«Le mot populiste est-il vraiment une insulte?»

Par Gilles William Goldnadel

Lors de son discours d’intronisation devant la Chambre des députés, le nouveau premier ministre italien – sans étiquette – Giuseppe Conte a accepté d’être appelé désormais « populiste » : « Si être populiste, c’est avoir la capacité d’écouter les besoins du peuple, alors je m’en revendique » s’est-il exclamé.

Certes, le vocable à présent adoubé n’avait pas été choisi initialement par la coalition hétéroclite qui vient de le porter au Palazzo Montecitorio mais au contraire par le parti médiatique pour disqualifier une politique de protection des frontières nationales contre l’immigration illégale et la concurrence déloyale, jugée, par un consensus idéologique aussi réflexe qu’unanime, comme pour le moins vulgaire.

Plusieurs raisons, qui transcendent largement les frontières alpines, peuvent expliquer pour quelles raisons souterraines un responsable politique décide à présent de ramasser une injure du ruisseau pour la porter en drapeau.

D’abord, en raison du discrédit grandissant qu’inspire à l’opinion le journaliste-clerc sermonneur et prêchi-prêcha. L’excommunié par lui ne saurait être tout à fait impie.

[…] Aujourd’hui, certaines épithètes utilisées par la communauté médiatique non seulement dans un cadre polémique subjectif mais encore de l’information théoriquement objective ont pour but et avaient pour effet d’obtenir immédiatement de la collectivité un sentiment réflexe d’animosité. En tout état de cause, c’est ce vocabulaire et non un autre qui était de nature à obtenir immédiatement une réaction affective de rejet et de malédiction de grande intensité: « fasciste », « raciste », « xénophobe », « islamophobe »… ou encore « populiste ».

Dans de nombreux articles critiques, j’ai eu l’occasion d’observer que dans le cadre de l’information politique prétendument objective, le terme «extrême droite» était utilisé plus souvent et plus facilement que l’épithète « extrême-gauche ». […]

Il n’est pas douteux non plus que l’expression « extrême droite » était immédiatement associée dans l’inconscient imaginaire collectif fantasmé au racisme et à l’antisémitisme de la période brune.

Il affuble pourtant le plus souvent des personnalités qui ne sauraient y être associées […]

Enfin, et peut-être surtout, on constate une réaction de révolte, que j’ai nommée « cambronnisme » et qui incite désormais certains élus du peuple ou des intellectuels transgressifs à défier par les idées, les paroles ou les écrits une idéologie dominante mais défaite qu’ils considèrent désormais comme autant dictatoriale que mortifère.

Il faut dire que les exemples ne manquent pas, ne serait-ce que cette semaine, pour expliquer et la révolte et la colère.

Révolte et colère élémentaires contre une politique d’asile européenne devenue irresponsable.

C’est ainsi qu’on apprenait que la France avait accordé l’asile à l’un des plus hauts cadres de l’État Islamique, Ahmad H. […]

[…] lors du récent débat sur le projet de loi immigration, Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, avait déposé un amendement pour que l’OPFRA puisse retirer son statut si un réfugié était soupçonné de radicalisation. Amendement rejeté. Il faut croire que la gauche morale est plus attachée au principe de précaution lorsqu’il s’agit des OGM dont la dangerosité mortelle pour l’homme est pourtant moins scientifiquement établie que celle des islamistes radicaux.

Autre sujet d’exaspération: […] en Allemagne […] tous les journaux du pays consacrent une large place à la mort de Susanna Feldmann, une jeune juive de 14 ans violée et assassinée par un migrant délinquant, Ali Bashar, depuis interpellé au Kurdistan irakien et qui est passé aux aveux et a été extradé.

L’émotion est d’autant plus considérable outre-Rhin qu’ainsi que l’indique Le Monde : «elle fait écho à une autre affaire au centre de l’actualité allemande depuis dix jours: la délivrance de plus d’un millier de titres de séjour indus à des demandeurs d’asile qui n’auraient pas dû les recevoir. Une enquête pour corruption a été ouverte.»

[…]

Ces mêmes squatteurs si intelligents du camp du Bien s’activent à présent pour obtenir le retour en France des djihadistes détenus en Syrie. Combien de nouveaux enterrements précédés de marches blanches à organiser?

[…]

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro Vox.

 

Parmi les commentaires, citons celui de Saskia :

En effet, Monsieur, il faudrait que les décideurs s’aventurent
quelque peu hors de leur bunker, pour sentir le vent qui se lève:
cela n’a rien à voir avec le réchauffement climatique.
Non, c’est un phénomène d’un autre ordre.
Des Français n’ont plus honte d’être français.
La formule magique : « populiste »! ne semble plus agir, comme
l’on espérait, jadis, du « Vade retro, Satanas »!
Selon Mme Nyssen, et le Maire Hidalgo, par ailleurs, la notion
de culture s’étend bien fâcheusement à un rhapsode d’un nouveau
genre: un rappeur méchamment inspiré contre la France, et
bafouant, par ses stances, les victimes du Bataclan.

 

Source : Dreuz.info 

4 commentaires

  1. Posté par Hervé le

    La réponse est évidemment « non ». Et que les gens continuent à penser que c’est le cas répond à la question du Temps d’aujourd’hui. L’humanité devient plus bête parce que les bobos se sont accaparés la culture et le langage, détruisant toute nuance et complexité pour les simplifier en réponse à leurs besoins. Un peuple aussi bête que ses zélites et plus facilement contrôlable. C’est un truc vieux comme le monde – vous le voyez à chaque fois qu’un « expert » passe à la télé -, utiliser un langage pseudo-intellectuel face à une audience qui n’y comprend rien permet de passer pour plus intelligent qu’on ne l’est. Experts, journalistes, politiciens, financiers, juristes, tous compliquent des concepts simples pour que le bon peuple n’ose même pas s’y aventurer de peur de passer pour un idiot.
    Se faire traiter de populiste c’est comme de se faire traiter d’extrême-droite avec le sous entendu nazi… comme si la droite pouvait être en même temps s’opposer au socialisme et être le national socialisme.

  2. Posté par SD-Vintage le

    Erreur : la majorité des Français sont toujours des lâches : « sentir le vent qui se lève (..) .
Des Français n’ont plus honte d’être français.
 » La majorité si !

  3. Posté par Max93 le

    Bien dit Gilles-William !
    La République le système qui les nourrit et les élit ad-vitam a pourtant été mise en place par des « populistes » et même bien pire , des gueux et des « sans-culottes » sur lesquels ils s’étayent dans leurs déclamations démagogiques . Même pas de leur part un peu de respect historique , la reconnaissance de leur combat existentiel d’assujettis et la reconnaissance du ventre.
    Des mentalités de vrais « petits nobles » installés arrivés -dans le fleuve « politico-média »- …ressuscités.

  4. Posté par Noel Cramer le

    La démocratie directe n’est-elle pas – par son concept- « populiste » ?

Et vous, qu'en pensez vous ?

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