Une nouvelle Miss France a été élue samedi soir : Maëva Coucke est rousse, une première qui devrait réjouir les militants de l’« antiroussisme », c’est-à-dire le racisme anti-roux. Mais l’anti-racisme est un meuble à tiroirs. Maëva Coucke a voulu persuader les téléspectateurs de voter pour elle avec cet argument : « Après une blonde, une brune, une miss à la crinière de lionne… Pourquoi pas une rousse ? » Argument qui a été immédiatement signalé comme raciste sur les réseaux sociaux au motif que la miss à la crinière de lionne, Alicia Aylies, est d’origine guyanaise. Non seulement les anti-racistes sont gens susceptibles, mais en plus ils comprennent mal le français. Une crinière de lionne est une coiffure qui peut orner toute tête, peu importe sa couleur.

Une nouvelle branche du Roman de Renart s’écrit là. Ce n’est plus Renart que Noble le lion appelle à comparaître pour être jugé : c’est son épouse, la rousse Hermeline, qui est accusée de lèse-majesté à l’encontre de Fière, la reine lionne. « Madame Fière l’orgueilleuse, / Qui moult estoit courtoise et belle… » Que resterait-il, d’ailleurs, du Roman de Renart si on l’expurgeait de l’antiroussisme… alors que le héros est roux ? Lorsqu’ils en ont après le goupil, et Dieu sait s’ils ont des raisons de lui en vouloir, les animaux n’y parlent pas à mots couverts. « Renart, cestui mauvais blagueur, / Ce roux puant, sale tricheur », dit par exemple Bruyant, le taureau. Cette histoire de reines de beauté rousses ou léonines enseigne à ceux qui en douteraient encore qu’on était beaucoup plus libre de parole et d’opinion dans les années 1170.

Cet article Reines de beauté et anti-racisme : la rousse et la lionne est apparu en premier sur Présent.

Extrait de: Source et auteur

Suisse shared items on The Old Reader (RSS)