« Fureur migratoire », Editorial, Roger Koeppel, Die Weltwoche, 18.5.2017

 

Fureur migratoire

Libre circulation des personnes: on dit oui par peur de dire non.

J'ai lu quelque part que la libre circulation des personnes, c'est-à-dire mon droit d'immigrer dans n'importe quel pays et d'y revendiquer, par exemple, un travail ou des allocations de chômage, serait libéral. Je me demande qui sont ces libéraux qui croient de telles absurdités.

Supposons que les 500 millions d'Européens, théoriquement susceptibles aujourd'hui d'immigrer en Suisse en vertu de l'Accord sur la libre circulation des personnes, le fassent réellement un jour. D'accord, ils n'auraient pas tous un contrat de travail, mais ils pourraient venir pendant quelques mois, car ils ont en effet le droit de chercher un emploi.

J'essaie d'entrevoir le lien potentiel avec le libéralisme si ces millions de mordus de la migration envahissaient la Suisse. On aurait probablement la même sensation de libéralisme que lorsque les Ostrogoths ont jadis immigré dans le puissant Empire romain, qui n'y a pas survécu, comme nous le savons aujourd'hui.

Ce sont des scénarios possibles. La libre circulation des personnes signifie que nous n'avons plus aucun instrument légal entre les mains pour empêcher l'entrée de 500 millions d'Européens en Suisse. Notre politique migratoire s’est dissoute dans l'Union européenne.

La possibilité de considérer libéral d'ouvrir ses frontières nationales à tous les candidats à l'immigration reste pour moi un mystère. Si la libre circulation des personnes était réellement libérale, ce que beaucoup considèrent comme synonyme de raisonnable, on devrait alors logiquement l'étendre de l'UE au monde entier. Une telle idée folle ne germerait pas même dans l'esprit de ceux qui trouvent que la libre circulation des personnes en Europe est une bonne chose.

J'estime personnellement que la liberté de circulation est une erreur dévastatrice, pire, une erreur politique. Un de mes amis avocat l'a dit à juste titre: sans la liberté de circulation, il n'y aurait en Europe ni Marine Le Pen, ni Beppe Grillo, ni AfD, ni Geert Wilders. Le Brexit était aussi une conséquence directe de la libre circulation des personnes. Rien ne sape plus les fondements de la confiance déjà fragiles de l'UE que la poursuite de cette politique désastreuse que nous appelons libre circulation des personnes.

C'est la Suisse qui en souffre le plus. Faisons un petit rappel des dimensions. Au cours de l'année record de la politique d'accueil de Merkel en 2015, plus de 900 000 étrangers ont immigré en Allemagne. Il en a résulté une croissance nette de la population de 1,2%, soit plus du double des années précédentes. L'Office statistique parle du «plus grand excédent migratoire» depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le monde politique a oscillé nerveusement entre euphorie et panique. Avant d'opter d'un commun accord pour la panique. Merkel a alors ordonné une volte-face radicale et bouclé les frontières.

À la lecture des journaux suisses aujourd'hui, on pourrait presque se laisser facilement séduire par l'idée que tout irait mieux chez nous. Les Suisses ont pris l'habitude de regarder périodiquement de haut les Allemands pour se bercer de l’illusion rassurante que leurs propres erreurs seraient moindres, comparées aux erreurs plus lourdes de notre voisin. Cela explique peut-être les gros titres de ces dernières semaines: «30% d'immigration en moins» (Patrik Müller); «L'immigration venue de l'UE atteint un plancher record» (Tages-Anzeiger); «L'immigration tombe à son niveau le plus bas depuis le début de la libre circulation des personnes» (NZZ am Sonntag).

Connaissez-vous la réalité de ce «plancher record» de l'immigration nette en Suisse durant l'année dernière? Il est de 90 000 personnes, soit en pourcentage 1,1%, ce qui correspond à un nouvel accroissement de l'ampleur d'une ville comme Winterthour. Tel est le grand succès de la politique migratoire, salué à l'unisson dans les médias.

Il n'y a pas de quoi. La politique d'accueil allemande a fait figure d'exception dans le sillage de la guerre en Syrie. En Suisse, la politique d'accueil est depuis dix ans une réalité quotidienne. L'accroissement annuel de la population oscille entre 1,1 et 1,4% depuis l'introduction de la libre circulation en 2007.

En dix ans, la population suisse a augmenté de 800 000 personnes. Néanmoins, en décembre dernier, le Parlement s'est offert le luxe discutable d'édulcorer, jusqu'à la rendre méconnaissable, la décision populaire contre l'«immigration de masse» par égard envers l'UE.

C'est dangereux. Dans l'UE, l'ouverture des frontières a engendré le radicalisme et la xénophobie. Le Pen en prend la tête, tandis qu'en Italie sévit le drôle d'humoriste Beppe Grillo. En Suisse, on est parvenu jusqu'à présent à éviter de telles dérives. Mais l'immigration continue et, avec elle, la hausse du chômage parmi les étrangers venus de l'UE. Les Portugais (7%), les Polonais et les Hongrois (respectivement 10%) ainsi que les Bulgares (près de 13%) sont particulièrement menacés. Évidemment, ces laissés-pour-compte restent en Suisse où ils perçoivent nettement plus d'aide sociale que chez eux.

La libre circulation des personnes était une erreur. Par conséquent, mettons-y un terme. Je ne veux pas pour l'instant entrer dans le débat sur la meilleure manière de procéder. Je me contenterai de dire que cela peut probablement se faire sans dénoncer l'Accord sur la libre circulation des personnes, mais que nous devons parer à toute éventualité, bien entendu.

Se peut-il que l'UDC tourne autour du pot? Précisément pour un parti qui a pour programme «l'autodétermination», il devrait être clair qu’il incombe à chaque pays de décider qui il laisse entrer sur son territoire. C'est une décision qui relève de la politique, non de l'entreprise.

Hormis quelques individus de gauche qui font ainsi passer plus facilement leurs revendications, personne n'est franchement convaincu par la liberté de circulation. On dit oui par peur de dire non.

Je suis favorable à l'immigration. Mais tout est question de dosage. Et c'est nous qui nous fixons la bonne mesure.

Roger Koeppel, 18.5.2017

 

14 commentaires

  1. Posté par LAMBERT le

    5 millions de musulmans en France. Combien en Suisse et dans toute l’Europe et il en arrive tous les jours avec les migrants y compris les terroristes infiltrés. STOP À L’INVASION MASSIVE. ON N’EN VEUT /PEUT PLUS. Demain commence le Ramadan et à bas les Frères Ramadan et les Frères musulmans et les Frères invisibles.

  2. Posté par LAMBERT le

    En France on avait les Espagnols, les Italiens, les Portugais etc. Puis on a eu les maghrébins, les Africains, les Kosovars, les Serbes, les Albanais etc. Sans oublier les roms et depuis les guerres de Daesh un aflux de migrants. Moi raciste ? Immigration imposée par nos gouvernements successifs. Quand je pense à la dette de mon pays et à son taux de chômage !
    Par ailleurs, moi je suis franco-suisse et je rêvais – à tort ? – de vivre en Suisse mais malheureusement à l’heure actuelle, avec ma petite retraite française et, comme le dit si bien Miranda, avec tout ce qu’il y a à payer c’est impossible ! Mais les immigrés eux ils y arrivent … Amer constat d’une double national !

  3. Posté par miranda le

    CET ENVAHISSEMENT MIGRATOIRE correspond à un programme planifié depuis bien longtemps. Suivi par des naïfs qui suivent des « illuminés ».

    Les migrations de populations « pauvres » ( mais tous les migrants ne sont pas issus de la pauvreté et peuvent payer jusqu’à 2000 euros leur passage vers l’Europe). seront toujours moins exigeantes en matière de droit du salarié que l’AUTOCHTONE, dans les premiers temps seulement.

    Parce que méconnaissant le droit du pays d’adoption d’abord, cela lui prendra du temps avant de savoir faire reconnaître ses droits de salarié. Une ou deux générations.

    Mais le fait de bénéficier de droits sociaux, le « rassurera ». Car cela n’existe pas dans son propre pays. Il prendra ça comme un luxe. Il s’apercevra au fil des mois, que ce »luxe » est minimal et que sans un salaire décent, la vie dure se fait sentir.

    Car se loger c’est payer, se nourrir c’est payé, se CHAUFFER c’est payer, se déplacer c’est payer et c’est même ruineux ( puisque les transports en commun n’ont pas été privilégiés pour que le consommateur achète régulièrement une voiture qui coûtera tellement cher dans sa vie qu’elle ne lui permettra pas de s’acheter une maison ), et tant d’autres choses exigent de PAYER en Europe. Jusqu’à la surprise de découvrir que pour pipi, il faut aussi payer.

    Donc « le migrant adopté » parvient après une ou deux générations à percevoir qu’il peut exister un droit du travail et que des exigences peuvent se manifester.

    Et bien le patronat ne se découragera pas et fera venir une nouvelle masse d’immigrés. Et ce sera reparti pour un tour. C’est pour cette raison que la natalité de l’AUTOCHTONE n’est pas à encourager. Ses parents risquent de transmettre à l’enfant « le goût de ses droits », cette culture des droits de l’homme et du citoyen. C’est pourquoi les peuples blancs européens porteurs de ces droits de l’homme doivent disparaître. (ce n’est bien sûr pas la seule raison).

    A moins que nous ne repensions, le travail, la production, le salaire raisonné et raisonnable qui permettrait une vie correcte, décente. Et L’oubli de la voiture qui ruine les familles modestes.

    En n’oubliant pas que la planète nous héberge et nous hébergera longtemps si nous cessons de la maltraiter.
    NOUS SOMMES A LA CROISEE DES CHEMINS. Lequel prendre, quand on sait qu’une « masse d’illuminatis » qui veulent être nos GUIDES UNIQUES sont terriblement accrochés à l’ANCIEN SYSTEME.

  4. Posté par Jean B le

    🙂
    N’importe quel gamin de trois ans est capable de comprendre que
    10 litres d’eau n’entrent pas dans une bouteille d’un litre.
    🙂

    Sauf :
    – les politiciens,
    – les mondialistes,
    – les socialistes, et autres fêlés du bocal…

    … qui – donneurs de leçons patentés et Thénardiers tortionnaires – essaient de te convaincre du contraire !

    Et si toi, tu leur rétorques que 10 litres d’eau n’entrent vraiment pas dans une bouteille d’un litre, ils te taxeront de « frileux », de « populiste », d’ « extrême droite », de « xéno », voire de « raciste » !

    Alors que c’est juste une question de bon sens et que le racisme n’a rien à voir avec ça, point barre.

    http://blog.fleurancenature.fr/wp-content/uploads/dc/Conseils_sante/eau_minerale.jpg

    http://www.nutrisimple.com/media/2175/glasses-of-water.jpg

  5. Posté par dissident le

    « Je suis favorable à l’immigration. Mais tout est question de dosage. Et c’est nous qui nous fixons la bonne mesure. »
    Il semblerait que l’auteur de cet article n’ait pas bien compris la nature de l’U€, et donc celle des accords qu’on passe avec i-celle …

  6. Posté par Vengeur le

    Ce propos m’étonne,
    « Hormis quelques individus de gauche qui font ainsi passer plus facilement leurs revendications, personne n’est franchement convaincu par la liberté de circulation. On dit oui par peur de dire non »
    Si c’est le cas pourquoi donc tous les partis excepté l’UDC combattent l’initiative (non appliquée) du 9 février ??? si c’est effectivement par peur, ces sois-disant représentants du peuple n’ont rien à faire comme parlementaire, ce d’autant plus qu’ils ne servent pas le peuple (ce pourquoi ils ont été élus) mais au contraire le précarise encore davantage. C’est extrêmement grave cette situation et peu de gens sains d’esprit le comprennent….nous sommes entré dans une ère d’instabilité grandissante ou tout mouvement quel qui soit peu prendre très rapidement une ampleur que la force publique ne pourra contenir. C’est bien cela qui fait peur….

  7. Posté par S. Dumont le

    Effectivement, la montée des partis populistes et le Brexit proviennent majoritairement d’une immigration non-contrôlée…
    Aux ordres de l’UE, les dirigeants de chaque pays n’ont pas évalué les conséquences néfastes de cette hyper mobilité soit sur le plan du développement régional soit sur la cohabitation entre des populations de cultures très différentes.
    Par manque de visions, les fraudes de marchandises aux frontières, le dumping salarial et les conséquences sur nos assurances sociales ont également été totalement ignorées.
    Ainsi, une entreprise européenne souvent délocalisée peut décrocher un mandat pour poser des robinets dans des immeubles en construction où elle pratiquera des tarifs imbattables pour les entreprises locales.
    Les conséquences sur les loyers, nos infrastructures, nos écoles et bien entendu sur nos assurances sociales subissent que des conséquences néfastes, faisant augmenter le chômage des locaux puisque la mobilité ne tient pas compte des travailleurs et des entreprises locales.
    Liens sur les fraudes marchandises transfrontières:
    http://ec.europa.eu/anti-fraud/media-corner/news/31-05-2016/olaf-curbs-cross-border-fraud-and-closes-record-number-investigations_fr
    J’ai comparé le taux des chômeurs suisses et étrangers entre mars et avril 2017 et j’ai remarqué que le taux des chômeurs étrangers avait baissé plus fortement que celui des suisses. Voir le tableau ci-dessous:
    https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/48192.pdf

  8. Posté par Fleeps le

    Ces politiques qui font de grand texte..j’avoue en avoir un peu marre…..quelle figure se positionnera au delà des mots, droit dans ses bottes….face aux dix commandements de la doxa gravée dans la pierre du politiquement acceptable….quand on est avocat, médecin, juriste ou je sais quoi d’autre….on risque moins sa peau qu’en étant simple ouvrier….non

  9. Posté par Palador le

    Comment se fait-il que mon commentaire est toujours en attente de modération ? J’espère pas que vous allez aussi tomber dans la censure ? Ce serait vraiment désespérant, une presse qui se dit libre…

  10. Posté par Myrisa Jones le

    « A partir d’un certain nombre, la quantité devient une qualité » F. Engels

    Autrement dit, l’avenir de la Suisse à ce rythme là d’immigration, c’est de n’être plus qu’une province sous administration de l’UE. Ne manque plus que la reprise automatique de droit européen et s’est plié!

  11. Posté par Palador le

    Excellent article de Roger Koeppel. Article bien entendu qui sera jamais édité dans la presse romande déjà vendue à l’UE.

  12. Posté par Palador le

    La submersion d’un pays par une immigration hors contrôle, est dit-on le bras armé du libéralisme. Ce principe à commencé dans les années 50-60 quand le capitalisme était encore modéré et parfaitement viable. Puis les choses ont changé. Après l’immigration économique dont le but était de casser la solidarité des travailleurs, est venu l’immigration de masse non seulement pour baiser les salaires mais par un effet anxiogène de créer une telle compétition entre locaux et nouveaux venus que les moins résistants seraient broyés. Puis ensuite est venu ce qu’on constate actuellement l’immigration de peuplement, et pas un effet pervers, à presser les gens comme des citrons et par le même effet anxiogène, à tirer d’eux le maximum. Puis une fois ceux ci en bout de course ou plus assez rentables, à pouvoir les remplacer rapidement vu l’ampleur de la main d’oeuvre à disposition. Sans oublier les indispensables idiots utiles prônant la diversité et le riche mélange des populations pour bien faire avaler la pilule ou alors à coups de matraque pour nous faire comprendre les bienfaits du nouvel ordre mondial.

  13. Posté par Bussy le

    500 millions d’Européens…… et 1 milliard d’Africains, plutôt branchés par les allocations d’ailleurs !

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