«Personne ne nous a soutenus» : très critique envers Washington, le président kurde démissionne

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C'est dans un discours plein d'amertume que le dirigeant du Kurdistan irakien Massoud Barzani a annoncé sa démission le 29 octobre, peu après que le Parlement irakien a accepté sa requête de ne pas prolonger son mandat au delà du 1er novembre.

«Personne ne ne nous a soutenus en dehors de nos montagnes», a regretté Massoud Barzani dans une allocution télévisée citée par Reuters, en référence à l'absence de soutien international dont ont disposé les Kurdes irakiens après leur référendum d'indépendance du 25 septembre. Seul Israël avait officiellement soutenu les efforts du peuple kurde à la création d'un Etat indépendant.

«Trois millions de personnes se sont prononcées pour l'indépendance du Kurdistan et ont écrit l'Histoire. Cela ne peut pas être effacé», a-t-il cependant ajouté.

«Pourquoi est-ce que Washington veut punir le Kurdistan ?»

Parmi les événements qui lui ont laissé un goût amer, Massoud Barzani a vertement critiqué le fait que les Etats-Unis permettent à l'armée irakienne d'utiliser des chars Abrams contre les Kurdes, alors qu'ils les avaient initialement fournis pour combattre l'Etat islamique. «Sans l'aide des peshmergas, les forces irakiennes n'auraient pas pu libérer Mossoul des mains de Daesh», a-t-il tenu à rappeler, avant de se demander : «Pourquoi est-ce que Washington veut punir le Kurdistan ?»

En dehors des Etats-Unis, Massoud Barzani a gardé une dent contre Jalal Talabani, dirigeant de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) – le parti kurde rival de celui qu'il dirige – mort début octobre. Selon lui, ce dernier a été coupable de «haute trahison» pour avoir abandonné Kirkouk et ses champs pétroliers sans combattre aux forces irakiennes.

Massoud Barzani a d'ailleurs estimé que l'offensive lancée par l'armée irakienne le 16 octobre et le refus du gouvernement irakien d'ouvrir le dialogue concernant l'indépendance du Kurdistan étaient des signes indiscutables que «l'Irak ne cro[yait] plus aux droits des Kurdes».

Réagissant à la déclaration d'indépendance des Kurdes de fin septembre, qu'il ne reconnaît pas, Bagdad a lancé une opération militaire le 16 octobre pour reprendre le contrôle de la région pétrolifère de Kirkouk, que les Kurdes contrôlent depuis 2014. Si les deux parties appellent à une solution pacifique, le gouvernement irakien refuse catégoriquement toute négociation sur les velléités d'indépendance kurdes. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 61 000 personnes ont fui Kirkouk et ses environs pour échapper aux combats.

Lire aussi : 61 000 Kurdes fuient Kirkouk, le Kurdistan indépendant «appartient au passé», selon Bagdad

 

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2 commentaires

  1. Posté par Pierre-Alain Tissot le

    Oui, peut-être prématuré, mais depuis bientôt un siècle ! Serait-ce-t-il jamais le bon moment ?
    Pourtant les Kurdes ont droit à l’indépendance depuis le traité de Sèvres de 1922, mais malheureusement, c’est sans compter avec l’appétit arrogant des Turcs, des Iraniens et des Arabes, encouragés par la tartuferie, maintenant doublée d’ingratitude, de l’Occident.
    Néanmoins, félicitations à Israël, seule nation soutenant la cause kurde, et encouragements aux Etats-Unis à maintenir leur aide aux Kurdes malgré leur récent revirement et vive le Kurdistan !
    Par ailleurs, à côté du Kurdistan, dans la plaine de Ninive, il faudrait aussi établir un état indépendant chrétien, pour les Assyro-Chaldéens, alliés des Kurdes et de l’Occident.

     » Je m’en remets à la sagesse de Dieu
    Les Kurdes, dans l’Etat du monde
    Pour quelles raisons restent-ils privés de leur droit ?
    Pourquoi sont-ils opprimés ?
    Par leur caractère de lions
    Ils ont pourtant conquis la cité de la renommée
    Occupés les contrées de la gloire
    Chacun de leurs princes est un Hatem (héros arabe célèbre pour sa générosité)
    Chacun d’eux, au combat, est un Roustem (Hercule des peuples iraniens)
    Vois, depuis les Arabes jusqu’aux Géorgiens
    Tout est kurde et comme une citadelle
    Ces Turcs, ces Persans les assiègent
    Des quatre côtés à la fois
    Et les deux camps font du peuple kurde
    Une cible pour la flèche du destin.  »

    Citation d’Ehmedé Khani (1650-1706), prophète du nationalisme kurde, est l’auteur du Roméo et Juliette kurde, Memozîn. Dans l’introduction à cette œuvre de 2700 vers, le poète s’étonne que les Kurdes n’aient pas encore un Etat les unissant tous alors qu’il les juge infiniment supérieurs aux peuples qui les dominent.

  2. Posté par SD-Vintage le

    Proclamer l’indépendance était aussi un peu prématuré.

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