Les anti-Trump ne sont pas crédibles

 

Par Fabio Rafael Fiallo.

Rien ne me prédestinait à prendre la plume pour railler les anti-trumpistes. N’étant pas citoyen américain ni résidant aux États-Unis, mon intention première fut de rester en marge du tournoi en cours, initié lors de la campagne électorale de 2016, entre l’establishment politique et Donald Trump, sans prendre position. Un peu, si on veut, comme si je regardais un match de base-ball ou de football américain avec intérêt mais sans équipe à soutenir.

Pour tout dire, j’avais au départ un certain préjugé : il allait contre Trump. Son style ne me paraissait pas approprié pour un chef d’État : conflictuel, inélégant et soumis facilement à des dérapages. Qui plus est, les lignes principales de sa politique extérieure me semblaient floues et contradictoires, et je le fis savoir dans un article publié au début de son mandat.

Ma prédisposition du départ a cependant été secouée à maintes reprises par les incohérences proférées par des figures politiques, des analystes et des membres des grandes chaînes d’information contre l’actuel président des États-Unis.

« Le pire président que les États-Unis n’ont jamais eu »

Je me rappelle encore le moment où mon dédain pour les anti-trumpistes commença à prendre forme. Ce fut en février 2018, lisant le résultat d’un sondage mené auprès de soi-disant experts en politique.

Pareille conclusion était de nature à déclencher les alarmes. Comme j’eus l’occasion de demander dans un article publié après le sondage en question : « Qu’avait fait le président Trump de si terrible, de quels échecs politiques était-il responsable, quelle récession économique avait-il provoquée, quelles guerres avait-il menées à la défaite, pour mériter une si déshonorante appellation ? »

Le penchant idéologique des « experts » choisis pour le sondage y était sans doute pour quelque chose dans la sévérité de leur conclusion : 57 % des analystes interrogés déclarèrent se sentir proches du Parti démocrate, alors que 13 % seulement s’inclinaient en faveur des Républicains. Ces préférences avouées ne pouvaient à elles seules expliquer pareille conclusion : des préjugés irrationnels, impropres de la part de politologues, ont dû jouer un rôle non négligeable.

Sous-estimer l’habileté politique de Donald Trump est devenu une attitude courante dans les milieux journalistiques et académiques des États-Unis et d’ailleurs. Tant et si bien que le journaliste du Financial Times Janan Ganesh (qui n’est pas, loin s’en faut, un admirateur de l’actuel président des États-Unis) opta pour critiquer une telle attitude dans un article dont le titre en dévoile clairement la teneur : « L’inattendue efficacité de Donald Trump ».

« Trump à la solde de Poutine »

Bien avant la parution de l’enquête menée par le procureur spécial Robert Mueller – sur une éventuelle collusion entre l’équipe de campagne de Donald Trump et la Russie de Vladimir Poutine –, les anti-trumpistes auraient dû être moins sûrs qu’ils ne l’étaient, ou qu’ils ne prétendaient être, de l’existence de cette collusion. Car bien des mesures adoptées par Donald Trump allaient à l’encontre de la Russie – ce que (comme le signala Ted Galen Carpenter dans un papier publié dans la revue The National Interest) Trump aurait difficilement pu faire si, comme les anti-trumpistes martelaient, Poutine le tenait par la barbichette à cause de la supposée collusion.

Or, malgré la conclusion du rapport Mueller – qui affirma n’avoir pas trouvé de preuves permettant d’établir d’une façon certaine la prétendue complicité –, on trouve encore des élus démocrates (Alan SchiffRaja Krishnamoorthi), ainsi que des journalistes, prêts à continuer à soutenir la thèse d’un arrangement entre la Russie de Poutine et l’équipe de campagne de Donald Trump.

« Trump : l’ami des dictateurs »

L’un des arguments favoris des anti-trumpistes consiste à soutenir que l’actuel président des États-Unis représente une menace pour la démocratie et les valeurs qu’incarne ce pays. Pour preuve, prétendent-ils, la disposition de Trump à « cajoler » les dictateurs de ce monde – notamment Xi Jinping, Vladimir Poutine et, bien sûr, Kim Jong-un.

Un tel réquisitoire passe outre un fait mis en relief, entre autres, par l’analyste politique Marc Thiessen dans le Washington Post, à savoir : dans la pratique, Trump se montre plus hostile envers ces régimes que ne le fit l’ancien président Obama.

Rien d’étonnant, donc, à ce que la dissidence cubaine et les Américains d’origine cubaine, de même que les Vénézuéliens qui subissent la répression chaviste, ne se privent pas de louer la fermeté du président Trump à l’égard des régimes qui sèment la désolation dans leurs pays respectifs.

Qui plus est, les Ouïgours confinés dans des camps de rééducation ont reçu davantage de soutien de la part du président des États-Unis que des autres grandes démocraties, et même que des gouvernements de pays à majorité ou à forte composante musulmane (Turquie, Pakistan, Iran, Égypte et les autres) – comme le souligne, preuves à l’appui, Azeem Ibrahim, directeur au Center for Global Policy, un think-tank basé à Washington.

Cela a mené l’analyste politique Walter Russell Mead à conclure que « même sous la présidence de ‘l’Amérique d’abord’ (consigne électorale de Trump), les valeurs universelles jouent un rôle dans la politique extérieure » des États-Unis.

Entre-temps, David Ignatius, dans les colonnes du Washington Post, exhorte les candidats démocrates à la présidence à durcir le ton vis-à-vis de l’Iran (« au lieu de chercher uniquement à restaurer l’accord nucléaire de 2015 »)mais ceux-ci ne semblent pas prêter attention à ce genre d’invitation.

La comédie des anti-trumpistes dans le domaine économique

La crédibilité des anti-trumpistes en a pris un sacré coup sur le terrain de l’économie. Là, ils ont monté une comédie de pacotille en plusieurs actes.

Acte un. Lors de la campagne électorale de 2016, Larry Summers, l’un des économistes résolument anti-trumpistes, prédit que s’il était élu Donald Trump provoquerait en 18 mois une récession au niveau de l’économie mondiale. Puis, lorsque, une fois élu, Trump fit adopter ses premières mesures de relance de l’offre (diminution des impôts et déréglementation), Nancy Pelosi, figure-clé du Parti démocrate à la chambre des représentants des États-Unis, annonça qu’une telle loi serait « la fin du monde » et amènerait rien de moins que l’« apocalypse ».

Acte deux. Contrairement aux sombres prédictions de Summers et de Pelosi, l’économie américaine se met à croître plus rapidement sous Trump que sur Obama. Entre alors en scène Barack Obama en personne pour affirmer qu’une telle performance est atteinte grâce, non pas aux mesures introduites par Trump, mais aux politiques que lui, Obama, avait instituées.

Là, il y a de quoi rire. Car tout au long de la présidence d’Obama, les Démocrates et les experts de leur bord n’avaient cessé d’affirmer que la croissance molle enregistrée à cette époque était due à une soi-disant défaillance structurelle (difficile ou impossible à surmonter) de l’économie — c’était la fameuse « stagnation séculaire ». Or, quand la croissance s’accélère suite aux politiques de l’offre (baisse d’impôts et dérèglementation) de l’actuel président des États-Unis, portant un coup de grâce à la théorie de la stagnation séculaire, les anti-trumpistes, menés par Barack Obama en personne, se refusent à y voir l’efficacité des mesures introduites par Trump.

Acte trois. L’économie continue à faire montre d’une santé insolente. Le chômage se trouve au niveau le plus bas en 50 ans. Les anti-trumpistes y reconnaissent-ils enfin le résultat positif des politiques de l’actuel président des États-Unis ? Que dalle. Ils s’insurgent alors contre les effets à leur avis pernicieux de ces politiques sur les inégalités sociales.

Pour les anti-trumpistes, peu importe si, comme l’ont fait remarquer aussi bien le Wall Street Journal que The Economist, les conditions de vie s’améliorent pour les couches à bas revenus aux États-Unis. Peu importe si les salaires augmentent au rythme le plus élevé depuis 2009. Peu importe également si ces hausses des revenus sont supérieures aux attentes et ont encore été revues à la hausse. Peu importe, enfin, si le chômage chez les Afro-américains et les hispaniques se situe à des niveaux historiquement bas. Rien de cela ne compte pour les anti-trumpistes.

Qu’on se le dise : à cette reprise économique viendra tôt ou tard succéder, comme à l’accoutumée, un ralentissement de l’économie mondiale. Déjà la Chine et l’Allemagne commencent à donner des signes dans ce sens. Il n’empêche que, pour le moment, des institutions indépendantes chargées de présenter des prévisions économiques (le Conference Board des États-Unis ainsi que le Fonds monétaire international) ne prévoient pas une récession économique dans les mois à venir. Il n’empêche, aussi, que l’équipe de Trump s’attèle déjà à parer à cette éventualité.

Quoi qu’il en soit, pour les démocrates, la récession devient une bouée de sauvetage qu’ils rêvent de voir arriver avant les élections présidentielles de novembre 2020.

Pour se rendre crédibles, les anti-trumpistes ont du pain sur la planche. Entretemps, leurs incohérences sont une mine d’or pour ceux qui, comme l’auteur de cette tribune, sont à l’affût de sujets d’actualité sur lesquels se pencher, écrire – et railler.

 

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