Dernier bobard à la mode : la crise migratoire serait finie !

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Pour le célèbre démographe François Héran, les flux de migrants sont en train de s'éteindre. Et donc la "crise" n'est plus qu'une manipulation de l'extrême droite. Une vision myope du problème, en partie récupérée par Emmanuel Macron, mais qui défie la réalité des centaines de milliers d'étrangers, errant dans l'espace européen.

« Il n’y pas de crise migratoire, il n’y a qu’une crise politique ». C’est avec cette phrase bien péremptoire que le célèbre démographe François Héran, titulaire de la chaire du même nom au prestigieux Collège de France, envoie balader dans l’Obs les opinions publiques européennes. L’argumentaire se veut imparable puisque statistique : « La preuve, tous les chiffres sont à la baisse : un million de personnes qui étaient entrées dans l’espace Schengen en 2015, 500.000 en 2016, pour 204.000 en 2017. » Conclusion, tout ceci n’est que mise en scène poussée par les droites xénophobes en Europe à qui la « figure du migrant sert de bouc émissaire ».

Certes, il reste bien quelques scories de la vague migratoire de 2015, par exemple, les personnes qui campent sur les trottoirs de Paris porte de la Chapelle. Mais pour le célèbre chercheur, ce ne sont plus que « des situations à régler ». Problème négligeable, voire secondaire si l’on comprend bien. Mais ce qu’évacue ainsi François Héran, c’est que les situations à régler se chiffrent en centaines de milliers d’individus. En 2017, Eurostat estimait à 619.000, dont 115.000 en France, le nombre de personnes en situation illégale sur le territoire de l’Union européenne. Et tout le monde s’accorde à estimer qu’il s’agit là d’une estimation très basse, puisqu’il s’agit des personnes ayaat reçu un ordre de quitter le territoire (OQTF). Par exemple, les migrants en situation irrégulière étaient 156.000 en Allemagne mais on pense que l’Allemagne a encore 300.000 déboutés du droit d’asile sur son sol (un chiffre identique à la France), fait qui provoque l’ultimatum du ministre de l’Intérieur Hosrt Seehofer vis-à-vis d’Angela Merkel. Le « problème politique », c’est donc bien celui des « dublinés » (voir encadré ci-dessous), que le conseil européen s’est montré dans l’incapacité de traiter ce 28 juin, et il a bien un rapport avec la réalité des migrations.

Déclarer forclose la crise des migrants engendrée par la guerre en Syrie, au motif que les flux traversant la Méditerranée se sont heureusement affaiblis, mais alors que plusieurs centaines de milliers de personnes errent en Europe, de pays en pays, est pour le moins imprudent. et surtout irréaliste quant à l'avenir. Les citoyens du XXIe siècle sont quand même informés de la dynamique démographique de l'Afrique subsaharienne, qui devrait passer de 1 milliard d'habitants en 2010 à 2,5 milliards en 2050.

Sans attendre des décennies, tant que des malheureux camperont sur les trottoirs à Paris, Rome ou Madrid (en Europe du Nord, tout le monde est à l’abri), les opinions publiques s’estimeront en situation de crise et aucun discours d’autorité, qu’il soit scientifique comme celui de François Héran, ou politique, comme celui du président Emmanuel Macron qui l’imite dans ses discours, ne sera audible. Pire ils attiseront le sentiment de délaissement des populations. En 2002, le Premier ministre socialiste s’était rendu malheureusement célèbre par son expression : « Il n’y a pas d’insécurité, mais un sentiment d’insécurité ». Dix sept-ans après, on tombe dans « il n’y a pas de crise des migrants, mais un sentiment de crise des migrants ». Avec le résultat politique que l’on sait !

Les dublinés

Depuis le règlement "Dublin III", voté en 2013, le sort des migrants en Europe est scellé par le fichier "Eurodac". Il centralise les empreintes de migrants venus dans le pays, et enregistre leur arrivée. Il est ainsi prévu que le premier pays dans lequel un migrant a été contrôlé et "fiché" est le premier compétent pour traiter sa demande d'asile. C'est ainsi que de nombreux réfugiés en France sont sous le coup d'une expulsion pour avoir laissé leurs empreintes dans le premier pays où ils sont arrivés.

 

Extrait de: Source et auteur

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5 commentaires

  1. Posté par Cenator le

    https://lesobservateurs.ch/2018/06/29/dernier-bobard-a-la-mode-la-crise-migratoire-serait-finie/
    « Le nombre des migrants n’a cessé de diminuer »… depuis 2015 ! Mais il reste énorme. Et c’est seulement le rythme des arrivées qui se ralentit : le nombre total des migrants en Europe continue d’augmenter.
    En fait, la crise migratoire a commencé en 2011. Souvenez-vous : après le renversement du dictateur Ben Ali en Tunisie le 14 janvier 2011, le nombre des « réfugiés » tunisiens immigrant illégalement en Europe est aussitôt monté en flèche… pour atteindre quelques dizaines par jour, ce qui paraissait beaucoup à l’époque. Réfugiés plus nombreux quand le pays est démocratique que pendant la dictature ?! Oui, parce que la chute du dictateur laissait le champ libre aux passeurs. La preuve, aussi,m que les réfugiés étaient des migrants économiques. Puis le « printemps arabe » s’est propagé à d’autre pays, débouchant souvent sur le chaos. Puis il y a eu la guerre civile en Syrie, la photo du petit Aylan (qui n’était pas un réfugié !), l’émotion d’Angela Merkel et de l’opinion publique allemande, l’ouverture des frontières aux réfugiés syriens, suivie immédiatement d’une explosion du nombre des faux réfugiés et des faux Syriens… Pendant tout ce temps, l’industrie des passeurs s’installait et se développait.
    Bref, une fin de la crise migratoire ne pourrait être qu’un retour à la situation d’avant 2011, ce qui paraît bien utopique.

  2. Posté par UnOurs le

    On se souvient encore de l’époque très récente où les journalopes nous sortaient l’argument suivant: « la crise migratoire est un fantasme de l’extrême-droite ».

  3. Posté par Maurice le

    Encore un intellectuel bien malhonnête pour plaire… à qui ?

  4. Posté par Bussy le

    Ils sont aux abois, leur plan commence à battre de l’aile, mais c’est pas en prenant les gens pour des cons qu’ils vont s’en sortir, il suffit de se promener dans les rues européennes pour se rendre compte que le problème est là et bien là !
    La crise migratoire sera finie quand il y aura eu une grande remigration !

  5. Posté par Question le

    Payé par qui et pour quoi ce rentier ? Qu’il vienne dans mon quartier de Lyon , et qu’il ose répéter ses insanités !

Et vous, qu'en pensez vous ?

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