«Nous n’avons pas oublié les flacons de poudre» : Moscou ironise sur les accusations visant l’Iran

post_thumb_default

 

Alors que Washighton accuse Téhéran d'être «responsable» des attaques perpétrées contre deux pétroliers (un navire norvégien et un japonais), touchés par des explosions en mer d'Oman le 13 juin, Moscou a manié l'ironie pour faire part de ses doutes.

Shinzo Abe 🇯🇵 en #Iran 🇮🇷 pour sauver les relations perso-américaines#Japon#EtatsUnis

➡️ https://t.co/Uh1qHxeczapic.twitter.com/2YkuLbZYDd

— RT France (@RTenfrancais) 13 juin 2019

«Nous n’avons pas oublié les flacons de poudre blanche», a ainsi déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors d'un entretien accordé à la chaîne de télévision russe Rossiya 1 le 16 juin.

Le porte-parole russe faisait ici référence au discours prononcé par le Secrétaire d'Etat américain Colin Powell le 5 février 2003 devant le Conseil de sécurité de l'ONU, lors duquel le responsable américain avait brandi une fiole censée contenir le virus de l'«anthrax» (maladie du charbon), supposément produit en masse par Saddam Hussein. L'accusation visait à justifier une intervention en Irak. La mise en scène, jugée grotesque par la majorité des observateurs de l'époque, ont rendu cet épisode célèbre dans l'Histoire comme un modèle de mensonge d'Etat. Colin Powell a en effet reconnu ensuite avoir été trompé.

«Nous nous en souvenons. Cela étant, nous avons appris à garder notre retenue dans nos estimations et nous appelons toujours à évaluer la situation de manière lucide et à attendre des données convaincantes», a par ailleurs déclaré Dmintri Peskov. Et d'ajouter : «Dire que ce sont des données secrètes est absurde dans ce cas-là. De tels incidents peuvent véritablement secouer les fondations de l'économie mondiale, donc aucune accusation sans fondement ne devrait être prise en considération.»

Le 13 juin, l'actuel Secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a ouvertement accusé l'Iran d'«attaque flagrante contre la liberté de navigation», motivée selon lui par la volonté de perturber le marché mondial en empêchant le passage du pétrole brut par le détroit d’Ormuz. Dans le même temps, la marine américaine a diffusé une vidéo censée montrer un navire de patrouille «retirant une mine non explosée de la coque», sans qu'il soit possible d'identifier ses occupants.

Video recorded by U.S aircraft of an IRGC Gashti-class patrol boat removing an unexploded limpet mine from M/T Kokuka Courageous. Courageous suffered an explosion while in #GulfofOman. Her 21 crew members were rescued by #USNavy destroyer #USSBainbridge. https://t.co/YpiEUALHWjpic.twitter.com/rjWKJN0qcf

— U.S. Navy (@USNavy) 14 juin 2019

«On voit le bateau, avec une mine qui n'a pas explosé et c'est signé», a abondé Donald Trump le 14 juin, accusant à son tour l'Iran. 

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Moussavi, a appuyé le fait que, pour lui, les accusations du chef de la diplomatie américaine étaient «sans fondement». «Le fait que les Etats-Unis aient immédiatement sauté sur l’occasion pour lancer des allégations contre l’Iran [sans] le début d’une preuve fondée ou circonstancielle, fait apparaître en pleine lumière le fait que [Washington et ses alliés] sont passés au plan B : celui du sabotage diplomatique […] et de maquillage de son terrorisme économique contre l’Iran», a également déclaré sur Twitter le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.

L'Union Européenne ne marche pas dans les pas des américains

Loin de se satisfaire des accusations américaines et britanniques, plusieurs Etats membres de l'Union européenne se sont montrés prudents sur la question le 17 juin, à l'occasion d'une rencontre de ministres des Affaires étrangères de l'UE à Luxembourg. 

«Une telle décision doit être prise avec la plus grande attention. Je connais l'évaluation faite par les services de renseignement américains et britanniques, mais nous n'avons pas encore décidé cela en ce qui nous concerne. Il faut être très prudents et nous recueillons plus d'informations», a notamment déclaré le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas à son arrivée lors de la rencontre à laquelle les ministres des Affaires étrangères français et britannique n'ont pas participé. 

Même son de cloche chez plusieurs autres chefs de la diplomatie européenne, qui ont soutenu la demande d'enquête indépendante formulée par le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. 

Le haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères Federica Mogherini avait en outre appelé la semaine précédente à éviter toutes «les provocations» dans la région.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, a pour sa part emboîté le pas pas de son allié américain, déclarant : «Notre propre évaluation nous amène à conclure que la responsabilité des attaques incombe presque certainement à l'Iran.» 

Lire aussi : Golfe d'Oman : deux navires pétroliers auraient été attaqués, la marine américaine a reçu des SOS

 

Extrait de: Source et auteur

Suisse shared items on The Old Reader (RSS)

Un commentaire

  1. Posté par Vautrin le

    Accès de lucidité ou sainte pétoche ? Pour une fois, l’UE semble ne pas emboiter aveuglément le pas aux yankees. Pour combien de temps ?

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.