Ibiza-gate – Coup monté contre les droites patriotiques d’Europe

Michel Garroté
Politologue, blogueur

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Ibiza-gate - Coup monté contre les droites patriotiques d'Europe

Michel Garroté  --  De quoi s'agit-il ? "Scandale autrichien : le vrai visage des populistes" (sous-entendu, le vrai visage de TOUS les partis "populistes" de l'Union Européenne). Cette allégation mensongère est véhiculée depuis quelques jours, 24H/24, par la très grande majorité des médias et des réseaux sociaux d'Europe et d'ailleurs.

 

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Mais bon sang, de quoi s'agit-il ? Il s'agit d'une vidéo clandestine réalisée en caméra cachée le 24 juillet 2017 (il y a donc deux ans) et diffusée, comme par hasard, à quelques jours des élections européennes, soit, comme par hasard, le 17 mai 2019, date à laquelle tous les partis patriotiques d'Europe se rassemblaient à Milan, une vidéo clandestine écrivais-je  --  diffusée par deux médias allemands, le Spiegel et la Süddeutsche Zeitung  --  qui montre le vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache, chef du parti patriotique FPÖ, en train de négocier (complètement bourré à la Vodka) un deal destiné à influencer l'issue des élections de 2017 avec la prétendue nièce d'un oligarque russe dans une somptueuse villa à Ibiza, louée pour l'occasion.

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A noter que l’ancien président des services secrets allemands August Hanning estime que la vidéo d’Ibiza a été produite, soit par des services secrets, soit avec des méthodes relevant de services secrets, afin d’influencer les élections européennes et il déclare que ces méthodes sont illégales.

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A noter encore que le vote d’une motion de censure contre Sebastian Kurz, affaibli par le départ de ses anciens partenaires de la droite patriotique (FPÖ) à la suite de « l’Ibiza-gate »​, a été fixé au lundi 27 mai par le président du Parlement autrichien, Wolfgang Sobotka qui appartient, comme Sebastian Kurz, au parti conservateur ÖVP, et qui a précisé qu’il jugeait préférable « pour une discussion calme et factuelle » que cette motion soit examinée après le scrutin européen de dimanche. La motion de censure a été déposée par le petit parti écologiste Jetzt mais les sociaux-démocrates et le parti d’extrême droite FPÖ "n’ont pas exclu" de la soutenir.

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A noter, j'insiste, que le lundi 20 mai, après le limogeage du vice-chancelier et d'un ministre membres du FPÖ, les autres ministres de leur camp ont donc tous annoncé qu'ils quittaient le gouvernement.

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A propos de « l’Ibiza-gate »​, Lionel Baland, sur Boulevard Voltaire, écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Le président de la République autrichienne Alexander Van der Bellen s’est prononcé, ce dimanche 19 mai 2019, en faveur d’élections législatives anticipées qui seront organisées en septembre 2019, si possible au début du mois. Il a, auparavant, discuté avec le chancelier social-chrétien Sebastian Kurz (ÖVP) de plusieurs scénarios possibles pour le gouvernement jusqu’à ce scrutin et il rencontrera le président – tout récemment – désigné du FPÖ Norbert Hofer et les dirigeants des partis d’opposition.

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Le gouvernement regroupant l’ÖVP et les patriotes du FPÖ est donc tombé, car deux des figures de proue du FPÖ, le président du parti et vice-chancelier Heinz-Christian Strache et le président exécutif du groupe des élus du FPÖ à la Chambre des députés Johann Gudenus, ont été victimes d’une machination réalisée par des professionnels disposant de gros moyens financiers – et ont démissionné de leurs fonctions.

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Alors que le gouvernement ÖVP-FPÖ est en place depuis décembre 2017 et est le résultat des élections législatives d’octobre 2017, une vidéo, réalisée le 24 juillet 2017, a été envoyée, quelques jours avant les élections européennes de mai 2019, à des organes de presse allemands, qui l’ont publiée.

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Les images montrent les deux cadres du FPÖ discutant avec la soi-disant nièce d’un richissime homme d’affaires russe désirant investir 250 millions d’euros en Autriche et lui proposant de mettre financièrement la main sur le Kronen Zeintung, le quotidien le plus lu du pays, tout en lui expliquant comment contourner les obstacles légaux afin de financer le FPÖ et en proposant d’octroyer à cette dame des avantages en matière d’investissement dans le domaine public lorsque le FPÖ accédera au pouvoir (ndmg - il s'est donc avéré, par la suite, que la « nièce d'un oligarque russe » à l'origine du scandale était une Lettonne. On ignore pour l'instant quelle organisation a dressé ce piège. Le fait est qu'une telle opération coûte énormément d'argent. Qui a les moyens financiers de monter un coup pareil ? Monsieur Soros peut-être ? L’ancien président des services secrets allemands, August Hanning, comme écrit plus haut, estime que la vidéo d’Ibiza a été produite, soit par des services secrets, soit avec des méthodes relevant de services secrets...).

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Ces images ont été prises sur l’île espagnole d’Ibiza – où Heinz-Christian Strache prend habituellement ses vacances d’été – dans une villa louée et piégée à l’aide de caméras, les véhicules se trouvant devant cette bâtisse étant aussi loués (ndmg - il s'agit bien de déclarations alcoolisées enregistrées en caméra cachée lors d'un rendez-vous à Ibiza organisé pour piéger Heinz-Christian Strache).

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Ce traquenard – « coup monté », comme l’écrit Le Monde – réalisé par des professionnels disposant de moyens importants relève de pratiques barbouzardes qui portent atteinte à l’intégrité du système politique autrichien.

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Les succès du FPÖ, depuis la prise du contrôle du parti par son aile nationale en 1986, dérange à l’étranger et surtout en Allemagne – autre entité germanophone -, au sein de laquelle le FPÖ constitue un modèle pour certains et une menace pour les partis du système.

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Cette formation politique a déjà été victime, dans le passé, de pratiques anormales. Ainsi, lorsque le FPÖ était arrivé au pouvoir en Autriche aux côtés de l’ÖVP, au début de l’année 2000, le gouvernement avait dû subir, avant même d’être entré en fonction, d’énormes pressions internationales et Jörg Haider, qui avait conduit son parti au pouvoir en ayant engrangé, durant quatorze ans, de nombreux succès électoraux, avait dû renoncer au poste de vice-chancelier ou chancelier.

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Cette fois, le système politique autrichien est touché par la publication de la vidéo, alors qu’une vague patriotique conduite par le vice-Premier ministre italien léghiste Matteo Salvini déferle, à la veille des élections européennes, sur l’Europe et que la présence au pouvoir, en Autriche et en Italie, de partis politiques patriotiques et favorables au pouvoir en place en Russie dérange (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

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Toujours à propos de « l’Ibiza-gate »​, Olivier Bault dans le quotidien Présent, écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Tremblement de terre en Autriche après la divulgation par deux journaux allemands, le Spiegel et le Süddeutsche Zeitung, d’une vidéo tournée secrètement à Ibiza en juillet 2017. Sur la vidéo, on voit le chef du parti national-conservateur FPÖ, devenu depuis vice-chancelier autrichien, négocier avec une belle jeune femme qui se faisait passer pour la nièce d’un oligarque russe supposé proche de Vladimir Poutine. Egalement sur la vidéo, l’actuel président du groupe FPÖ au Parlement autrichien, Johann Gudenus, qui parle le russe et tient lieu d’interprète. Les trois protagonistes du scandale sont affalés sur des fauteuils autour d’une table chargée de bouteilles d’alcool. La discussion entre Strache et la belle Russe porte sur d’éventuels contrats gouvernementaux si le supposé père oligarque venait à investir environ 250 millions d’euros en Autriche et notamment à racheter le tabloïd autrichien Kronen Zeitung et à favoriser ensuite la victoire du FPÖ en changeant la ligne éditoriale du journal.

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Après la divulgation de la vidéo, Strache s’est défendu en expliquant qu’il avait eu une attitude typique de macho prenant plaisir à se vanter devant la jeune femme, et il a présenté ses excuses à son épouse et aux Autrichiens. Il a aussi présenté sa démission du poste de vice-chancelier et de leader du FPÖ afin, a-t-il expliqué, de ne pas nuire par sa présence au fonctionnement de la coalition avec l’ÖVP de centre droit, dirigé par le chancelier Sebastian Kurz. Le président du groupe parlementaire du FPÖ a démissionné lui aussi.

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Cela n’a malgré tout pas empêché le chancelier d’annoncer la fin de la coalition et de demander ce week-end au président d’extrême gauche, le Vert Alexander Van der Bellen, de convoquer des élections anticipées. Ces élections auront probablement lieu début septembre. En attendant, le candidat du FPÖ aux dernières élections présidentielles, Norbert Hofer, a pris la tête du parti national-conservateur.

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La démission des protagonistes de la vidéo se justifie probablement car, à défaut d’avoir commis des délits, ils ont été filmés en train de se dire prêts à en commettre. En revanche, la décision de Sebastian Kurz de mettre fin à la coalition sous prétexte qu’il serait impossible à son parti ÖVP de réformer le pays avec ses partenaires du FPÖ est plus surprenante. Elle montre que son virage supposément conservateur alors qu’il était ministre des Affaires étrangères d’un gouvernement progressiste et immigrationniste de coalition entre l’ÖVP et le SPÖ social-démocrate n’avait pour but que de faire repasser son parti devant la FPÖ après l’élection présidentielle de 2016, quand les candidats des deux partis de la grande coalition avaient été éliminés dès le premier tour.

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Mais surtout, cette vidéo suscite des interrogations quant aux méthodes mises en œuvre pour faire barrage aux « populistes » de droite. « Je trouve étonnant que cette vidéo vieille de deux ans sorte à quelques jours de l’élection », a très justement fait remarquer Marine Le Pen. Le piège dans lequel Heinz-Christian Strache est tombé pourrait lui avoir été tendu par les services secrets autrichiens ou allemands, et la vidéo, tournée trois mois avant les élections législatives de 2017, était très visiblement conservée par les commanditaires de l’opération jusqu’au moment propice pour sa « fuite » dans des médias choisis, en l’occurrence deux grands médias allemands favorables à l’immigration et hostiles aux « populistes ». « Si nous trompons nos adversaires politiques, si nous violons leur vie privée et que nous allons jusqu’à commettre des actes illégaux, en définitive nous causons du tort à notre culture politique commune », a réagi le chef de l’agence de protection des données du Bade-Wurtemberg, en Allemagne. Le FPÖ a annoncé qu’il allait déposer plainte (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

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Michel Garroté pour LesObservateurs.ch, 24.5.2019

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Sources :

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https://www.bvoltaire.fr/le-gouvernement-autrichien-tombe-machination-internationale/

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https://www.lesalonbeige.fr/explosion-de-la-coalition-gouvernementale-en-autriche/

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2 commentaires

  1. Posté par Jean-Francois Morf le

    Cherchez à qui le crime profite…

  2. Posté par Don Aldo le

    Cette opétation de barbouzerie contre la démocratie autrichienne repose la question de l’accident mortel de J Haider. Accident du même type auquel a échappé Nigel Farrage. Elle est belle la démocrature européenne!

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