Refus d’accréditation d’un journaliste par le RN : l’indignation à géométrie variable des médias

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La question de la liberté de la presse est décidément brûlante ces derniers mois en France. Dernier épisode en date, le Rassemblement national (RN) a retiré – avant de se raviser le 14 septembre – son accréditation à un journaliste de Libération pour couvrir son université d'été à Fréjus (Var). 

Selon le journaliste en question, Tristan Berteloot, le RN lui avait retiré son accréditation en raison de son article sur le maire de Fréjus, par ailleurs membre du bureau exécutif du RN, titré : «David Rachline, du petit chose au grand fayot». Une version par ailleurs confirmée par le RN, dont le service de presse s'était fendu auprès de l'AFP d'un laconique «lisez l'article» pour justifier sa décision.

Mais, comme cela avait déjà été le cas au second tour de la présidentielle en 2017, lorsque le RN avait pris une décision similaire, le parti nationaliste a fait face à une levée de bouclier de la profession, plusieurs journalistes s'empressant de dénoncer sur Twitter une «atteinte grave à la liberté de la presse». «Le RN comme le FN continue à avoir un problème avec la liberté de la presse», a abondé Paul Quinio, le directeur délégué de la rédaction de Libération. Face à la solidarité manifeste de la profession, le service de presse du RN a donc finalement fait savoir qu'il revenait sur sa décision, et allait permettre à Tristan Berteloot de couvrir son université d'été.

Indignation sélective

Si l'on ne peut que se féliciter de voir les journalistes prompts à défendre leurs confrères qui ne peuvent exercer librement leur profession, une question demeure : pourquoi n'y a-t-il eu aucune réaction quand La République en marche puis l'Elysée ont pris des décisions identiques à celle du RN, en refusant d'accréditer les journalistes de RT France ? Les atteintes à la liberté de la presse, quand elles viennent du parti présidentiel ou de l'exécutif lui-même sont-elles moins grave aux yeux de nos confrères ?

La liste des exemples en ce sens est pourtant longue depuis deux ans. Elle a commencé dès la campagne présidentielle de 2017, lorsque les équipes d'En Marche! avaient accusé RT de diffuser des «fake news», sans apporter le commencement d'une preuve à ces graves allégations. Quelques jours plus tard, et malgré de multiples demandes d’accréditation restées sans réponse, les journalistes de RT n'avaient pas pu se rendre au QG du candidat Macron pour y couvrir la soirée électorale du second tour. Après l'élection d'Emmanuel Macron, les journalistes de RT France ont essuyé des refus similaires, sans obtenir d'explication claire justifiant ce traitement. En mai 2018, par exemple, un journaliste de RT France s'est vu priver d'accès à l'Elysée par un gendarme, sur consigne expresse de la présidence et malgré présentation de sa carte de presse. Et aucun changement ne semble à l'horizon, en atteste le refus de laisser notre journaliste couvrir la soirée électorale des européennes au QG de Renaissance, le 26 mai dernier.

Si ces agissements n'émeuvent pas outre mesure nos confrères, ils placent pourtant l'exécutif dans une situation difficilement tenable. En visite en Russie le 9 septembre, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a eu toutes les peines du monde à justifier les entraves que place le gouvernement sur le chemin des journalistes de RT France. «Je pense que les journalistes de RT exercent en France en toute liberté, ils n'ont pas accès à un certain nombre de lieux en raison d'une vision du Conseil supérieur de l'audiovisuel [CSA] qui avait cité certains manquements [de RT France] à l'information», a-t-il déclaré, se réfugiant derrière une mise en demeure de l'autorité française de régulation de l'audiovisuel, le 28 juin 2018.

Outre le fait que cette dernière ne concernait qu'une erreur purement technique, ou que les mises en demeure du CSA envers les autres médias n'ont jamais impacté le travail de leurs journalistes, Jean-Yves Le Drian oublie que les refus d'accréditation de RT France précèdent ce rappel à l'ordre du gendarme de l'audiovisuel. Il ne serait donc être tenu pour responsable.

Rappelons-le, les journaliste de RT France disposent d'une carte de presse et sont, quoi qu'en dise le gouvernement, des journalistes qui ne cherchent qu'à exercer leur profession. Et ce, même si confrères font semblant de ne pas le voir.

Auteur: RT France

Lire aussi : Discriminations envers RT France : pour Lavrov, Paris ne respecte pas ses engagements internationaux

 

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Un commentaire

  1. Posté par Antoine le

     »pourquoi n’y a-t-il eu aucune réaction quand La République en marche puis l’Elysée ont pris des décisions identiques à celle du RN, en refusant d’accréditer les journalistes de RT France ? »
    – 10 milliardaires et M. Micron impose leur liberté de la presse !
    Qu’une dizaine parmi ceux-ci, Bouygues, Xavier Niel, Dassault, Bernard Arnault, Bolloré, feu-Pierre Bergé, Patrick Drahi, François Pinault, Matthieu Pigasse et Lagardère détiennent la quasi-totalité des médias devrait quand même éveiller les soupçons des plus placides de nos contemporains. En effet, selon l’adage connu, « qui tient la presse tient l’opinion »
    https://lesobservateurs.ch/2019/09/12/quand-dix-milliardaires-detiennent-et-controlent-les-medias-francais/

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