« Corrompu » : le nouveau synonyme de « hétérosexuel »

 

Par Raoul Weiss.

Europe – Petri Tuomi-Nikula, ancien ambassadeur à Budapest d’un pays (la Finlande) où la plupart des enfants naissent aujourd’hui dans des « familles monoparentales » sans connaître l’identité de leur père (qui n’aurait jamais pris le risque de les procréer hors-anonymat, c’est-à-dire d’entrer volontairement au goulag connu sous le nom de « vie de couple scandinave »), vient de déclarer que « la Hongrie est l’un des pays les plus corrompus de l’Union ».

On devrait presque s’en réjouir, attendu le fait que, dans le newspeak des élites occidentales, « corrompu » devient, de plus en plus souvent, un synonyme d’« hétérosexuel ».

Mais un détail a pu échapper à l’attention de beaucoup d’observateur étrangers, et même hongrois. Cette déclaration fort peu protocolaire se voulait « une réponse du berger à la bergère » après les commentaires (fermes, mais prudents) de Viktor Orbán, dans la récente édition 2019 de son discours de Tusnádfürdő (que je n’ai pas pu couvrir sur place cette année, étant interdit de territoire par la junte au pouvoir à Bucarest) sur l’interprétation finlandaise – tellement sui generis – de l’État de droit. Ce pays sans cour constitutionnelle, à l’histoire démocratique bien plus courte que celle de la Hongrie, et où les nominations politiques dans la presse de service public sont monnaie courante, s’était en effet permis de commenter l’état des institutions hongroises. Or l’ancien ambassadeur Petri Tuomi-Nikula n’a en réalité pas répondu à Viktor Orbán – ce qui n’aurait d’ailleurs pas été aisé (il aurait fallu inventer l’existence d’une cour suprême, d’un conseil de l’audiovisuel politiquement neutre, etc.). Ou plutôt, il a bel et bien répondu, mais selon une logique tellement choquante qu’il serait lui-même bien en mal de l’expliciter.

Or cette logique n’est autre que celle de l’Occident depuis qu’il s’est transformé en empire du bien : la logique du consensus libéral bruxellois et de ses alliés socio-culturels des bourgeoisies urbaines compradores de « l’Union élargie ».

C’est cette même logique qui, acceptée par la presse hongroise de Transylvanie (massivement collaborationniste, et probablement infiltrée par l’État profond roumain), s’est frayé un chemin jusque dans le discours public hongrois, sous la forme de l’énorme fake news créée la semaine dernière par le président « roumain » Johannis : la criminalité (dont l’existence en Roumanie, quoique modeste par rapport à la moyenne européenne, a récemment été rappelée à l’attention des masses par les sinistres exploits d’un tueur en série) aurait été favorisée par les amendements législatifs apportés au printemps, par le gouvernement PSD-ALDE de l’ère Dragnea, à la législation pénale. Alors même que les aspects liberticides de ladite législation qui avaient alors été amendés ne concernaient pas les crimes de sang !

Là aussi, les motivations immédiates du mensonge sont claires. Dans une Roumanie marquée par le recul du religieux, on découvrait au passage que la nécrophagie politico-médiatique gagne du terrain : à peu près toutes les chapelles politiques du pays ont cru bon d’instrumentaliser le drame de Caracal à leur profit. À commencer par les partisans – Johannis en tête – de « l’État parallèle » roumain (de ces « services » – qui ne servent qu’eux-mêmes – abusivement dits « secrets ») : bien que disposant du personnel le plus pléthorique d’Europe, la néo-Securitate ne serait pas en mesure de localiser la source d’un appel au 112 assez rapidement pour empêcher un meurtre sadique. Conclusion ? Il faut augmenter les pouvoirs de la Securitate, bien entendu. Quand le bolchévisme ou le libéralisme ont l’air de ne pas fonctionner : augmenter les doses ! Et les coryphées de l’État parallèle de demander, toute honte bue, le rétablissement de ces protocoles secrets (!) entre Service Roumain d’Information et institutions judiciaires, policières et médiatiques (!), que la coalition de Liviu Dragnea, avant l’élimination politique de ce dernier, avait fait abroger !

Sur le premier point, le gouvernement PSD-ALDE post-Dragnea de Viorica Dăncilă, qui transforme peu à peu l’agenouillement en discipline olympique, a d’ailleurs d’ores et déjà cédé au chantage : dans son nouveau projet de budget, le Service Roumain d’Informations (comprendre : la police politique) voit sa part augmenter de 84 millions d’euros, s’ajoutant au plus gros budget « de sécurité » de l’UE, pendant que celle de l’Éducation Nationale (dont madame le ministre vient tout juste d’être remerciée pour avoir osé la remarque que les parents devraient éduquer leurs enfants) est diminuée de 218 millions d’euros.

Figure de proue dudit État parallèle, auquel il doit probablement sa carrière toute entière, le président Klaus Iohannis s’est chargé de fournir à ce message liberticide une formulation politique de son cru, en dénonçant « l’incompétence et la corruption ». En dépit de l’opportunisme indécent de la démarche, on ne peut que reconnaître à ses propos une certaine cohérence idéologique – celle du camp « antipopuliste » d’Europe centrale, incarné en Pologne par Donald Tusk, en Tchéquie par Mirek Topolánek, en Hongrie par Ferenc Gyurcsány et András Fekete-Győr, etc.. Pour les idéologues de ce camp – et bien sûr leurs parrains occidentaux comme M. Tuomi-Nikula – les maux de leurs pays ne proviennent pas de l’importation d’idéologies délétères comme le bolchévisme, le néo-libéralisme, le transhumanisme LGBT, etc.. Ils n’ont rien à voir, non plus, avec l’énorme ponction financière et humaine que l’Occident des multinationales pratique sur cette périphérie juste bonne à prélever de la main d’œuvre et à écouler des produits bas-de-gamme. Ils sont tout simplement d’origine raciale.

Sans jamais oser le dire clairement (pour des raisons de politiquement correct post-1945), ils considèrent que les habitants du bassin électoral du PiS en Pologne orientale, les hongrois de la province FIDESZ, les roumains des petites villes acquises au PSD de Liviu Dragnea sont, tout simplement, des sous-hommes, qui, faute de pouvoir rêver du niveau de « compétence » qui caractérise leurs cousins occidentalisés de Cluj, de Gdansk ou du centre de Budapest et de Prague, se réfugient dans la « corruption » – c’est-à-dire : volent des emplois, des ressources, etc. (du Lebensraum) aux Übermenschen végétariens et métrosexuels desdits centres.

Du coup, on comprend mieux ce que M. Tuomi-Nikula voulait dire : certes, la Finlande dispose de moins de garde-fous institutionnels que la Hongrie contre l’arbitraire, la corruption, la démagogie etc. – mais c’est parce qu’elle en a beaucoup moins besoin. Elle est en effet peuplée de scandinaves, c’est-à-dire, en 2019, d’européens évolués, qui acceptent comme une évidence l’existence d’une quarantaine de sexes, la nécessité de stériliser culturellement la population autochtone au nom d’un énigmatique réchauffement climatique et sucent des quantités industrielles d’anxiolytiques au lieu de boire et fumer comme des barbares dans une kocsma ou une crâșmă en exhibant l’habitus hétérosexuel qu’il est désormais, au centre du cauchemar climatisé (pour citer l’un des plus talentueux disciples de K. Hamsun : H. Miller), convenu de nommer « corruption ».

 

 

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