Deux policiers franciliens soupçonnés de radicalisation islamiste auraient été désarmés

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Deux policiers soupçonnés de radicalisation musulmane auraient été désarmés en Ile-de-France, selon les informations du journal Le Parisien, qui évoque une «psychose» parmi les effectifs des forces de l'ordre. Après l'attaque islamiste qui a endeuillé la préfecture de police de Paris le 3 octobre, le préfet Didier Lallement a émis une note le 7 octobre qui invite les directeurs de service «à signaler immédiatement à [leur] hiérarchie les signes d'une possible radicalisation d'un agent».

Les signes cités sont notamment les suivants : «les changements vestimentaires et alimentaires, le refus de serrer la main du personnel féminin, un repli sur soi, le rejet de l'autorité.» Christophe Castaner a rappelé ces signaux devant les parlementaires à l'occasion d'une audition en commission des lois au Sénat : le port de la barbe, le refus de serrer la main à une femme, le prosélytisme, la fréquentation de personnes radicalisées ou le port du voile intégral en dehors du travail, pourraient être considérés comme autant de signes de radicalisation, «après analyse», précise-t-il.

Procéder à des enquêtes aléatoires, ne pas attendre sept ans pour faire des enquêtes à l'occasion d'un renouvellement d'habilitation au secret de la défense nationale

Le président Les Républicains de cette commission, Philippe Bas, n'a pas semblé convaincu par les solutions mises en place après l'attaque de Mickaël Harpon. A son sens, il faut «s'interroger sur le point de savoir si une sécurité qui reposerait principalement ou même seulement en partie sur des signalements est suffisante, compte tenu de la diversification des modes d'action des terroristes.»

Comment détecter les radicalisations ?

Et le sénateur de proposer «trois choses essentielles : ne pas s'en remettre uniquement aux collègues de travail pour faire des signalements et donc procéder à des enquêtes aléatoires, ne pas attendre sept ans pour faire des enquêtes à l'occasion d'un renouvellement d'habilitation au secret de la défense nationale [et] mettre en œuvre les dispositions de la loi sur la sécurité intérieure votée en novembre 2017 et qui permettent une procédure accélérée pour sanctionner des agissements qui relèvent de l'islamisme radical.»

Selon Le Parisien, la décision de désarmer les deux policiers franciliens relèverait du «principe de précaution» mais l'un des deux fonctionnaires concernés, un capitaine de 39 ans, aurait également été suspendu à titre provisoire. Ce dernier avait été affecté à la brigade d'exécution des décisions de justice au sein de la police judiciaire et aurait déjà fait l'objet d'une enquête par le passé, après avoir été signalé en 2011.

L'autre policier serait, selon cette même source, un gardien de la paix de 34 ans qui travaillerait au commissariat de Villeneuve-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine. Il n'aurait pour sa part pas été suspendu. Il s'agirait d'un converti à la religion musulmane, déjà révoqué de la police en 2018 pour avoir fait montre d'un comportement prosélyte et sectaire, il aurait notamment incité de jeunes subalternes coreligionnaires (des adjoints de sécurité) à faire leurs prières et aurait refusé tout contact avec les femmes. Il aurait par ailleurs croisé le chemin de l'auteur de l'attentat de Levallois-Perret commis en 2017...

Selon Le Parisien, le policier avait notamment prêté son arme et son badge police à un ami du terroriste islamiste le temps d'une photo. Entendu par l'IGPN, le policier avait plaidé «une bêtise»... Puis il avait donc été révoqué, mais cette décision aurait ensuite été annulée par le tribunal administratif début 2019.

«La police nationale a beaucoup recruté parmi les populations issues de l'immigration nord-africaine»

Contacté par RT France, un ancien policier ayant travaillé au renseignement pour la direction de la surveillance du territoire (DST) puis à la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a déploré la politique de recrutement au sein de la police nationale : «Le vrai problème, ce sont notamment les ADS [adjoints de sécurité], je suis désolé de devoir le dire, mais la police nationale a beaucoup recruté parmi les populations issues de l'immigration nord-africaine sur ces postes-là. Ces agents sont parfois trop proches des délinquants et je me suis moi-même déjà retrouvé nez-à-nez avec un ADS en pleine intervention pour interpeller un gros trafiquant de drogue nord-africain... Le problème c'est qu'il ne faisait pas du tout partie du dispositif ! Le trafiquant avait fui par le balcon d'un voisin, on tape donc à la porte de l'appartement d'à côté. L'occupant met longtemps avant d'ouvrir et quand il ouvre, je reconnais l'agent du commissariat était tout simplement voisin de palier du trafiquant (qu'on n'a d'ailleurs pas réussi à attraper ce jour-là). Il nous assure qu'il n'a rien vu rien entendu. Je reste persuadé qu'il l'a averti de notre arrivée et qu'il l'a aidé à fuir par son balcon, il faisait partie de la même communauté, je suis bien obligé de le dire !»

«Que ce soit dans les commissariats en région ou à la préfecture de police de Paris, le problème se répercute à tous les niveaux de la police nationale et même dans l'armée, si j'en crois mes anciennes connaissances dans ce milieu, que je rencontre de temps à autres.», ajoute-t-il.

A propos de l'affaire Harpon, cette même source confiait à RT France : «On a déjà eu des problèmes de ce type, notamment à Marseille. La cause, elle est simple : la politique de recrutement n'est pas bonne et on se retrouve dans ces services avec des profils qui n'auraient jamais dû s'y trouver.»

Interrogé par Le Parisien, le secrétaire général du syndicats des commissaires de la police nationale (SCPN), David Le Bars, a estimé que les fonctionnaires n'étaient pas suffisamment préparés pour repérer les Mickaël Harpon en puissance : «Le problème, c'est que personne n'a été formé aux signes de la radicalisation et on manque de connaissance sur l'islam. Il y a un risque de signalements intempestifs mais au moins on y verra plus clair. »

Un autre policier, qui fait partie des jurys oraux pour le recrutement des candidats (la phase finale du recrutement), a également confié à RT France que selon un rythme «cyclique», intervenaient des «périodes de fortes embauches» au cours desquelles «certains jurys» pouvaient éventuellement se montrer «moins regardants» sur les profils des aspirants policiers. Surtout le policier souligne que le jury n'a que «20 minutes» d'entretien pour se prononcer et repérer un candidat qui serait animé de mauvaises intentions.

Antoine Boitel

Lire aussi : Vigilance ou délation ? Des policiers déplorent la communication présidentielle après l'attaque

 

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