Trois questions à Alexandre del Valle sur la situation actuelle en Turquie

 

(0:10) Existe-t-il un lien entre Erdogan et les Frères musulmans ?

Oui. Il vient du Millî Gülüş, mouvement qui est le pendant turc des Frères musulmans. Ceux-ci veulent un califat arabe, celui-là un califat dirigé par la Turquie. Pour l’instant, leur objectif est le même : détruire les régimes laïcs. Erdogan, comme les Frères musulmans, déploie partout (Moyen-Orient, Afrique du Nord, Occident) une stratégiede défense des musulmans.

(2:00) Comment les Turcs perçoivent-ils Erdogan ?

Très bien. C’est une bête politique, qui réussit toujours à se relever.

Les nouvelles élites bourgeoises sont à la fois les artisans de la réussite économique et de sa réislamisation. C’est cela le secret d’Erdogan : il a multiplié presque par dix le niveau de vie des Turcs depuis qu’il est au pouvoir.

Il joue sur la fibre nationaliste. La Turquie, pourtant un grand pays, se sent comme un pays dépecé, depuis que le traité de Sèvres (après la Première Guerre mondiale) a dépossédé l’Empire ottoman de ses territoires dans le Moyen-Orient arabe et en Europe (Grèce, Balkans).

(4:40) Y a-t-il un risque à investir en Turquie ?

Non, pas dans l’immédiat. La Turquiene sera plus jamais celle qu’on a connue. Elle se désoccidentalise et se réislamise. Mais économiquement elle s’est libéralisée.

Cela deviendrait risqué s’il y avait une guerre, mais qui peut faire la guerre à la Turquie aujourd’hui ?

Résumé Cenator pour LesObservateurs.ch

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