EXCLUSIF. France: Les noms de 2 626 agents du renseignement aux mains d’une radicalisée

Des fichiers sensibles ont été trouvés sur la clé USB d'une jeune femme, actuellement entendue dans l'enquête sur l'attentat djihadiste de Magnanville.

L'information est connue des autorités depuis un an mais était traitée avec la plus stricte confidentialité. En avril 2017, une jeune femme, Mina B., fichée S, est entendue dans le cadre d'une enquête judiciaire portant sur ses liens avec la mouvance radicale. Lors de son audition, Mina s'épanche. La police va alors découvrir des informations si sensibles qu'elles feront l'objet d'une seconde enquête préliminaire…

Interrogée par les policiers, la jeune femme, placée depuis en détention provisoire, reconnaît en effet avoir aidé financièrement et hébergé en septembre 2016 Sana O., une connaissance. Cette dernière, très radicalisée, est privée de son passeport après avoir tenté à deux reprises de rejoindre la Syrie. Selon nos informations, Mina B. aurait participé aux projets de son amie en l'accompagnant au moins une fois à la gare.

Des contacts avec des djihadistes

Les policiers vont perquisitionner son domicile et y découvrir un téléphone portable, dont Mina B. se servait pour effectuer des recherches sur un terroriste belge de la cellule de Verviers, aujourd'hui démantelée. Cette cellule, qui projetait des attentats contre des policiers et des commissariats, avait été visée par un coup de filet antiterroriste le 15 janvier 2015, une semaine après l'attentat contre Charlie Hebdo.

Deux djihadistes avaient été tués lors de l'opération, un troisième blessé. Un quatrième homme, considéré comme le cerveau de la cellule, avait pris la fuite et quitté le pays. Son nom est devenu tristement célèbre : il s'agit d'Abdelhamid Abaaoud, coordinateur des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, et mort dans l'assaut de Saint-Denis cinq jours plus tard.

Clé USB

Les enquêteurs vont poursuivre leurs recherches et trouver sur l'ordinateur de Mina B. un certain nombre de photographies et de discussions sous pseudonyme, montrant que la jeune femme est en contact avec plusieurs djihadistes sur zone. Surtout, ils vont mettre la main sur une clé USB remplie de documents et fichiers de police sensibles, comprenant notamment une liste… de 2 626 agents du renseignement.

Cette liste, que Mina avait pris le soin d'effacer, date de 2008. Elle correspond à des policiers affectés à la Direction de la surveillance du territoire (DST) et aux Renseignements généraux (RG), au moment de la création de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), qui a fusionné en partie les deux entités. Cette direction a été remplacée en 2014 par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). De très nombreux policiers de l'époque présents sur la liste sont toujours en fonction. D'autres ont quitté le renseignement. D'autres enfin ont rejoint la DGSI et ne figurent donc pas sur cette liste.

Rebondissement

La découverte de ce document va conduire le parquet de Paris à ouvrir une seconde enquête préliminaire, et à mettre Mina B. en examen en octobre 2017. Avec cette principale question, terrifiante à l'heure où des policiers sont pris pour cible : comment Mina B. s'est-elle procuré ces fichiers ? La réponse pourrait bien être connue dans les prochaines heures.

Car ce lundi 9 avril 2018 s'est produit un incroyable rebondissement. La jeune femme a été extraite de sa cellule de Fresnes pour être interrogée par la sous-direction antiterroriste (Sdat) sous le régime de la garde à vue, dans le cadre de l'enquête ouverte sur l'attentat de Magnanville. En juin 2016, un policier Jean-Baptiste Salvaing et sa compagne Jessica Schneider ont été assassinés dans leur propre maison par Larossi Aballa.

Une policière des Yvelines entendue

Cinq autres personnes sont actuellement entendues par la Sdat, dont une policière, ancienne déléguée départementale du syndicat Alliance dans les Yvelines. Selon L'Express, Mina était une amie de la fille de la policière et aurait été hébergée à leur domicile, courant 2016. Le magazine ajoute : « Mina fait partie des suspects entendus par les policiers de la Sdat, au même titre que son frère, décrit comme un proche de Larossi Aballa. »

La jeune femme a-t-elle profité de son incursion dans l'entourage de la policière pour obtenir cette liste confidentielle d'agents du renseignement ? Le parquet ne souhaite pas commenter ces informations. En 2016, la fonctionnaire avait déjà fait l'objet d'une enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour avoir hébergé Mina, fichée S. Mais les investigations, précise L'Express, avaient conclu à l'absence d'infractions.

Source

3 commentaires

  1. Posté par Antoine le

    La Sécurité dépend d’un très grand nombre de facteurs:
    – Humains
    – Matériel
    – Circonstances et hasard
    – Recherches systématiques et statistiques
    – etc …
    Lorsqu’on découvre un fichier effacé sur une clé USB d’une fichée  »S », il y a beaucoup de soucis à se faire !!
    1) Le cercle des personnes de confiance
    2) Personnes habilitées à accéder et diffuser ces informations (très) sensibles
    3) Utilisation du matériel informatique et accès au bases de données (Data Base – DB)
    La France est en guerre sur le terrain (Afrique et Moyen-Orient) et aussi en métropole !!
    Ne l’oublions surtout pas !
     »Les murs ont des oreilles » –> très d’actualité (WWII) !!

  2. Posté par SD-Vintage le

    Mina est une traditionaliste catholique bien entendu.
    « En 2016, la fonctionnaire avait déjà fait l’objet d’une enquête (…) pour avoir hébergé Mina, fichée S. Mais les investigations, précise L’Express, avaient conclu à l’absence d’infractions »
    elle avait donc été laissée en poste ?

  3. Posté par Léo C le

    Il ne peut s’agir de complicité. Naturellement.
    Comme il n’y a aucun muzz dans les forces publiques, pourquoi l’évoquer ?

    Que des fichiers sensibles se retrouvent aux mains de ces crapauds est effrayant. Vus nos moyens, c’est sans issue. On est vraiment à la ramasse.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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