Les stratégistes du Crédit Suisse ont décidé de voler au secours des investisseurs affolés par les grands scrutins européens à venir. A la première place des menaces : les élections présidentielles françaises, «principal risque pour l'Europe».
Les électeurs de trois grands pays fondateurs de l'Union Européenne, les Pays-Bas, la France et l'Allemagne, doivent tour à tour se rendre aux urnes cette année, ce qui pourrait entraîner une hausse de la prime de risque sur les marchés.
«Les prochaines élections dans les pays fondateurs risquent de redéfinir le paysage politique de l'UE», ont estimé les économistes de Credit Suisse, le numéro deux du secteur bancaire helvétique.
Trois scénarios
Pour permettre aux investisseurs d'appréhender ces risques politiques, les économistes de Credit Suisse ont mis en place un baromètre, assorti de trois scénarios.
Le premier prévoit une victoire de candidats «favorables aux réformes» et «pro-européens» aux élections françaises et allemandes.
Le scénario médian s'articule lui autour de l'idée que les querelles de partis retarderont la formation d'un gouvernement aux Pays Bas et envisage qu'Emmanuel Macron remporte la présidentielle française mais ait ensuite la tâche «peu enviable» de constituer un gouvernement stable avec une ligne claire par-delà les clivages politiques.
Le troisième scénario est celui du pire pour les experts de l’établissement helvète. Il envisage une élection de Marine Le Pen à la présidence qui créerait «des discordances au sein de l'Union Européenne». Et avant même le scrutin, la patronne du Front national semble faire de l’effet aux places financières. «N’importe quel sondage en faveur de Marine Le Pen créera un haut degré de volatilité sur les marchés», précise le guide du Crédit Suisse.
Ce baromètre, qui évalue les préoccupations des marchés sur une échelle de 1 à 10, se situe actuellement au niveau 2, l'hypothèse d'une victoire de Marine Le Pen n'étant pas retenue dans le scénario médian.
Ambassadeurs et Commission européenne VS Marine Le Pen
Les têtes pensantes du Crédit Suisse ne sont pas les seuls à s’inquiéter d’une éventuelle victoire de la favorite des sondages pour le premier tour de l’élection présidentielle. L'ambassadeur de France aux Etats-Unis, Gérard Araud, a estimé qu’un tel événement serait «une catastrophe totale», dans un entretien au Washington Post publié le 9 mars.
Avant lui, son homologue officiant au Japon, Thierry Dana, avait annoncé le 8 mars qu'il refuserait de «servir» Marine Le Pen si elle remportait l'élection présidentielle, signant l'une des premières déclarations en ce sens dans le milieu diplomatique.
«Si les éléments de la tragédie française qui se mettent en place devaient conduire à son élection, je me placerais en réserve de toute fonction diplomatique», avait écrit l'ambassadeur dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde daté du 9 mars.
«Je fais de la politique depuis plusieurs années et mon expérience politique me dit : il ne faut pas préparer de plan B. Si vous le faites, c'est que vous ne croyez plus au plan A. Notre plan A est qu'elle [Marine Le Pen] perdra [à l'élection présidentielle française]», a de son côté déclaré le commissaire européen Pierre Moscovici, dans une interview publiée dans les colonnes du journal allemand Die Zeit, dont des extraits ont été publiés le 8 mars…
Selon la dernière enquête de l’IPSOS mesurant les intentions de vote pour le premier tour, Marine Le Pen reste en tête avec 26% devant Emmanuel Macron (23%) et François Fillon (18,5%).
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