turquie, c'est de neutraliser toute cette région, de neutraliser le YPG, que ce soit par une occupation de ses forces, ou que ce soit par le contrôle du régime de Damas, peu importe. La deuxième solution est même sans doute préférable pour les Turcs. Donc on s'oriente vers cette solution, conclut le Colonel Michel Goya (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

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Une stratégie à long terme « d’ingénierie démographique » :

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Pour le géopoliticien Tigrane Yégavian, la Turquie s’inscrit dans une stratégie à long terme « d’ingénierie démographique » (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page). Qui intervient aux côtés des forces armées turques pour combattre les Kurdes à l'intérieur de la partie nord de la Syrie ? Il s’agit d’ex-soldats de Daech, d’Al-Qaida et autres organisations djihadistes ! Les forces déployées sur le terrain sont des supplétifs de la Turquie, des mercenaires djihadistes syriens, en l’occurrence des anciens d’Al-Qaida, de Daech et d’autres groupuscules salafistes, qui ont une revanche à prendre sur les Kurdes, car ils avaient participé en partie à la bataille de Kobané. Ces hommes-là - qui sont sur le terrain - mènent des crimes de guerre et il y a eu des atrocités. Ce qui est absolument extraordinaire, c'est qu'on a donné à ces gens-là un cache-sexe, "l’armée nationale syrienne", alors qu’ils ont tous des barbes jusque-là et un discours salafiste.

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Concernant les chrétiens de la région, il y a une vraie politique "d’ingénierie démographique" qui est pilotée par la Turquie. Une situation qui n’est pas nouvelle et qui s’inscrit dans une stratégie à long terme de la Turquie. Une politique d’ingénierie démographique, qui prend source déjà à la fin du XIXe siècle, avec les premiers massacres protogénocidaires de 1894 et de 1896, le génocide de 1915 dont les victimes n’étaient pas qu’arméniennes, mais aussi assyro-chaldéennes, syriaques, yézidies, grecques, et on voit bien que ça continue encore. Ca a continué en 2012, 2013 lorsque les Turcs faisaient venir des Ouïghours dans des régions stratégiques tampon pour éviter qu’il y ait une liaison entre les Kurdes des deux côtés de la frontière syro-turque, ajoute le géopoliticien Tigrane Yégavian (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

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On ne peut que se réjouir de l’éviction de John Bolton :

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Sur EuroLibertés, le politologue Jérémy Silvares Jerónimo, à propos des soldats américains actifs de par le monde (et pas seulement en Syrie) écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Donald Trump avait critiqué les interventions américaines en Afghanistan et surtout en Irak, interventions qui avaient selon lui aggravé les problèmes de l’instabilité au Moyen-Orient, augmenté le terrorisme, tué des soldats américains et fait tâche sur l’image des USA dans le monde.

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Il avait affirmé que s’il était élu, il adopterait une position plus tournée vers le dialogue, et moins vers les interventions musclées. Et c’est ce qu’il a fait. John Bolton est tout le contraire de Donald Trump en matière de politique étrangère. Le président Trump peut à certains moments menacer, montrer la puissance américaine à travers des manœuvres militaires, mais il est avant tout un joueur de poker, cela fait partie du bluff, un bluff qui sert à avoir le dessus durant les discussions.

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John Bolton, lui, voit le monde en noir et blanc : soit vous êtes avec les USA, soit vous êtes bombardés pour vous remettre les idées en place. Selon les mots du journaliste conservateur Daniel R. Depetris, John Bolton "est tout ce que vous ne voulez pas comme conseiller en sécurité. Il est têtu comme un âne, trompeur comme un serpent, et dangereux comme un scorpion. Pourquoi vous humilier en négociant alors que vous pouvez simplement bombarder les installations nucléaires de l’Iran ou écraser le régime de Kim Jong Ung par la force".

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Heureusement, Donald Trump n’a pas suivi les volontés interventionnistes de John Bolton ni sur le dossier nord-coréen, ni sur le dossier vénézuélien, ni même sur le dossier iranien. Donald Trump est toujours aussi ferme avec l’Iran, son discours à l’ONU l’a démontré, mais jusqu’à présent il n’a pas encore déclaré la guerre. Les médias français crient à la victoire de la diplomatie "macronienne" suite à la volonté [concrètement mise en pratique] de Trump de rencontrer le président iranien pendant le G7 à Biarritz. Ne serait-ce pas plutôt l’administration Trump qui a bien compris que l’opinion publique américaine ne veut plus de guerres ?

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Cela pourrait annoncer un lent mais inexorable changement au sein de la politique américaine, marquée par le retour, après des décennies hors du pouvoir, des courants plus isolationnistes, qu’ils soient issus du conservatisme plus traditionnel ou du paléo-conservatisme, cependant que les néo-conservateurs, dont John Bolton a été l’un des plus puissants représentants, sont évincés peu à peu du pouvoir.

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Ce serait une bonne nouvelle pour l’Europe, surtout occidentale, car nous pourrions éviter des guerres inutiles au Moyen-Orient qui provoquent mort, désolation et des vagues de réfugiés vers nos pays. Ce serait aussi une bonne nouvelle pour les Américains, surtout pour les classes les plus pauvres, et les blancs "oubliés" qui ont voté Trump, car ce sont leurs fils qui vont lutter, pas les fils des hauts dirigeants néo-conservateurs, ni les bobos des grandes villes qui ont voté Hillary Clinton.

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Avec Donald Trump les USA sont en train de suivre une politique internationale plus raisonnable. Ce changement de cap, cette volonté de discuter avec les nations aux quatre coins du monde est une excellente nouvelle pour l’ordre international. Alors on ne peut que se réjouir de l’éviction de John Bolton, ajoute le politologue Jérémy Silvares Jerónimo, sur EuroLibertés (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

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[Note sur l'analyste portugais Jérémy Silvares Jerónimo : il est licencié en Sciences Politiques et Relations Internationales. Il a soutenu une Maitrise en sciences politiques en 2013 avec une thèse sur les nouvelles droites américaines].

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La confrontation militaire US ne doit pas être écartée d’office :

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A ce propos, l'analyste Évelyne Joslain affiche un point de vue différent et elle estime notamment : Bolton était le garant du maintien d’une Amérique superpuissante au service de la liberté et qu’il reste le plus fin connaisseur des puissances régionales qui rêvent de la remplacer à ce poste, ce qui serait la calamité finale pour nous, Européens, y compris pour ceux qui râlent contre la pseudo « hégémonie américaine » : Chine bien sûr, mais aussi, si l’on n’y veille pas, Russie, Turquie, Iran. Bolton était aussi le plus sûr garde-fou contre les entités internationales corrompues, com­me l’ONU ou l’UE.

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Et Bolton avait raison de s’opposer aux rencontres du président avec des dirigeants de la république islamique iranienne ou avec le chef des Talibans. Il est su et archivé que les Ayatollahs, Saddam Hussein et les Talibans ont tous donné asile à al-Qaïda après le 11 septembre et continuent d’entretenir des liens étroits avec cette organisation qui se trouve renforcée ironiquement avec l’éradication par Trump de son rival, l’État islamique.

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Pire effet d’optique, Trump a l’air de céder au petit coq français qui voulait lui forcer la main au G7. Refusant l’intrus et ministre des Affaires étrangères iranien, Trump avait sèchement répliqué, mais en privé, «qu’il ferait ses ouvertures lui-même en temps voulu». Alors pourquoi prêter si vite de la respectabilité à l’Iran en rencontrant Rouhani à l’ONU ?

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Heureusement, Trump garde son conseiller sur l’Iran, Mark Dubowitz, et quelques personnes nommées par Bolton près de lui. Avec les islamistes, Iran ou entités terroristes que l’Iran finance, Trump arrive aux limites de l’art de la négociation : les concessions consubstantielles à tout accord marchand ne sont tout simplement pas acceptables dans les questions de sécurité nationale et internationale. La confrontation militaire ne doit pas être écartée d’office, estime Évelyne Joslain.

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[Note sur l'analyste française Évelyne Joslain : elle est spécialiste des Etats-Unis et du mouvement conservateur américain. Diplômée d’études Nord-Américaines et professeur agrégée d'anglais, elle a consacré une thèse au magazine conservateur de référence National Review. Son dernier ouvrage : "Trump pour le meilleur et pour le pire"].

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Introduction et Adaptation de Michel Garroté pour LesObservateurs.ch, 22.10.2019

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Sources :

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http://www.leparisien.fr/international/syrie-ce-qu-implique-l-accord-entre-les-kurdes-et-l-armee-de-bachar-al-assad-16-10-2019-8174013.php

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https://www.francetvinfo.fr/monde/syrie/offensive-turque-en-syrie/cessez-le-feu-en-syrie-les-turcs-atteignent-leurs-objectifs-selon-un-specialiste-des-questions-militaires_3664661.html#xtor=AL-79-[article]-[connexe]

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https://fr.sputniknews.com/interviews/201910181042284721-en-syrie-aux-cotes-des-turcs-ce-sont-des-anciens-dal-qaida-de-daech/

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http://eurolibertes.com/politique/bye-bye-mr-john-bolton/

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https://www.les4verites.com/international/trump-cederait-il-aux-sirenes-de-lapaisement

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https://lesobservateurs.ch/2019/10/15/la-turquie-en-syrie-mensonges-verites/

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