Consécrations d’évêques en Chine – Bonne nouvelle ou duperie du régime communiste ?

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Après la désignation « par mandat pontifical » le 26 août dernier de Mgr Antonio Yao Shun à la tête du diocèse de Jining-Wulanchabu (Mongolie intérieure), c’est cette fois-ci Mgr Stefano Xu Hongwei, originaire de la province du Shaanxi, au nord-ouest du pays, qui a été consacré mercredi évêque coadjuteur de Hanzhong. Deux ordinations qui, s’est félicité Matteo Bruni, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, sont les premières à s’être déroulées « dans le cadre de l’accord provisoire entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine, signé à Pékin le 22 septembre 2018 ». Un accord, rappelons-le, vivement contesté par nombre d’évêques et de religieux de l’Eglise souterraine chinoise qui le considèrent, non sans raison, comme une « capitulation » de Rome face aux autorités communistes.

Deux évêques issus de l’Eglise officielle chinoise

Célébrées dans « une atmosphère solennelle », ces deux consécrations sont aujourd’hui perçues par Rome comme « une avancée significative » dans les relations entre le Saint-Siège et le gouvernement communiste de Pékin, et comme le « fruit d’un rapprochement graduel et réciproque ». Mais on notera tout de même que Mgr Antonio Yao Shun, ancien étudiant au séminaire national de Pékin, ordonné prêtre en 1991, a participé à de nombreuses commissions liturgiques dépendant de la Patriotic Association and Council of Chinese Bishops (PACCB), entièrement sous contrôle des autorités communistes, dont il était même le vice-président depuis 2004. Quant à Mgr Stefano Xu Hongwei, ordonné prêtre en 2002, membre lui aussi de la PACCB depuis décembre 2015, il a fait partie à deux reprises (2012 puis 2017) de la Chinese People’s Political Consultative Conference (CPPCC), sous contrôle du PC chinois, pour le district de Ren Hantai. Autant dire que ces deux nouveaux évêques sont loin d’être issus de l’Eglise souterraine chinoise…

Un accord qui pourrait conduire à « l’anéantissement de la vraie Eglise »

Par ailleurs, ce « rapprochement graduel et réciproque » ne saurait nous faire oublier que l’Etat communiste chinois est aujourd’hui le plus grand persécuteur de chrétiens au monde (voir Présent du 23 août), ou encore que de très nombreux membres de l’Eglise souterraine chinoise, ou proche de celle-ci, n’ont cessé d’alerter le Saint-Siège sur le danger que peut représenter l’accord qu’il a signé l’an dernier avec des autorités communistes dont la malhonnêteté, le cynisme et le caractère criminel ne sont plus à démontrer. On se souvient notamment des très nombreuses mises en garde prononcées par le cardinal Joseph Zen, l’ancien archevêque de Hong-Kong, qui, après la signature de cet accord censé réduire la fracture entre l’Eglise dite « patriotique », entièrement contrôlée par le gouvernement communiste, et l’Eglise souterraine, expliquait qu’il pourrait bien conduire à « l’anéantissement de la vraie Eglise » en Chine. Courageux et indomptable opposant au pouvoir pékinois, le cardinal Zen, convaincu que le pape François « ne connaît pas la situation de l’Eglise de Chine et la nature du régime chinois », avait même adressé en novembre dernier une lettre au Saint-Père pour lui demander de « mettre un terme au dialogue avec Pékin ». •

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