En février dernier, le conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet, en charge du département de la Sécurité et de l’Économie (DSE), a annoncé la régularisation prochaine de milliers de clandestins. Son nom de code est : opération Papyrus. L’UDC a décidé de s’opposer à cette décision en déposant deux textes à Berne. Entretien avec la conseillère nationale genevoise Céline Amaudruz (UDC) sur une décision qui n’a pas trouvé d’écho ailleurs en Suisse.
Avez-vous été surprise par le projet Papyrus, qui vise à régulariser la situation de milliers de sans-papiers à Genève, au moment même où l’Europe vit dans le contexte d’une crise migratoire particulièrement accrue?
Surprise, le mot est faible. Cette idée a pour seul but de sortir de la clandestinité celles et ceux qui y sont restés trop longtemps eu égard à l’incapacité des autorités d’appliquer la loi et de renvoyer les personnes concernées dans leur pays d’origine. Ce faisant, on crée un précédent qui ne sera pas ignoré. Les clandestins résidant chez nos voisins, Suisse ou autres pays, vont bien se rendre compte qu’il existe à Genève une possibilité d’obtenir une autorisation de séjour sans suivre la voie légale. Cela va constituer un gigantesque appel d’air, ne serait-ce que pour occuper les places que les régularisés quitteront. L’opération devra être régulièrement reconduite eu égard au manque de fermeté de l’exécutif. Sous couvert d’humanisme, Pierre Maudet tente de cacher sa trop longue inaction.
Selon-vous quel est le message adressé à ceux qui respectent la procédure pour s’établir et travailler en toute légalité à Genève suite à cette annonce de régularisation des clandestins?
Les autorités montrent clairement que leurs efforts n’étaient pas nécessaires, qu’il suffisait d’attendre pour obtenir le permis de séjour convoité. Pour être trivial, c’est à vous dégoûter d’être honnête.
Quel est le risque que les personnes régularisées arrêtent de travailler et fassent appel à l’aide sociale?
Ce risque est difficile à évaluer mais est réel. Nous octroyons l’accès à nos prestations sociales à des personnes le plus souvent sans grande qualification professionnelle, ce qui leur vaut des salaires modestes. Du coup, le recours à l’aide sociale peut apparaître comme une alternative, surtout si on travaille au noir en parallèle.
Des pays comme les Emirats Arabes Unis ou Singapour possèdent un grand nombre de travailleurs migrants mais, contrairement à Genève, n’hésitent pas à renvoyer des personnes en situation illégale dans leur pays. Ne faudrait-il pas s’en inspirer?
Il n’est pas nécessaire de s’inspirer de ces pays, nos lois le prévoient aussi. Malheureusement, par un triste sort, elles ne sont pas appliquées à Genève, d’où la situation qui est la nôtre. La chose singularise aussi notre canton au niveau suisse. Cette action n’est pas de nature à redorer notre image, ailleurs, elle est perçue comme une Genferei* supplémentaire.
L’économie genevoise est-elle vraiment tributaire de ces travailleurs clandestins?
Si la loi n’est pas appliquée, il est hélas nécessaire pour certaines entreprises de faire appel à de la main d’oeuvre clandestine afin de pouvoir s’aligner sur les entreprises qui y ont recours depuis plus de temps. Une saine concurrence ne peut s’appliquer que si les règles sont les mêmes pour tous, ce qui n’est pas le cas faute de volonté politique.
*Une genevoiserie ou Genferei en allemand, décrit une situation politique inextricable ou absurde se passant dans le canton de Genève.
Propos recueillis par Alimuddin Usmani
Extrait de: Source et auteur
Ce Maudet n’a toujours rien compris ou accepte-t-il l’argent de Soros? Les frontières n’ont un sens que si on les protège. Sans frontières protégées il n’y a plus d’Etat-nation, plus de patrie. Ainsi que l’écrit Rousseau au début de l’Émile, « où il n’y a plus de patrie, il ne peut plus y avoir de citoyens. » Un pays incapable de protéger ses frontières, pire qui n’a même pas les moyens de contrôler ses frontières et qui est incapable d’expulser clandestins, illégaux et graves criminels étrangers, est un pays qui s’abandonne, qui sera envahi et ses habitants perdent de leur liberté. Contrairement à ce que veut nous faire croire la mondialisation politique euro-atlantique n’y a pas de relation directe entre absence de frontières et liberté, bien au contraire.
Je ne dis qu’une chose. Merci Madame Amaudruz. La surprise était vraiment totale quand on a entendu cette décision aux nouvelles, d’autant plus que plusieurs centaines de clandestins avaient déjà été régularisés et des milliers devraient suivre. Mais à qui peut-on encore faire confiance. Par contre, les Suisses ou résidents à Genève cherchent désespérément du travail, et que fait-on pour eux ??? Rien, rien, rien. Y a-t-il une institution qui aide ces gens pour trouver un job ?
Merci Madame Amaudruz, il existe encore quelques Genevois lucides. Pierre Maudet a ouvert la boite de Pandore, il faut que son initiative soit coulée!