De notre correspondant permanent aux Etats-Unis. – Bien sûr, rien n’est officieux. Encore moins officiel. Tout juste quelques confidences furtives de cellules de réflexions ou de réservoirs d’idées gravitant autour de la Maison Blanche : le président Donald Trump verrait d’un bon œil l’arrivée de Marine Le Pen à l’Elysée en mai prochain. D’ailleurs, dans la galerie de portraits de leaders potentiels qui, en Europe, secouent le joug du politiquement correct, Marine est plutôt bien placée : fille d’un pays ayant toujours parlé au cœur de ce New-yorkais francophile, amoureux de Paris où il possède un appartement ; fille de Jean-Marie dont les chaleureux encouragements au candidat des primaires républicaines lors des grandes bagarres du printemps dernier n’ont pas été oubliés dans la Trump Tower de Manhattan. Et puis, le Donald a de l’estime pour les femmes qui foncent et réussissent, pour les personnages qui se situent à l’opposé des féministes, en général frustrées et revanchardes. Sa fille aînée, Ivanka, se trouve dans cette catégorie où brillent quelques Américaines entourées d’étrangères, dont Marine.
Un extraordinaire tiercé
L’admiration n’empêche pas les calculs : Marine à l’Elysée serait un extraordinaire tiercé, un formidable coup de pied dans la fourmilière bureaucratique de Bruxelles – le Brexit, Trump et ensuite Marine. Un tiercé dans l’ordre avec à Paris, au cœur de l’Europe, un contre-pouvoir qui parlerait enfin aux peuples, à tous les peuples du Vieux Continent. Marine ferait d’abord bouger les choses. Comme avec le Brexit et l’arrivée de Trump, ce serait le gel de l’asphyxiante dynamique globaliste. L’Américain n’est pas pour les grands ensembles supranationaux où chaque élément du puzzle se sent prisonnier de décisions prises ailleurs. Il est pour le bilatéral, le coup par coup. En bon négociateur, il est plutôt favorable au bras de fer : on arrache le morceau en regardant l’adversaire droit dans les yeux. Trump se méfie des troncs communs. Il préfère jouer ses cartes en solitaire : ce n’est pas un isolationniste mais un non-interventionniste. Le globalisme le répugne et l’inquiète. Comme il a balayé le Traité transpacifique, il souhaiterait voir l’Union européenne desserrer son carcan.
Marine l’anti-Européenne n’est pas la seule facette du personnage qui séduit Trump. Il y a aussi les grands axes de son programme. La préférence nationale de la Française correspond très exactement au message « America First » du New-yorkais. Lorsque Marine veut boucler les frontières, multiplier les expulsions et se durcir contre le terrorisme, on a l’impression d’entendre en écho les grands élans de Trump pendant sa campagne. Et quoi de plus proche de l’Etat protecteur de ce populiste que les aides sociales de la frontiste ? Les deux patriotes jouent sur le même clavier. Les médias américains – 95 % d’entre eux – jouent sur un autre clavier, celui de la haine et de la subversion. Les quelques mots chaleureux à l’égard de Marine Le Pen que l’on a pu trouver récemment dans la grosse presse globaliste ne doivent pas faire illusion. Malgré quelques efforts, sa dédiabolisation reste incomplète. On le lui fait sentir. Le Wall Street Journal souligne que sortir de l’euro serait peut-être une bonne chose mais provoquerait d’abord un inévitable chaos. Le New York Times reconnaît qu’avec Marine, l’économie reprendrait souffle mais retournerait finalement dans les ornières du marasme. Chacun des fleurons du Nouvel Ordre n’accepte de lui envoyer des fleurs que pour mieux lui reprocher son nationalisme, assorti fatalement de xénophobie et d’islamophobie. Marine marquée au fer rouge : elle s’oppose au grand remplacement de l’Occident – Europe et Amérique.
Cet article Trump verrait bien Marine à l’Elysée est apparu en premier sur Présent.
Extrait de: Source et auteur
Et vous, qu'en pensez vous ?