De notre correspondant permanent aux Etats-Unis. – Pour la fête du travail, qui tombe traditionnellement aux Etats-Unis, depuis 1887, le premier lundi de septembre, le ministère du même nom publie quelques chiffres reflétant l’état de la force productive du pays. Pour la troisième fois consécutive, ils sont flatteurs pour le pouvoir. La foire à l’emploi se trouve ratatinée comme une peau de chagrin : 157 millions d’Américains sont occupés par une activité professionnelle rémunérée, ce qui situe le taux de chômage à 3,7 %. Il faut remonter aux premières années de la présidence de Richard Nixon – autre républicain – pour retrouver un pourcentage de marginaux aussi bas. Ce n’est pas tout. Ce taux de chômage que doit envier plus d’un pays européen s’est offert le luxe de rester inchangé durant dix-sept mois d’affilée. Et ce n’est pas fini. Un record à l’intérieur d’un record.
Le ministère du Travail prend soin d’accompagner ces données percutantes d’autres chiffres que Bill Clinton et Barack Obama auraient bien voulu mentionner dans leurs bilans respectifs. Les salaires ont augmenté de 3 % au cours des douze derniers mois. Les jeunes (moins de 35 ans) se trouvent être, avec un exceptionnel + 7,6 %, les grands bénéficiaires de cette hausse. Le revenu moyen annuel par foyer a augmenté d’environ 7 000 dollars depuis 2017. Depuis l’entrée en fonction de Donald Trump, plus de six millions d’emplois ont été créés. Là encore, il faut remonter à un autre républicain (Ronald Reagan) pour retrouver un événement semblable. Une étude récente montre que 54 % – en hausse de 3 % depuis 2018 – des cols bleus (ouvriers, techniciens…) et des cols blancs (cadres sup, ingénieurs…) sont satisfaits de leur travail. Enfin, la réindustrialisation du pays semble aller bon train puisque les manufactures ont promis d’assurer la formation de 1,2 million de jeunes aux nouvelles techniques.
Le social bascule à droite
Trump s’est félicité de ce tableau en lançant un vibrant cocorico doublé d’un clin d’œil électoral. « Les travailleurs américains, a-t-il tweeté, constituent la plus grande force de travail du monde. Ils sont devenus le cœur et l’âme de la renaissance économique américaine. » Constatant qu’il y avait actuellement davantage d’emplois que de demandeurs d’emploi, le président a ajouté : « Depuis mon premier jour à la Maison-Blanche, j’ai toujours été fidèle à ma promesse : j’ai toujours placé le travailleur américain en tête de mes préoccupations. » En 2016, il fut élu par ces cols bleus et ces cols blancs qu’avaient négligés ses prédécesseurs républicains, notamment les lamentables perdants John McCain et Mitt Romney. Si Trump est réélu en 2020, ce sera grâce à la base de ces mêmes cols bleus et cols blancs qui ne se sera pas effritée. Le social bascule à droite. Le social, pas le socialisme. Et pas n’importe quelle droite – la vraie. Ce qui fait enrager la gauche. Surtout en ces temps de fête du travail. L’un de ses plus ardents défenseurs fut le président Franklin Roosevelt. Un socialiste à l’ancienne mode qui conservait son sang-froid. Il s’affichait favorable aux syndicats, à la grève, mais dans le privé, pas dans le secteur public où il la jugeait « impensable, inadmissible ». Roosevelt en 2020 ? Pour nos radicaux, une icône à renverser. •
Cet article Nouveau record : 157 millions d’Américains au travail est apparu en premier sur Présent.
Extrait de: Source et auteur
Et vous, qu'en pensez vous ?