Interview d'un écrivain musulman critique de l'Islam : "Allah veut voir du sang".
Fils d'imam né en 1972 au Caire, Hamed Abdel-Samad était en Egypte membre de la confrérie radicale des Frères musulmans. Son émigration en Allemagne le fit changer d'opinion. Abdel-Samad est aujourd'hui l'un des plus virulents critiques de l'Islamisme et de l'Islam. Dans un entretien avec le rédacteur en chef de la Neue Zürcher Zeitung, Hamed Abdel-Samad soutient que la violence fait partie de l'Islam, qu'elle est partie intégrante du Coran et qu'elle a été donnée en exemple par Mahomet.
Traduction (Claude Haenggli) : L'attitude des Musulmans vis-à-vis des incroyants et de la violence est une mise en œuvre des consignes politiques de l'Islam. L'Islam es né avec ce mandat politique. L'Islam a souffert dès la première heure d'une anomalie congénitale, celle de mélanger la foi, la politique, l'économie et la législation. Une réforme de l'Islam, selon Abdel-Salam, n'est pas encore en vue. "Une réforme signifierait que nous devrions nous ouvrir par rapport à l'Occident, apprendre de lui. Mais cela équivaudrait, du point de vue de l'Islam, à un reniement de soi. Nous devons en effet vaincre l'Occident, pour remplir la mission que Dieul nous a confiée. Et si nous ne le faisons pas, que ce soit en concluant la paix ou en collaborant bien avec lui, le plan voulu par Dieu n'est pas réalisé. L'Islamisme n'est qu'une application résolue de ce qui est écrit dans le Coran. Une attitude conséquente serait de déclarer comme non valables les passages du Coran prêchant la violence, de dire qu'ils ne jouent aujourd'hui plus aucun rôle dans notre monde. Et de cela, les prédicateurs conservateurs et certains réformateurs ont peur. Ils craignent de se mettre à dos la majorité des Musulmans. Mais les réformateurs, particulièrement eux, ne devraient pas se plier à la majorité.
Claude Haenggli, 25.3.2017
Je suis étonné que l’auteur de cet article qualifie Monsieur Abdel-Samad comme étant un des « plus virulents critiques de l’Islamisme et de l’Islam ». Il me semble au contraire qu’il est extrêmement modéré et que ses réflexions sont loin d’atteindre la violence de certains versets du coran, dont la lecture est à proprement parler traumatisante. Je suppose pour ma part que Monsieur Abdel-Samad, qui est manifestement un homme intelligent, a volontairement retenu ses propos pour ne pas heurter de front certaines personnes promptes à s’agiter.
Par ailleurs, je partage entièrement les doutes de Claire quant à la possibilité de l’Islam de se réformer.
Quant au danger d’une parole à la fois violente et stupide, je souhaiterais raconter l’anecdote suivante :
Dans les années 20 du siècle dernier, sous la république de Weimar, Claus Mann, fils de Thomas Mann et par ailleurs lui-même un excellent romancier, s’était attablé dans un café. Et voilà que Hitler, qui n’avait pas encore pris le pouvoir, s’était à son tour installé à une table proche, entouré d’admirateurs comme d’habitude, et a commencé un de ses monologues interminables. En sortant du café, Claus Mann était soulagé. Il se disait : « on prétend que cet homme est dangereux. Mais ses discours sont tellement vulgaires, tellement odieux que ça ne marchera jamais, il ne prendra jamais le pouvoir ».
On sait ce qu’il en est advenu par la suite…
Les gens intelligents et raffinés, comme l’était Claus Mann, ont une tendance naturelle à imaginer que les propos raisonnables, bien argumentés et humanistes l’emporteront toujours sur la bêtise et la brutalité.
L’histoire nous apprend cependant hélas que c’est loin d’être toujours le cas.
Il semble impossible de réformer le coran, qui contient des messages relativement charitables remontant à la période mecquoise, et des messages de guerre et de haine, datant de la dernière période médinoise de Mahomet. En effet, le coran est la parole de Dieu, transmise en arabe par Dieu à Mahomet via l’archange Gabriel (toujours serviable). Donc on ne peut pas modifier la parole de Dieu et, s’il y a des contradictions, ce sont les derniers versets qui comptent et qui abrogent les précédents (donc les versets violents de Médine abrogent ceux de la Mecque).
En ce cas, comment l’islam peut-il évoluer? D’ailleurs, depuis la fixation du coran aux 9°/10° siècles, tous les gens qui ont tenté de le réformer ont été victimes de fatwas et exécutés.
– « L’Orient et l’Occident appartiennent à Dieu » Sourate II, 115 (c’est ce qui justifie le djihad: l’islam doit conquérir le monde entier)
-“Combattez:
ceux qui ne croient pas en Dieu et au Jour dernier…
ceux qui, parmi les gens du Livre, ne pratiquent pas la vraie Religion”.
Sourate IX, 29 (donc combattez les athées, les Juifs et les chrétiens)
Sourate 47, 4 –« Lorsque vous rencontrez les incrédules,
Frappez-les à la nuque » (décapitation)
etc.