Zemmour condamné: la France, le pays des droits de l’homme qui se tait?

post_thumb_default

 


Eric Zemmour a été condamné, le 3 mai, par la Cour d’appel de Paris, pour provocation à la haine religieuse. En 2016, dans l’émission « C à vous », le journaliste avait notamment dit que la France vivait « depuis trente ans une invasion » et qu’ « une lutte pour islamiser un territoire » se déroulait « dans les innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées ».


Habitué des procès en sorcellerie politique et morale, l’essayiste et polémiste Eric Zemmour a été condamné en appel après avoir tenu au sujet de l’islam des propos apparemment insupportables pour l’esprit ambiant de censure et ses bras armés judiciaires.

Il importe peu de savoir si l’on est d’accord ou pas avec la vision non politiquement correcte et manifestement blasphématoire défendue par l’auteur du Suicide français. La vraie question posée par cet énième procès d’opinion est l’état de la liberté d’expression dans un pays qui, pour s’en vanter abondamment, semble toutefois profondément sinistré dans ce domaine, à un point préoccupant pour la démocratie et les libertés fondamentales.

La France, le pays des droits de l’homme qui se tait

« Il est interdit d’interdire », scandait-on en mai 1968. Pourtant, et tandis qu’on s’efforce de célébrer ad nauseam le souvenir de cette épopée fondatrice d’un gauchisme culturel devenu depuis l’outil idéologique de domination dans la plupart des instances – dont le Syndicat de la magistrature et son tristement célèbre « mur des cons » est un bon exemple -, 50 ans plus tard il semble qu’il soit plutôt bien inspiré de se taire si l’on souhaite éviter les bûchers pour pensée non conforme et non conformiste.

A lire aussi: Georges Bensoussan, le procès d’un innocent ?

Comme Georges Bensoussan, comme Charlie Hebdo, comme Nicolas Dupont-Aignan, comme Pascal Bruckner, comme Mohamed Louizi et tant d’autres harcelés célèbres ou anonymes en raison de leurs opinions, Eric Zemmour fait à son tour les frais de ce que l’on nomme désormais un véritable « djihad judiciaire », – ici lancé par l’association EuroPalestine qui peut entre autres s’enorgueillir d’avoir porté en 2004 la candidature de Dieudonné aux élections européennes -, tendant à faire interdire toute critique de l’islam. L’autre versant majeur de la censure actuelle consiste à verrouiller la pensée sitôt qu’il s’agit d’aborder les questions migratoires sous un jour critique.

L’islamophobie, un blasphème imaginaire

Le moyen soulevé est celui de l’incitation à la haine ou à la discrimination, dont le maniement systématique, voire systémique, ouvre doucement mais sûrement la voie à la reconnaissance d’un délit de blasphème et d’ « islamophobie ». Cette dernière appellation a été abondamment reprise et sans le moindre discernement ni recul critique par les principaux médias après l’énoncé du jugement, du Figaro au Monde en passant par L’Express, alors même qu’on sait désormais combien ce « concept » constitue une ineptie démocratique et intellectuelle, et l’on ne saurait dire si la presse mainstream a agi ainsi par inculture, par bêtise ou par lâche entérinement idéologique de l’inacceptable. L’autre conséquence de cette judiciarisation outrancière de l’opinion publique est la généralisation américanisée et paranoïde du concept de l’ « offense » où chacun se sentira bientôt victime des propos de tous et inversement.

Est-il encore possible de critiquer l’islam ou certaines pratiques liées à l’islam sans être pendu en place de Grève par les maîtres censeurs d’une pensée unique qui n’a de pensée que le nom tant elle répugne à toute forme de dialectique et de contradiction ? A-t-on encore le droit de ne pas apprécier une idéologie ou une religion sans pour autant être psychiatrisé (dans un but de disqualification intellectuelle) en mode prétendument « phobique » ? Peut-on encore véritablement débattre ?

La France pensée mécanique

La police de l’opinion se porte au mieux en France, dans un cadre législatif qui, pour tous les spécialistes de ce domaine, constitue un véritable maquis de censures et d’interdictions, sous couvert de « liberté de la presse » : le régime de la liberté d’expression est en effet réglé par la loi du 29 juillet 1881 dont le nom paraît bien trompeur tant il ne fait en réalité qu’énoncer depuis ses innombrables ajouts et empilements législatifs successifs toutes les restrictions et limitations apportées à ladite liberté.

La judiciarisation du champ contemporain de l’expression (et donc, de facto, de l’opinion) traduit une montée sans précédent du niveau de censure. Les outils privilégiés en sont certes les atteintes à la vie privée, les questions de diffamation et d’injure, mais surtout les allégations d’incitation à la haine qui servent principalement la censure idéologique actuelle.

Facebook, le réseau qui vous la ferme

Dans ce cadre législatif très contraint dont les activistes idéologues ont bien compris tout le bénéfice qu’ils pouvaient en retirer, à travers des actions judiciaires structurées et méthodiques à des fins d’intimidation, la pensée de gauche française, historiquement anti-libérale et liberticide, considérant qu’après tout, il n’y a « pas de liberté pour les ennemis de la liberté », se déploie comme un poisson dans l’eau de la censure. Le gauchisme libertaire des années 1960-70 n’aura quant à lui pas longtemps accepté de tolérer l’expression de ce qui peut le contredire, à travers tout ce qui ose formuler une opinion différente de la sienne sur les questions sociétales dans lesquelles il s’est barricadé, et dont le combat antiraciste des années 1980 est à la fois le paradigme et le corset, en lieu et place de toute pensée politique construite.

A lire aussi: Emmanuel Macron et la « fake » liberté d’expression

Et comme si tout ce maquis d’interdits ne suffisait pas, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’une loi à venir sur les fake news, sorte de superstructure mondiale de la censure, et qui aura pour principal effet de faire interdire les expressions d’opinions déclarées fausses par des magistrats érigés en nouveaux experts ès vérité, ès dogme, en l’occurrence le juge des référés qui pourra statuer en urgence en période électorale et faire ainsi interdire certains contenus : cette disposition extrêmement inquiétante, dans un pays qui a vu la fermeture massive de plusieurs dizaines de milliers de comptes Facebook entre les deux tours de la dernière élection présidentielle, ou qui vient de voir la suppression du compte Facebook de Génération identitaire, en dehors d’ailleurs de toute action judiciaire, par l’entreprise d’un Mark Zuckerberg devenu pourvoyeur mondial de moraline, laisse entrevoir un rétrécissement encore plus spectaculaire de la liberté d’expression à l’avenir, réduite peu à peu à peau de chagrin, prise entre le marteau religieux, l’enclume politique et l’embastillement moral.

 

Extrait de: Source et auteur

Suisse shared items on The Old Reader (RSS)

5 commentaires

  1. Posté par Claire le

    Il y a bien longtemps que la France n’est plus le pays des droits de l’homme. Grâce aux lois liberticides pondues depuis les années 70*, elle est devenue droit-de-l’hommiste, c’est-à-dire, tenante d’une idéologie gauchiste, mondialiste, immigrationniste et islamophile, qui élimine tous ceux qui ne pratiquent pas la novlangue et qui ne se plient pas à la dite idéologie. La liste de ces derniers est longue, mais les juges rouges de la 17ème chambre ne sont pas rebutés par l’effort! (* pour mémoire: loi Pleven 1972, Gayssot 1990, Perben 2004, Taubira 2014, et Macron est en train de concocter une mouture new look pour contrôler les médias, sous prétexte de faire la chasse aux fake news et autres bobards, que les médias aux ordres pratiquent pourtant assidûment lorsqu’il s’agit de le servir!).

  2. Posté par Anna le

    Robert, si vous vendez tout et vous cassez, qui va défendre la France ? Il faut faire de la résistance.

  3. Posté par Maurice le

     » Comme Georges Bensoussan, comme Charlie Hebdo, comme Nicolas Dupont-Aignan, comme Pascal Bruckner, comme Mohamed Louizi et tant d’autres harcelés célèbres ou anonymes en raison de leurs opinions, Eric Zemmour fait à son tour les frais de ce que l’on nomme désormais un véritable «djihad judiciaire».  »
    Oh ben, il y en a encore plein d’autres ; y z’ont encore du pain à broyer sur la planche :
    https://mars-infos.org/cartographie-de-l-extreme-droite-2231
    http://ymobactus.miaouw.net/labo-top-politiques.php?mode=followers&liste=tous&tendance=ExtremeDroite

  4. Posté par Vautrin le

    Que croyez-vous ? Que les banquiers aiment la « démocratie » au point de laisser les gens s’exprimer ? Allons ! Allons ! Le gaucho-fasciste antifa-block, on le laisse casser et vandaliser : il sert. Mais le patriote ? Lui, il casse le métier, en montrant que l’envahisseur c’est calamiteux pour le pays. Alors, comme « on » veut des soumis, on fait taire les pas-d’accord.
    « La politique c’est toujours plus ou moins la guerre entre les salauds et les fous. Ce qui complique…les fous parfois un peu salauds et les salauds plus ou moins fous. » (Boudard dans « Cinoche »)

  5. Posté par Robert le

    Désolé mais la France n’est plus la France c’est plus mon pays j’ai honte d’etre Français.
    D’ailleurs je vend tout et je me casse .

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.