Les États-Unis cherchent à étendre leur présence militaire en Grèce

Affaire du pasteur américain Andrew Brunston, soutien de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis aux milices kurdes syriennes dans leur combat contre l’État islamique, achat de systèmes russes de défense aérienne S-400 « Triumph », restriction sur les livraisons d’avions de combat F-35A, refus de l’extradition du prédicateur Fethullah Gülen qui, vivant en Pennsylvanie, est accusé par les autorités turques d’être à l’origine de la tentative du coup d’État du 15 juillet 2016… Tels sont les contentieux du moment entre Ankara et Washington.

Le 17 août, le président américain, Donald Trump, n’a nullement cherché à apaiser des relations devenus compliquées. « La Turquie a profité des Etats-Unis pendant beaucoup d’années. Ils retiennent notre merveilleux pasteur chrétien [Andrew Brunston, ndlr], à qui je dois maintenant demander de représenter notre Pays en tant qu’otage patriote », a-t-il ainsi commenté, via Twitter, justifiant ainsi les sanctions économiques prises à l’égard d’Ankara, lesquelles ont fait plonger la livre turque.

Plus tôt, son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est membre de l’Otan depuis 1952, avait prévenu qu’il chercherait de « nouveaux amis et de nouveaux alliés » si l’attitude de Washington à l’égard d’Ankara ne changeait pas. « À moins que les États-Unis ne commencent à respecter la souveraineté de la Turquie et prouvent qu’ils comprennent les dangers auxquels notre nation est confrontée, notre partenariat pourrait être en danger », avait-il estimé. Et l’on peut penser, sans se tromper, que le Kremlin regarde ces développements avec intérêt…

Dans ce contexte, le sort de la base d’Incirlik, notamment utilisée par les États-Unis (et la coalition) pour leurs opérations contre l’EI en Irak et en Syrie, suscite des interrogations.

Abritant des bombes nucléaires tactiques B-61 de l’Otan et située dans le sud de la Turquie, la base d’Incirlik a été déclarée opérationnelle en 1955. Elle accueille notamment le 39th Air Base Wing de l’US Air Force. Or, Ankara est en mesure d’en bloquer l’accès. En 2017, devant l’interdiction faite à des députés allemands de s’y rendre pour rencontrer le détachement de la Luftwaffe qui y était affecté dans le cadre de la coalition anti-jihadiste, Berlin décida de redéployer ses avions Tornado ECR en Jordanie.

En août, une association d’avocats proches du président Erdogan a déposé une plainte pour demander l’arrestation d’officiers américains affectés à Incirlik au moment de le tentative de coup d’État de juillet 2016, en raison de leur rôle supposé dans cette affaire.

Aussi, le Pentagone cherche-t-il des alternatives à la base d’Incirlik. Il s’agirait de continuer à pouvoir mener des opérations en Syrie et en Irak tout en gardant un oeil sur la Libye ainsi que sur les activités militaires russes en Méditerranée orientale et en mer Noire. Plusieurs pistes existent… Mais c’est vers la Grèce que ses responsables regardent. Comme le général Joseph Dunford, le chef d’état-major interarmées américain.

« Si vous regardez la géographie ainsi que les opérations actuelles en Libye et en Syrie tout en considérant les autres opérations potentielles en Méditerranée orientale, la Grèce offre des opportunités importantes », a en effet affirmé le général Dunford, devant des journalistes, le 4 septembre, lors d’une visite à Athènes.

Pour le moment aucune base grecque n’a été identifiée pour accueillir éventuellement un contingent américain. « Ce sont des discussions que le général Scaparrotti [commandant suprême des forces alliées en Europe, ndlr] et d’autres ont en ce moment. Ils regardent autour de la région pour savoir où ils veulent déployer des forces dans les cinq à dix prochaines années » a commenté un responsable américain dont les propos ont été rapportés par Military Times.

Toutefois, le général Dunford a précisé que cette prospection en Grèce n’était « pas liée » aux tensions entre Washington et Ankara. Et d’affirmer qu’il espérait que l’utilisation de la base d’Incirlik se poursuivrait car, pour le moment, il n’est pas question d’établir une présence permanente dans la patrie d’Homère.

En effet, a-t-il expliqué, il s’agit, du moins à l’heure actuelle, d’intensifier les exercices conjoints avec les forces armées grecques et de faciliter l’accès des avions et des navires américains aux infrastructures militaires de la Grèce, comme par exemple à celles de la baie de Souda, en Crète.

Quoi qu’il en soit, et dans le cadre d’un accord de défense bilatéral, l’US Air Force utilise déjà une base grecque, en l’occurrence celle de Larissa, pour mettre en oeuvre des drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper non armés pour des « missions de reconnaissance. »

Cette présence serait « temporaire », c’est à dire qu’elle devrait durer le temps nécessaire pour « réparer » une base en Afrique… Cela étant, Larissa est idéalement placée pour surveiller les mouvements des navires de la flotte russe de le Mer noire en Méditerranée orientale…

Cela étant, la base d’Andravida, située dans l’ouest de la Grèce, pourrait éventuellement convenir au Pentagone. Du moins, c’est l’analyse faite par le centre de recherche Bipartisan Policy Center, qui s’est livré à une recherche sur les possibles alternatives à la base d’Incirlik. Des bases en Bulgarie et en Roumanie pourraient également faire l’affaire.

D’ailleurs, c’est en Roumanie, précisément sur la base de Câmpia Turzii, qui accueille déjà des avions de combat de l’Otan, que l’US Air Force est en train de construire les infrastrutures nécessaires pour mettre en oeuvre des drones Reaper.

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