Merkel affaiblie après l’accord européen sur l’immigration

post_thumb_default

 

Le président français Emmanuel Macron s’est sans doute félicité un peu vite de l’accord obtenu à l’arrachée à l’aube vendredi matin au Conseil européen de Bruxelles. Dès le week-end, l’on s’est aperçu que chacun interprétait différemment les termes (vagues) de l’accord.

Ainsi, pour les centres contrôlés – nouveau nom donné aux centres de tri, ou hotspots –, qui pourront être ouverts dans différents pays sur la base du volontariat, les Italiens ont eu la mauvaise surprise d’entendre très vite le président français leur expliquer que, la France n’étant pas un pays de première arrivée, il n’y a pas de raison d’ouvrir de tels centres sur son territoire. Autrement dit, tout reste comme avant, et c’est pourquoi les Italiens n’ont pas l’intention de rouvrir leurs ports désormais interdits aux navires des ONG, et c’est tant mieux !

De la même manière, Angela Merkel avait, semble-t-il, cru comprendre au cours du sommet – peut-être était-ce la fatigue – que quatorze pays européens, dont les quatre de Visegrád, lui avaient promis qu’ils négocieraient avec elle des accords bilatéraux pour reprendre à l’Allemagne les « migrants » passés par leur territoire. C’est en tout cas ce qu’elle a annoncé dans une lettre expliquant les conclusions du dernier Conseil européen aux partenaires de sa coalition : la CSU, parti frère bavarois de son propre parti CDU, et le SPD social-démocrate. Mais dès que l’information a été reprise dans les médias allemands dimanche, les pays « de l’Est » concernés ont apporté un démenti cinglant à la chancelière.

Le ministre de l’Intérieur allemand Horst Seehofer, chef de la CSU, avait prévenu Mme Merkel il y a deux semaines, lorsque celle-ci s’était opposée à son plan de refoulement systématique aux frontières de l’Allemagne des immigrants déjà enregistrés dans un autre pays de l’UE : si elle ne revenait pas du Conseil européen avec un accord correct, permettant de lutter efficacement contre l’immigration clandestine à l’intérieur de l’UE, il démissionnerait. Après s’être réuni avec son parti dimanche, le ministre a donc annoncé son intention de démissionner, estimant que l’accord vanté par Macron serait « inefficace ».

Seehofer n’a toutefois pas été suivi par son parti et ce n’est pas non plus la première fois depuis 2015 qu’il menace la CDU de rupture. Lors d’une réunion entre eux lundi, les leaders de la CDU et de la CSU ont réaffirmé leur volonté de gouverner ensemble. S’en est suivie une réunion « de la dernière chance » entre Seehofer et Merkel lundi soir, à l’issue de laquelle un compromis a été annoncé. Les contrôles à la frontière avec l’Autriche seront renforcés, et les immigrants y seront orientés vers des centres fermés en attendant de vérifier leur statut. Ceux qui auront déjà été enregistrés dans un autre pays de l’UE ou déjà déboutés du droit d’asile seront alors renvoyés en Autriche.

Les politiques européennes ayant échoué, notamment en raison du refus de Berlin et Paris – malgré les appels en ce sens des ex-pays de l’Est et de l’Autriche – de mettre en place de vraies politiques de lutte contre l’immigration illégale comme l’a fait l’Australie depuis 2013, on s’oriente vers des politiques nationales avec des coopérations intergouvernementales dans le style de celles qui ont conduit à la fermeture de la route des Balkans début 2016. Même Mütti Merkel s’y met, pour conserver son poste…

Cet article Merkel affaiblie après l’accord européen sur l’immigration est apparu en premier sur Présent.

 

Extrait de: Source et auteur

Suisse shared items on The Old Reader (RSS)

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.