Le retour des enfants djihadistes

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Endoctrinement

Les enfants sont de retour de la guerre

Pour la première fois, une nation occidentale, la France, fait face au rapatriement de mineurs devenus parfois soldats. Beaucoup craignent qu’ils ne soient devenus des bombes à retardement. […]

Elles sont rentrées chez elles à Lyon, il y a huit mois de cela. Meriem* (6 ans) et Feriel* (8 ans) sont des «enfants de Daech», terme qui déplaît fortement aux familles, car très stigmatisant. Les deux sœurs ont retrouvé Rachid*, leur père, après trois années passées en Syrie. «Elles vont plutôt bien, dit le papa. A l’école, tout le monde sait où elles sont allées, les choses ont été expliquées.»

Fadila*, leur mère, l’ex-épouse de Rachid, qui s’est radicalisée, a rencontré Tony*, un converti. En 2014, le couple s’envole depuis Genève pour Istanbul. Puis il rejoint Raqqa, capitale du califat. Ils emmènent quatre enfants: Meriem et Feriel, Ines*, la fille que Tony a eue d’un premier mariage, et Adil*, un bébé qu’ils ont tous deux conçu. Tony disparaît en 2015, probablement tué lors de combats.

En 2017, Fadila rentre avec ses deux filles et Adil. Elle est incarcérée à la prison de Fleury-Mérogis. Meriem et Feriel sont rendues à leur père. Adil est dirigé vers une famille d’accueil. Mais aucune nouvelle d’Ines. Fadila reste muette à son sujet. «L’enfant a été sans doute placée, donnée ou vendue par le père de son vivant ou par Fadila qui a voulu s’en débarrasser», confie Me Gabriel Versini, l’avocat de Rachid.

Familles en détresse

Il y a en Syrie beaucoup d’enfants dont on a perdu la trace, plongeant des familles dans la détresse. «A son retour, Fadila était enceinte d’un combattant. Les femmes là-bas avaient pour rôle, avant tout, de faire des enfants», indique l’avocat. […]

«Elles ont été laissées dans un total abandon éducatif et récréatif et les rares activités excluaient les enfants de l’autre sexe», poursuit l’avocat. Les fillettes, à leur retour, refusaient de rencontrer ce dernier parce que c’était un homme. […]

Gestion des retours au cas par cas

La France est le pays européen qui enregistre le plus grand nombre d’enfants du groupe Etat islamique (EI). Ils sont estimés à 500 en Syrie et en Irak. Des filles et des garçons emmenés par des parents ou enlevés à leur famille par le père ou la mère. Alors que Daech recule militairement partout au Levant, la question se pose du devenir de ces mineurs. Certains nés sur place n’ont pas de papiers français, beaucoup ont été endoctrinés et ont assisté à des mises à mort, certains ont pu commettre des exactions forcées et peuvent constituer un danger potentiel.

Le président français, Emmanuel Macron, a parlé la semaine passée d’une gestion de ces retours au cas par cas. «Nous avons des échanges permanents avec la justice irakienne, que nous reconnaissons. Quand des crimes sont identifiés comme ayant été perpétrés par des ressortissants français, ces derniers doivent être jugés. Et lorsqu’ils reviennent en France, les adultes sont soumis à notre justice, sont incarcérés et seront là aussi jugés», a-t-il déclaré.

Suivi particulier

[…] Selon des chiffres du gouvernement, 1700 Français ont rejoint les zones djihadistes irako-syriennes depuis 2014; 300 sont revenus en France, dont 178 hommes (120 ont été écroués) et 66 femmes (14 sont en prison); 58 mineurs sont déjà rentrés, la plupart ayant moins de 12 ans.[…]

Florence Parly, la ministre des Armées, a elle-même dit: «Tant mieux si ces djihadistes meurent au combat. Et s’ils tombent entre les mains des forces syriennes, ils dépendront de la juridiction syrienne.» C’est la crainte de Margaux, originaire de Nantes. Elle a rejoint Raqqa en 2013 avec sa fille, s’est mariée là-bas trois fois, a eu deux autres enfants. [...]

Les djihadistes de retour «plus déçus que repentis»

Le procureur de Paris, François Molins, estime que les djihadistes de retour «paraissent plus déçus que repentis» et craint que les mineurs ne deviennent «de véritables bombes à retardement». Des images sont, il est vrai, tenaces, mettant en scène ceux que Daech nomme «les lionceaux du califat». Comme la vidéo du neveu de Mohamed Merah, le tueur de Toulouse et Montauban, âgé de 12 ans, qui exécute en Syrie un otage avec un pistolet. Ou ce film de propagande montrant 25 mineurs qui, dans le théâtre de Palmyre, abattent des prisonniers d’une balle dans la tête.

Ils sont nombreux, dans la classe politique française, à proposer l’abaissement de la majorité pénale à 16 ans pour juger ces mineurs. […]

[…]

Le sociologue Moussa Khedimellah, spécialiste des questions d’intégration, salue ce pas. Il a déjà formé 150 personnes (médecins, éducateurs, psys, assistantes sociales), qui accompagneront ces enfants et adolescents. […]

La sénatrice parisienne Esther Benbassa, auteur d’un rapport sur le désendoctrinement […]

«Déconstruire» l’extrémisme

Laura Passoni, native de Charleroi, illustre cette forme de reconversion. La jeune femme a rejoint l’EI en 2014 avec son fils, Nassim, et son recruteur, qui deviendra son mari. «Il voulait se battre contre Bachar el-Assad, moi je m’imaginais infirmière soignant les combattants et les orphelins», raconte-t-elle. Mais elle vit recluse à Raqqa, dans une madâfa (maison de femmes), fait la cuisine, le ménage, doit procréer (elle aura un autre enfant). L’éducation de Nassim est prise en charge par des «frères». Ils l’emmènent à la mosquée malgré les bombardements, lui offrent des confiseries mais aussi des armes en plastique et une cagoule. Il rentre à la maison avec un ours en peluche et un couteau, des jouets qui servent à apprendre à égorger.

[…]

* Prénoms fictifs

Christian Lecomte

Article complet : Le Temps

 

4 commentaires

  1. Posté par J-J. le

    Ce qui dépasse tout entendement réside dans le culot et l’arrogance de cette m…..! Non mais imaginons (et pourtant ce n’est pas de la fiction, bien au contraire) tu vas rejoindre volontairement un groupe de chiures arriérées, profiteuses, fascistes, intolérantes au possible, assassins d’innombrables innocents et haineuses de la civilisation qui t’a nourrie, entretenue etc… pendant que ce p….. de groupe a le vent en poupe…. une fois ce succès terminé et la débandade venue, tu as l’audace de revenir dans le pays que tu aurais souhaité voir détruit de A à Z avec tous les habitants ne correspondant pas à tes critères fascistes arriérés …. tu chies des gossesà tout rompre, endoctrinés pour mordre la main qui va les nourrir et tu as l’outrecuidance d’accepter l’obole de ceux que tu hais et que tu as appris à haïr à tes étrons de mioches…. euuuuh c’est moi ou c’est contre nature????

  2. Posté par Corto. le

    Nul besoin de faire référence à ceux qui reviennent de Syrie ou d’Irak, ils ont des millions de petits « frères » en France, en Belgique et dans le reste de l’Europe. N’oublions surtout pas que la majorité de ces enfants de djihadistes ont des parents « français », « suisses », « belges » et européens !!

    Que bon nombre de djihadistes français ont menés leurs massacres en Syrie et en Irak grace aux nombreuses allocations « sociales » qu’ils touchent encore aujourd’hui alors qu’ils sont connus des administrations françaises, en quelque sorte, c’est la République française qui a financé et finance le djihad franco-islamiste !

  3. Posté par Antoine le

    Cela va fonctionner comme la déradicalisation, résultat ZERO !
    Il ne faut pas s’apitoyer sur ce genre de population.
    Elle doit être emprisonnée dans des camps de rétention en Syrie ou en Libye gardé avec des gardiens de prisons privés.
    Durée de l’emprisonnement : à vie ou durée indéterminée (très longtemps)
    On ne veut pas de cette racaille en Europe.

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