Zimbabwe : un après-Mugabe rhodésien ?

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L’éviction du dictateur marxiste Robert Mugabe, en novembre dernier, a sonné comme une libération pour un Zimbabwe aux liens depuis son indépendance. A la fin de la Rhodésie qui, seule et contre tous, avait tenu dix ans grâce à Ian Smith et aux Zelous Scouts, Mugabe a mis le pays en coupe réglée, s’appliquant d’abord à poursuivre de sa haine raciste les fermiers européens, garants pourtant de l’économie d’un pays qui, bien géré, serait un modèle pour l’Afrique.

En 2000, Mugabe en avait remis une couche en décrétant une « réforme agraire ». A savoir la confiscation des terres encore gérées par des Blancs et leur redistribution à ses amis politiques. Une « redistribution » qui s’accompagna de l’assassinat d’une vingtaine de fermiers blancs. Ce que Mugabe assuma et justifia. En août 2017, alors que se profilait sa mise à l’écart, il crut se relancer en recommandant l’immunité des assassins : « Les Blancs ont été tués quand ils ont résisté. Nous ne poursuivrons jamais ceux qui les ont tués. »

Avec cette précision : « Aucune décision judiciaire ne s’opposera à la manière que nous avons utilisée pour obtenir la terre. Après tout, cette terre est nôtre par notre naissance. Elle est nôtre par nos droits. Elle est également nôtre par notre lutte. » Tous les Rhodésiens blancs pourraient dire la même chose. A cette nuance près que cette terre, eux, ils en avaient fait de quoi nourrir tout un pays…

En 1996, le nombre de tracteurs utilisés était de 25 000. Ils sont de 5 000 aujourd’hui. Et, selon des observateurs occidentaux, « dans les champs distribués à la majorité noire, il est fréquent de voir des hommes labourer avec des bœufs ».

A la fin de l’an dernier, Perence Shir, ministre de l’Agriculture du gouvernement d’Emmerson Mnangagwa, tombeur de Mugabe, a donné des gages – au moins oraux – aux fermiers blancs. De son côté, le ministre des Terres a décidé d’étendre de 5 à 99 ans la durée du bail des fermiers blancs encore en activité. D’où l’optimiste de certains, qui pensent que le nouveau gouvernement va faire en sorte que « les personnes compétentes puissent retourner dans les fermes ». Et la prudence d’autres, comme Ben Gilpin, directeur du Syndicat des fermiers : « Nous avons vu la lettre [du ministre] et nous avons demandé des clarifications.

Des gens se sont rendus dans plusieurs bureaux et n’ont toujours pas obtenu de réponses. »

A la fin des années 1990, le Zimbabwe-Rhodésie était le grenier à céréales du continent, l’un des premiers exportateurs de tabac au monde (les petits cigares rhodésiens sont excellents), avec des terres riches où poussent le maïs, le soja, les pommes de terre. Les fermes furent distribuées aux complices de Mugabe. Qui les ont laissées à l’abandon. Par désintérêt ou manque de savoir-faire. Les plus lucides se sont associés à des fermiers blancs en échange d’une allocation mensuelle indexée sur les profits. Ils n’ont pas eu à s’en plaindre.

Le discours de l’après-Mugabe est clair : « Cette terre, par le passé, a été prise en otage pour régler des comptes. Cette ère est révolue, nous devons passer à autre chose. » Echaudés, les fermiers blancs de la diaspora vont-ils faire le pari d’un Zimbabwe apaisé ? A suivre…

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