L’Ecole-club Migros forme les futurs citoyens suisses

Citoyenneté  Des cours de préparation à la naturalisation sont donnés depuis peu en Suisse romande par l’École-Club Migros. Reportage.

(La légende de l'image qui accompagne l'article des 24Heures: Les «faiseurs de Suisse» font peur aux candidats à la naturalisation, qui veulent être le mieux préparés possible. Image: Dominique Smaz)

Benjamin Keller

Dans la salle numéro 205 de l’École-club Migros à Lausanne, douze personnes prennent part à un cours un peu spécial en ce samedi matin. Ils ne sont pas là pour apprendre l’anglais ou l’informatique. Ils sont là pour devenir Suisses. L’objectif est inscrit au feutre sur un tableau blanc: «Répondre à des questions sur la Suisse lors de l’audition de naturalisation.» Répartie sur trois demi-journées, cette formation insolite qui coûte 240 francs est dispensée depuis l’an dernier en Suisse romande. Histoire, institutions politiques, droit, économie, géographie, culture, santé: tout est passé au crible.

Peur de l’audition

Comme à l’école, les participants sont assis en «U» autour du professeur Nicolas Gury, un formateur d’adultes diplômé en lettres et sciences humaines. Tour à tour, chacun d’entre eux se présente et livre ses motivations.  [...]

Les «faiseurs de Suisse» et le durcissement de la loi depuis le 1er janvier 2018 font peur. Notre voisine de table nous chuchote que c’est en partie suite aux affaires de candidats recalés à Nyon (VD) qu’elle s’est inscrite…

[...] «Ce sont de beaux projets, nous allons y arriver ensemble», encourage le prof («Vous m’appelez Nicolas»), avant de citer Kennedy: «Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays.»

Au menu de la matinée: histoire suisse, vaudoise, et présentation des institutions politiques. «Qui a des notions d’histoire helvétique?» interroge Nicolas Gury. João, un père célibataire originaire d’Angola, lève timidement la main: «Le 1er Août?»[...]

Guillaume Tell? Il n’a jamais existé en tant que personnage historique.

Les aspects sensibles de l’histoire suisse ne sont pas évités. Les juifs refoulés aux frontières pendant la Seconde Guerre mondiale, les achats d’or nazi et les fonds en déshérence sont évoqués. «On reproche aux Suisses d’avoir prolongé le conflit», expose en toute honnêteté le formateur. D’autres questions sont plus anecdotiques mais franchement pointues, comme celle de savoir ce que signifie tunnel «de base» du Gothard. Si c’était nous à l’audition, nous aurions séché…

En un peu moins de deux heures, toute l’histoire suisse est résumée, de l’époque des mercenaires à l’adhésion à l’ONU, en passant par les conséquences de la Révolution française et la grève générale de 1918. Reste une heure pour survoler l’histoire vaudoise et aborder le fonctionnement des institutions. Le découpage administratif de la Suisse et le fédéralisme donnent des sueurs froides aux participants. [...]

«La Suisse m’a guéri»

À la sortie, João tient absolument à nous parler. «Quand je suis arrivé en Suisse en 2004, j’étais malade, vraiment malade, raconte-t-il avec émotion. La Suisse m’a accueilli, m’a guéri, m’a nourri et m’a donné un toit. Tout ce que j’ai reçu, j’aimerais le donner en retour. Je voudrais travailler dans l’humanitaire, m’occuper des personnes âgées. J’ai un certificat de la Croix-Rouge. Mais j’ai de la peine à trouver du travail dans ce domaine. Obtenir la nationalité m’aiderait à réaliser mon rêve.» (24 heures)

Créé: 09.04.2018, 07h31

7 commentaires

  1. Posté par conrad.hausmann le

    Cette coopérative veut s’occuper de citoyen de la naissance à la mort, c’est une entité totalitaire. Après avoir tué les petits commerces, elle va certainement tuer la pharmacie. Mais comme c’est une coop. elle fait vivre la « culture et le sport » mais par nécessité, et sa pub. finance la RTS….Chaque semaine j’ai à subir sa pub. TV et sur Internet et son journal : Trop c’est Trop !

  2. Posté par Charles Alexis le

    – João, vous n’êtes pas encore mon compatriote et pourtant, je vous aime déjà !
    – Nicolas, vous n’insistez pas assez, à mon goût (de formateur d’adultes), sur notre passé-présent de salauds-de-suisses. Vous conviendrez, peut-être que c’est une accroche efficace pour votre public-cible !
    – Migros, vous n’aurez pas ma haine !
    Sincèrement, j’ai hâte de découvrir à l’avenir des Têtes de Babtous (au choco blanc!), de la Longeole de dinde, de la Lingerie transgenre pour enfants ainsi que des Peluches et Bougies Véganes au rayon Soumission du supermarché le plus proche.

  3. Posté par bonardo le

    Ne plus aller à la Migros un point c`est tout.

  4. Posté par Carole le

    Mais depuis longtemps ils accueillent les migrants dans leurs écoles… nous sommes plusieurs à les boycotter d’ailleurs. Nous, nous devons payer . Nous devons leur payer leurs cours (c’est la confédération qui paie, donc nous …) Et nous sommes nombreux à ne pas avoir les moyens de fréquenter cette école. Il faut les voir en bandes à l’heure de sortie… Un prof a même dit qu’à part téléphoner pendant les cours malgré l’interdiction… Ça Skype…

  5. Posté par Bussy le

    Depuis 2004, frais de guérison, nourriture et logement….. c’est le grand moment qu’il pense à rembourser, mais il n’avait pas besoin d’attendre d’être Suisse pour ça….
    Et père célibataire…. sont plan a raté avec une Suissesse… qui s’est barrée en lui laissant l’enfant ?

  6. Posté par Aude le

    Moyennant finance, ces cours, ou c’est payé par la Confédération?
    Voici, voilà, les nouveaux faiseurs de Suisse. LA MIGROS.
    Pas étonnant, c’est là qu’ils recrutent une bonne part de leur personnel!

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