La crise de l’Europe est celle de sa survie

par Giulio Meotti, 3 novembre 2018

  • L'Europe est confrontée à un défi existentiel ; une spirale du déclin s'est enclenchée qui voit les populations européennes renoncer à se reproduire et perdre progressivement confiance dans les valeurs des Lumières pourtant si durement conquises, à savoir la liberté individuelle, la puissance de la raison, la science contre la superstition et la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Une refondation sur ces valeurs est essentielle à la survie de l'Europe.
  • En Allemagne de l'Ouest, selon l'Office fédéral de la statistique, 42% des enfants de moins de six ans sont issus de l'immigration, indique Die Welt.
  • « Si vous regardez à travers l'histoire, chaque fois que l'Église s'est endormie ou s'est détournée des Évangiles, l'Islam a pris l'avantage. C'est ce qui est en train de se produire en Europe, l'Église dort et l'islam s'infiltre ... L'Europe est en train de s'islamiser et l'Afrique en paiera le prix. » - Mgr Andrew Nkea Fuanya, évêque catholique du Cameroun.
L'Europe est confrontée à un défi existentiel ; une spirale du déclin s'est enclenchée qui voit les populations européennes renoncer à se reproduire et perdre progressivement confiance dans les valeurs pourtant si durement conquises, celles des Lumières : liberté individuelle, puissance de la raison, science repoussant la superstition et séparation de l'Eglise et de l'Etat. La survie de l'Europe passe par une refondation sur ces valeurs. (Source de l'image : Pixabay)

« Il n'est pas à exclure que l'Europe finisse en musée ou en parc d'attractions culturel pour les nouveaux riches de la mondialisation. » Le regretté historien Walter Laqueur jugeait qu'un « indispensable pessimisme » était de rigueur pour enrayer la transformation progressive de l'Europe en parc culturel thématique. Laqueur a été l'un des premiers à comprendre que l'impasse du continent européen débordait largement l'économie. Les jours de la puissance européenne sont désormais comptés. En raison de son faible taux de natalité, l'Europe se réduit comme peau de chagrin. Si les tendances actuelles se poursuivent, a déclaré Laqueur, dans cent ans, la population européenne « ne sera plus qu'une fraction de ce qu'elle est aujourd'hui, et dans deux cents ans, certains pays auront même disparu. »

La « mort de l'Europe » se rapproche et devient visible au point d'être devenue un thème de prédilection des écrivains en vogue.

« A une époque où la littérature est de plus en plus marginalisée dans la vie publique, Michel Houellebecq surgit pour rappeler que les romanciers peuvent proposer un point de vue sur la société qui échappe aux commentateurs et aux experts », a écrit le New York Times sur le plus important auteur français. Houellebecq « parle » à travers ses romans les plus vendus, tels que Soumission, ou ses conférences publiques. La dernière conférence donnée par Houellebecq a eu lieu à Bruxelles, à l'occasion de la remise du prix Oswald Spengler, auteur de Le Déclin de l'Occident. « En résumé, a déclaré Houellebecq , « le monde occidental dans son ensemble se suicide ».

Pourquoi l'Europe est-elle si obsédée par son propre déclin démographie et par la grande fécondité de l'immigration en provenance d'Afrique ?

Dans le New York Times, Ross Douthat estime que « l'aide au contrôle de la population apportée par les pays occidentaux aux pays en développement » revient « au centre du débat » pour trois raisons au moins :

« Parce que le rythme des naissances en Afrique n'a pas ralenti aussi rapidement que les experts occidentaux l'avaient prévu ; parce que la démographie européenne va au tombeau selon la loi de Macron et que les dirigeants européens ne sont plus aussi optimistes quant à leur capacité d'assimilation des immigrants. »

Douthat se réfère à deux discours du président français, Emmanuel Macron. En 2017, Macron a qualifié les problèmes de l'Afrique de « civilisationnels » et a déploré que chaque mère se sente obligé de mettre au monde « sept ou huit enfants chacune ». Dans un second discours à la Fondation Gates, la semaine dernière, Macron a déclaré : « Présentez-moi la femme parfaitement éduquée qui a décidé d'avoir sept, huit ou neuf enfants. » La question que Macron a implicitement posée est la suivante : l'Europe peut-elle continuer de protéger ses propres citoyens instruits avec un faible taux de natalité tout en faisant face à immigration massive et fertile en provenance d'Afrique et du Moyen-Orient ? Aux prises avec un conflit démographique qui l'oppose au reste du monde, l'Europe est donnée perdante.

L'Europe est ainsi confrontée à un défi existentiel ; une spirale du déclin s'est enclenchée qui voit les populations européennes renoncer à se reproduire au moment même ou elles multiplient les signes d'une perte progressive de confiance dans les valeurs des Lumières qu'elles ont si durement conquises, comme la liberté individuelle, la puissance de la raison, la science contre la superstition et la séparation de l'Eglise et de l'Etat.

Ces valeurs sont essentielles si l'Europe souhaite véritablement survivre. Le distingué historien Victor Davis Hanson a récemment écrit :

« Au regard des grands déterminants historiques de la puissance des civilisations - carburant, énergie, éducation, démographie, stabilité politique et capacité militaire - l'Europe s'affaiblit. Elle ne dépense que 1,4% de son PIB pour la défense ... Et avec un taux de fécondité inférieur à 1,6%, l'Europe rétrécit lentement et vieillit, d'où la politique d'immigration à courte vue de Angela Merkel qui considère l'immigration comme une solution à la crise démographique et un raccourci vers une main-d'œuvre à faible coût. »

Cependant, comme l' écrit Walter Laqueur , « même si le déclin de l'Europe est irréversible, il n'y a aucune raison pour qu'il se transforme en effondrement ».

Peut-on éviter cet effondrement ?

Lors d'une récente réunion européenne, le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, qui dirige le parti anti-immigration de la Ligue, a déclaré :

« Certains de mes collègues affirment que l'immigration est nécessaire pour compenser le vieillissement de la population, mais mon point de vue est complètement différent ... Je suis au gouvernement pour que nos jeunes fassent autant d'enfants qu'ils en faisaient il y a quelques années et qu'il ne soit pas nécessaire d'importer en Europe le meilleur de la jeunesse africaine. Peut-être qu'au Luxembourg, ils ont besoin d'immigrants, mais en Italie, nous devons aider la population à mettre davantage d'enfants au monde, plutôt que de faire venir (d'Afrique) des esclaves modernes qui remplaceront les enfants que nous n'avons pas. »

Face à la protestation du ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, Salvini a ajouté :

« Je réponds calmement à votre point de vue qui est différent du mien ... Si au Luxembourg vous avez besoin d'une nouvelle immigration, je préfère garder l'Italie pour les Italiens et recommencer à faire des enfants. »

Salvini a une claire vision de l'avenir de l'Italie. A conditions inchangées, la population italienne pourrait chuter à 16 millions d'habitants, contre 59 millions aujourd'hui. Cette projection inquiétante a été rendue publique cette année aux « Rencontres de la statistique et de la démographie » organisées en Italie, où le professeur Matteo Rizzolli de l'Université de Rome. Rizzoli a déclaré :

« Cela se produira dans cent ans et dans 20 ans nous aurons 8 millions d'habitants en moins. A continuer d'agir comme nous le faisons, le taux de natalité ne s'améliorera pas. »

L'establishment européen est aujourd'hui clivé entre les soi-disant « européistes », qui croient que l'immigration mettra fin à l'effondrement démographique de l'UE, et les « eurosceptiques » qui réclament des solutions locales adaptées. Coté eurosceptique, le premier ministre hongrois Viktor Orbán, par exemple, a appelé les Européens à enrayer le « déclin démographique » en investissant dans les familles traditionnelles. Versant européiste, l'archevêque catholique italien Gian Carlo Perego a déclaré :

« Le défi de l'Italie est de réconcilier un pays en train de mourir avec des jeunes venus d'ailleurs, afin de commencer une nouvelle histoire. Si nous fermons notre porte aux migrants, nous allons disparaître. »

Dans une interview au Times de Londres, Salvini a proposé une autre idée:

« Un pays qui ne fait pas d'enfants est destiné à périr ... Nous avons créé un ministère de la famille chargé d'améliorer la fécondité, d'accroître le nombre de crèches, et de repenser la fiscalité en prenant en compte les familles nombreuses. Au terme de ce mandat, le gouvernement sera jugé sur le nombre de nouveau-nés plus que sur sa dette publique ».

Selon Salvini, l'enjeu démographique inclut « la tradition, l'histoire, l'identité » de l'Italie ; la gauche elle, utilise la crise de la fécondité comme « alibi » pour « importer des migrants ».

Un autre évêque catholique, Andrew Nkea Fuanya, de Mamfé au Cameroun, a récemment déclaré à propos du faible taux de natalité en Europe :

« C'est un immense problème, notamment – et j'ose le dire -dans le contexte de l'invasion islamique. L'histoire nous apprend que chaque fois que l'Église s'est endormie, chaque fois que l'Eglise s'est détournée des Évangiles, l'Islam a refait surface. C'est ce qui arrive à l'Europe, l'Eglise est endormie et l'Islam s'insinue ... L'Europe s'islamise et cela affectera l'Afrique. »

Le déclin de l'Europe et sa transformation se remarquent également en France. De nouvelles données de l'Institut national de la statistique et des sciences économiques (Insee) ont récemment indiqué que Mohammed et plusieurs autres prénoms musulmans traditionnels figurent désormais en tête de la liste des prénoms les plus populaires du département de Seine-Saint-Denis (1,5 million d'habitants). Deux journalistes du journal Le Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, viennent de publier un livre intitulé Inch'allah: l'islamisation à visage découvert, une enquête sur « l'islamisation » du département de Seine-Saint-Denis.

En juillet, une enquête de l'hebdomadaire L'Express, a révélé qu' « Entre 2000 et 2016, la part des enfants ayant au moins un parent étranger est passée de 15 à 24 % ». Die Welt a indiqué que, selon l'Office fédéral de la statistique, 42% des enfants de moins de six ans nés en Allemagne de l'Ouest sont désormais issus de l'immigration.

L'immigration massive et non contrôlée en Europe semble avoir fait plus de mal que de bien. Walter Laqueur a écrit :

« ... l'immigration incontrôlée n'est pas la seule raison du déclin de l'Europe. Mais, ajoutée aux autres malheurs du continent, elle a entraîné une crise profonde ; seul un miracle pourrait sortir l'Europe de cette situation difficile. »

Matteo Salvini et Michel Houellebecq ont tous deux souligné que le vieillissement de l'Europe et son usure intellectuelle et morale ne relèvent pas de tactiques électorales ou partisanes ; c'est un défi civilisationnel. La réponse qui sera apportée décidera de l'avenir de l'Union européenne que l'actuelle politique de frontières ouvertes pourrait éliminer.

Le temps presse. Comme Houellebecq l'a déclaré dans un discours au prix Frank Schirrmacher :

« ... la progression de l'islam n'en est qu'à ses débuts, parce que la démographie est de son côté, et que l'Europe , en cessan t de faire des enfants, s'est engagé dans un processus de suicide. Et ce n'est pas vraiment un suicide lent. Lorsqu'on on en arrive à un taux de fécondité de 1,3 ou 1,4, les choses, en réalité, vont assez vite ».

Giulio Meotti, journaliste culturel à Il Foglio, est un journaliste et auteur italien.

source:

6 commentaires

  1. Posté par maury le

    Un Matheo Salvini ou un Victor Orban dans chaque Pays européen et balayer tous ces j’en foutres qui nous servent de dirigeants dont l’UE et nous auront les mains libres pour reprendre notre souveraineté !!!! VOX POPULI VOX DEI!!!!!!!!!!

  2. Posté par Anna le

    Eh oui : à Genève pour avoir trois ou quatre enfants il faut un gros revenu ou être à l’aide sociale. Car à Genève, comment loge-t-on une famille avec trois enfants ou quatre enfants si on est de la classe moyenne ? On oublie. Mais si c’est l’Hospice général qui paie, là plus d’enfants c’est plus d’argent. Quand on prend le bus , la plupart des voilée ont d’ailleurs des poussettes, et ne travaillent manifestement pas. Mais qui les finance ? Est-ce nous ?

  3. Posté par SD-Vintage le

    L’Europe ne sera pas transformée en parc culturel thématique, les musulmans détruiront tout, comme ils l’ont fait partout.
    Je suis en désaccord avec « le vieillissement de l’Europe et son usure intellectuelle et morale ne relèvent pas de tactiques électorales ou partisanes » : c’est une volonté de cette gauche viscéralement anti chrétienne et donc contre les traditions qui en sont issus, autrement dit contre la culture européenne. Il faut regarder la télévision publique gauchiste : par anti christianisme ils en viennent à soutenir l’islam et l’homosexualité ! Deux choses totalement incompatibles !

  4. Posté par Marie le

    Nos nations se doivent d’aider leurs peuples financièrement à la place de payer leurs remplacements. Matteo Salvini l’a compris. Bravos à lui.

  5. Posté par Gérard Guichard le

    Le problème est qu’il y deux choix: soit se situer dans la perspective de la volonté de défense des Etats-Unis, Brésil, Italie, etc., qui reste une perspective 1945; soit passer à autre chose

  6. Posté par miranda le

    Philippe De Villiers le disait dans ses écrits : quand des députés souhaitaient une politique familiale d’encouragement à la natalité qui serait bien MOINS COUTEUSE que les migrations c’était le blocus total, de la part des décideurs de BRUXELLES.

    Donc le projet de grand remplacement des populations européennes était déjà en place dans la tête des décideurs BRUXELLOIS. Il s’opérait tout » doucement » sous nos yeux parce que progressif. Puis vint le jour où cessa cette progression, pour devenir INVASION.

    D’autre part, le monde politique et le monde de l’entreprise étaient gérés par des hommes. Qui n’avaient pas l’aptitude (sauf pour les jeunes hommes d’aujourd’hui) de penser un monde capable d’aider la femme dans son rôle de mère. AINSI LES FAMILLES FIRENT UN MINIMUM D’ENFANTS.
    De très grandes entreprises aujourd’hui, ne sont pas encore capables de consacrer UN LOCAL à l’accueil d’une crêche. C’est encore pire pour les petites entreprises alors qu’elles se situent dans les zones artisanales et pourraient se regrouper financièrement pour créer une crêche de proximité. C’est tout simplement honteux. Nous sommes encore dans un monde qui ne sait toujours pas penser qu’un ENFANT C’EST L’AVENIR D’UNE NATION.

    Mais les autres mondes ou les « ENFANTS PROLIFERENT » ne sont pas plus intelligents que nous en ce domaine. Leurs enfants sont nombreux et moins bien traités qu’en Europe et bien souvent manquent de l’essentiel. Pour eux aussi, il n’est pas intégré qu’un « enfant c’est l’avenir ».

    D’autre part, il devient stupide de « MAGNIFIER  » sans cesse les capacités de reproduction de l’Islam. Qui ne sont pas un avantage non plus pour l’Islam. Car ce n’est pas cela qui pourrait sortir l’Islam de son blocage en matière d’innovation, de marche vers le progrès et vers le respect de ses peuples. C’est bien en terre d’Islam qu’on semble moins heureux qu’ailleurs.
    Et beaucoup plus obligés de se soumettre aux dictatures, qu’elles soient religieuses ou autres.
    Situation logique quand des DECIDEURS ont trop de peuple « chaotique socialement » à gérer.
    Même la richesse immense de quelques uns ne pourrait pas soulager « la misère » due à cette « immense démographie ».

    Les secondes générations arabo-musulmanes immigrées en France, le savent bien, puisqu’elles adoptent finalement la même attitude que les autres couples en Europe, à savoir, n’avoir que deux, maximum trois enfants.

    Avec l’avènement de la robotisation qui sera partout, ne serait-ce pas vers une sagesse démographique que nous devrions aller TOUS ? D’autant plus que si nous voulons manger « SAIN », donc bio, nos capacités en production alimentaire seront moindres. Moins de quantité pour plus de qualité.

    ETRE MOINS NOMBREUX peut paraître dangereux ou sain. Les démographies n’ont jamais été stables dans l’histoire. Des peuples ont frôlé l’extinction bien souvent et renaissaient de leur cendres. Mais depuis l’ère Industrielle, les démographies ont commencé à devenir un point central de préoccupation, parce que la main d’oeuvre devait sans arrêt venir au secours de la production. CE SIECLE EST REVOLU. La robotique fait son chemin et va s’imposer dans tous les domaines. L’humain ne sera plus aussi nécessaire qu’autrefois. ALORS, on fait quoi?

    ON NE FAIT PAS VENIR les migrants afro-arabo-musulmans, car ils ne seront pas utiles. Sinon en travailleurs détachés à l’occasion. Et pour contrer ce projet destructeur d’invasion nous devrons VOTER PATRIOTE.

    Retrouver notre souveraineté sera d’abord notre SURVIE.
    Pour les naissances, on pourra y voir plus clair, APRES.

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