Jacques Chirac – l’homme aux cohabitations – est mort

Michel Garroté
Politologue, blogueur

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Jacques Chirac - l'homme aux cohabitations - est mort

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Michel Garroté  --  Je m'associe volontiers à l'essayiste Aristide Leucate lorsqu'il écrit qu'au risque de passer pour le cousin mal dégrossi - habitant la campagne profonde, débarquant avec ses croquenots crottés dans un salon XVIIIe avec parquet en marqueterie, tapisseries chamarrées et lustres en cristal - faisons choir, sans tarder, ce monument d’intense tartufferie qui consiste à dire tout le bien, avéré ou reconstruit, que l’on pense d’une personne, une fois celle-ci montée dans le train roulant à toute vitesse vers saint Pierre.

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Merci à Aristide Leucate et à son style plein d'humour, car, en effet, les louanges franco-françaises - ridicules et hypocrites  - formulées en Macronie par toutes et tous à l'égard de Chirac post-mortem m'ont franchement agacé.

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A noter que de son côté, l'historien français Edouard Husson rappelle avec justesse le rôle de Jacques Chirac qui fut essentiel dans le déclin de la fonction présidentielle : il a fait battre le candidat naturel des gaullistes en 1974 ; puis il a fait battre le candidat de droite sortant en 1981 ; puis il est entré en cohabitation avec François Mitterrand en 1986. Il a lui-même pratiqué une cohabitation de cinq ans entre 1997 et 2002.

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Pour ma part, Chirac fut avant tout l'homme aux inconstances, aux trahisons (sur lesquelles je ne reviendrai pas ici) et l'homme aux cohabitations (évoquées ci-dessus par Edouard Husson et que je résume ci-dessous).

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Jacques Chirac, l'homme aux cohabitations :

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La première cohabitation a eu lieu de mars 1986 à mai 1988 : alors que François Mitterrand est président de la République depuis 1981, les élections législatives de mars 1986 portent à l'Assemblée nationale une majorité de droite. François Mitterrand nomme Jacques Chirac (président du RPR) Premier ministre.

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En cette année 1986, les élections législatives, au scrutin proportionnel, font entrer 35 députés Front National à l'Assemblée nationale. Charles Pasqua, à l'époque Ministre de l'Intérieur, change le mode de scrutin. Et le FN saura alors que ce changement de mode de scrutin signe sa disparition de l'Assemblée nationale. Merci à Mitterrand, Chirac, Pasqua et vive la démocratie...

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Dans ses mémoires, Charles Pasqua évoque les résultats obtenus : "S'agissant de cette loi électorale en particulier, du remodelage qu'elle organisait, je dirais qu'elle garantissait, en conditions normales de scrutin, un tiers des sièges à la droite, avec un petit avantage au RPR, un tiers à la gauche, l'attribution du dernier tiers résultant de la glorieuse incertitude du vote. Profitant de cette incertitude, la gauche retrouvera, deux ans plus tard, la majorité, certes relative, à l'Assemblée nationale.

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La deuxième cohabitation eut lieu de mars 1993 à mai 1995. Elle fit suite aux élections législatives des 21 et 28 mars 1993, qui inversaient la majorité politique à l'Assemblée nationale, la droite détenant 472 sièges sur 577. Elle se caractérisera par trois personnalités : le président de la République, François Mitterrand ; le Premier ministre, Édouard Balladur ; et l'homme de l'ombre, Jacques Chirac (loin de renoncer à la politique). Elle sera surnommée « la cohabitation de velours » en raison des relations courtoises entre les deux têtes de l'exécutif.

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La troisième cohabitation s'étend de 1997 à 2002, durant la XIe législature de la Cinquième République française. Elle débute à peine deux ans après le début du septennat présidentiel de Jacques Chirac, élu en 1995 et se poursuit jusqu'à la fin du mandat présidentiel. Elle se déroule dans un contexte politique qui diffère de celui des deux premières.

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En premier lieu, cette troisième cohabitation n'était pas attendue – donc pas préparée par les principaux acteurs, à l'inverse des précédentes – car elle est la conséquence d'une dissolution surprise de l'Assemblée nationale par le président de droite, un an avant l'échéance législative initialement prévue en 1998. Les élections législatives de 1997 amènent une majorité de partis d'opposition de gauche qui forment ensemble une coalition parlementaire dénommée "gauche plurielle". C'est Lionel Jospin qui devient Premier ministre durant cette cohabitation de cinq ans.

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Rappelons qu'en 2002, Chirac refuse de débattre avec Jean-Marie Le Pen sous les prétextes habituels, dans le genre "on ne débat pas face à l'intolérance et à la haine" etc. En effet, pour la première fois depuis 1974, il n'y a pas eu de débat télévisé entre les deux candidats avant le second tour des élections présidentielles de 2002. Merci à Chirac, et, à nouveau, vive la démocratie...

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Michel Garroté pour LesObservateurs.ch, 28.9.2019

Un commentaire

  1. Posté par Alberto Da Giussano le

    [Scritto a Milano – Italia settentrionale]

    Pour m’être intimement et totalement impliqué dans la vie politique de ma seconde (du côté maternel) Nation charnelle pendant 40 années (ce que j’ai chèrement payé … avant de l’avoir à présent fuit tellement elle m’a désespéré) je connais en détail ce que fût la carrière de ce Chirac et j’affirme ici qu’il fût le plus nocif et destructeur de tous les ‘’Présidents’’ de leur ‘’République’’ !

    Derrière un tel acharnement à détruire, spirituellement et biologiquement, la fille aînée de l’ Église et une telle cohérence dans sa réalisation par des moyens masqués autant que diaboliquement ciblés et mortifères … Je ne peux qu’y voir de manière évidente ‘’la main du Malin’’ dont il a été le plus servile et visible des relais ici-bas !

    D’ailleurs dès ses débuts il a littéralement été ‘’habité’’ par ‘’sa’’ mission … et l’a commencé très, très, très fort en assénant d’entré un premier coup mortel à la France :

    Décret du 29 avril 1976

    « Le regroupement familial fut rendu légal, et institutionnalisé, par le président Valéry Giscard d’Estaing, son premier ministre Jacques Chirac et le ministre du Travail Michel Durafour
    Le texte veut, pour des raisons humanitaires, rapprocher les familles séparées des deux côtés de la Méditerranée. Il est également soutenu par un certain nombre de chefs d’entreprises français qui souhaitent comme Francis Bouygues, dont le personnel est constitué alors de 80 % d’immigrés, une « intégration » des travailleurs algériens et marocains avec leurs familles.
    Conséquence immédiate : des centaines de milliers de femmes et d’enfants quittent l’Afrique du Nord pour s’installer en France. La nouvelle mesure se révèle rapidement comme une catastrophe administrative. Les services sociaux et administratifs sont débordés, la construction des HLM est insuffisante, des bidonvilles se créent. Raymond Barre, nouveau Premier ministre, se rendant compte des difficultés rencontrées par les services administratifs et opposé à l’immigration qu’il perçoit comme un obstacle à la modernisation de l’appareil productif, suspend par décret (1976) le regroupement familial, mais le décret est déclaré illégal par le Conseil d’État. »

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Regroupement_familial

    Juste préciser trois choses, dont une est anecdotique et deux sont centrales :

    1- Pour l’anecdote ; ce Michel Durafour, dont personne ne se serait souvenu autrement vu sa totale insignifiance et son infini veulerie et médiocrité, devait en rajouter dans l’ignominie en lançant un appel public à « exterminer le Front national » pour donner suite à cette loi qui actait la mise à mort lente (de moins en moins aujourd’hui) du peuple français de souche.

    2- Valéry Giscard d’Estaing, son premier ministre Jacques Chirac et leur servile ministricule Michel Durafour n’étaient en fait que des guignols totalement sous influence d’un certain lobby et dans cette affaire de ‘’ Décret du 29 avril 1976’’ il est tout à fait connu que c’est pour ne pas déplaire à une certaine SIMONE VEIL (qui en faisait un caca nerveux par jour et en aurait fait, si trop différé, une crise d’hystérie meurtrière –pour leurs carrières-) qu’ils firent voter ce décret alors qu’ils en avaient compris l’ampleur des conséquences à venir …

    3 – La même année la toute puissante SIMONE VEIL fit voter SA loi légalisant l’avortement des femmes autochtones et / ou Chrétiennes … avec le soutiens total de VGE et de Chirac.

    La suite de sa carrière fût une sorte de crescendo dans la réalisation de l’avilissement et de la destruction de l’âme et du corps de la France.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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