Bombardements en Syrie : punition… ou gesticulation ?

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« Pendant la nuit, sur décision du président de la République, une opération militaire conjointe avec nos alliés américains et britanniques a visé un centre de recherche et des sites de production et de stockage du programme chimique clandestin du régime syrien. » Ainsi parlait le 14 avril Florence Parly, ancien haut cadre (surpayé : 52 000 euros par mois) de la SNCF curieusement promu ministre de la Défense.

Diable ! Mais si des entrepôts d’armes chimiques, ces « armes horribles » (cf. Jean-Yves Le Drian) dont l’utilisation présumée par Bachar el-Assad lui aurait fait franchir la « ligne rouge » et donc justifié le châtiment infligé par les Alliés, si ces entrepôts, donc, ont été anéantis et rasés, comment éviter la prolifération des poisons ? Comme me l’écrit un mien ami, contre-amiral de son état : « Si les armes toxiques étaient réellement connues et visées, l’attaque est immorale (dégâts collatéraux). Si les attaquants savent que la Syrie ne disposait pas de telles armes qui, lors du dernier raid qu’on lui reproche, n’auraient d’ailleurs tué qu’une cinquantaine de personnes, cette attaque n’est qu’un mensonge de plus. Y a-t-il eu propagation de gaz toxiques ? Si oui, ni les attaquants, qui ne veulent pas être accusés de crime de guerre, ni les attaqués qui préfèrent, eux, minimiser les dégâts pour ne pas reconnaître l’existence d’un potentiel chimique, n’ont intérêt à en parler. »

Un timing calculé

Bref, malgré les déclarations de Mme Parly, de son collègue Le Drian et du général Lecointre, chef d’état-major des armées et enfin du président soi-même sur BFMTV, on ne sait pas grand-chose.

Sinon que le Kremlin avait été dûment averti de l’opération conjointe anglo-franco-américaine sur ces sites – d’où tous les personnels avaient été évacués trois jours plus tôt. Et que ladite opération a débuté quelques heures après l’annonce par Damas de la reprise totale par les forces loyalistes de l’enclave de Douma et du bastion djihadiste de Douma. Comme si les alliés avaient voulu s’assurer, avant de frapper – sans autorisation ni mandat de l’ONU, ni d’ailleurs des parlements des démocraties justicières –, que Bachar el-Assad avait bien fini le boulot et qu’il était restauré dans son autorité. Dès lors, pourquoi le son et lumière syrien, pour lequel l’Elysée avait à lui seul mobilisé trois de nos cinq frégates multimissions, une frégate anti sous-marine, une frégate antiaérienne, un pétrolier ravitailleur, cinq Rafale, quatre Mirage 2 000-5 et deux avions de surveillance aérienne Awacs, ainsi que cinq avions ravitailleurs ?

Des blasons à redorer

A croire que, pour chacun des trois assaillants, il s’agissait avant tout de redorer son blason.

Cerné par les enquêtes sur la part éventuellement prise par la Russie à son élection, Donald Trump avait tout intérêt à démontrer qu’il ne doit rien à Vladimir Poutine puisqu’il le défie en s’attaquant militairement à son protégé Assad. Empêtrée dans les modalités de sortie de l’Europe et blâmée pour le silence observé par son parti sur les viols raciaux de Telford, la Britannique Theresa May escompte un regain de popularité, comme celui dont avait bénéficié Margaret Thatcher en 1982 après sa démonstration de force sur les îles Malouines (ou Falkland) revendiquées par la proche Argentine et qui comptent moins de 3 000 habitants. Enfin, bien empêché d’employer sa foudre contre les grévistes de la SNCF, les zadistes de Notre-Dame des Landes et les bloqueurs d’universités, notre Jupiter national l’a jetée sur la Syrie. Avec, « en même temps », l’espoir que les djihadistes « français », tous sunnites, lui sauront gré de la leçon administrée au régime de l’impie el-Assad, ce misérable alaouite soutenu par l’Iran. Et qui lui aussi, soit dit en passant, peut tirer profit de l’agression étrangère, de nature à resserrer autour de lui un peuple profondément nationaliste.

Alors, beaucoup de fracas pour rien que ces 150 frappes alliées sur la Syrie ? « Il faut tenir compte du symbole », a expliqué une source élyséenne. Un symbole qui, en l’occurrence, nous a coûté cher. Plusieurs dizaines de millions d’euros, alors que, très grand prince, le ministre de la Santé Agnès Buzyn avait promis voici deux mois une rallonge de sept millions d’euros pour les EHPAD, établissements réservés aux personnes âgées dépendantes dont le nombre explose.

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