La justice fait trébucher François Fillon

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"Je ne me retirerai pas." C'est par ces mots que François Fillon vient apporter son démenti tardif à une folle matinée de rumeurs et de franche panique dans les rangs des Républicains.

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Tout commence ce matin au Salon de l'Agriculture. Il est 8h15. Des journalistes font le pied de grue aux portes de la manifestation agricole. Ils reçoivent alors par e-mail un communiqué lapidaire de l'équipe de campagne du candidat à la présidentielle: "La visite de François Fillon ce matin au Salon de l'Agriculture est reportée. Le nouveau rendez-vous vous sera communiqué ultérieurement." Aucune explication.

De par sa notoriété et sa place dans le calendrier, le Salon de l'Agriculture est un passage obligé dans toute campagne présidentielle française. François Fillon doit s'y rendre à son tour, après Marine Le Pen la veille. Les journalistes devinent bien que cette annulation le jour même n'est pas due à un rhume. Il doit se passer quelque chose de grave.

L'ancien ministre de l'agriculture Dominique Bussereau, chargé de l'accueillir, n'en sait pas davantage. Les membres de l'équipe Fillon présents sur place non plus. Le malaise est palpable. Tout est en place pour que les rumeurs alarmistes se répandent. Elles prendront d'autant plus vite qu'au milieu de la matinée, des sources affirment que François et Penelope Fillon auraient tous deux reçu des convocations préalables à leur mise en examen, respectivement pour les 15 et 18 mars. C'est un coup de tonnerre.

Les réunions de la matinée sont annulées au QG de campagne du candidat, tandis que les ténors de la droite affluent. Viennent-ils au chevet du candidat adoubé par les primaires? La perspective d'une renonciation se répand jusque dans les rangs des Républicains. Certains soutiens de Fillon comme Gérard Longuet réagissent alors en l'invitant "à tenir". "Si François Fillon arrête, ce sera l'apocalypse" prévient Laurent Wauquiez, vice-président des Républicains.

Les chaines d'information sont sur les dents. Elles ont interrompu leurs programmes pour couvrir la crise. François Fillon se serait entretenu avec Alain Juppé et Nicolas Sarkozy au téléphone. Il doit s'exprimer à midi. Jugulant la crise jusque dans les dernières minutes, il arrive avec une demi-heure de retard. Il annonce qu'il a effectivement reçu une convocation de la justice pour le 15 mars. Mais choisit de se battre.

"Nombre de mes soutiens parlent d'un assassinat politique. C'est un assassinat. Ce n'est pas moi seulement qu'on assassine, c'est l'élection présidentielle, c'est le vote des électeurs de la droite et du centre qui est fauché. (...) C'est au peuple français et à lui seul que j'en appelle désormais, à ceux qui me suivent et à ceux qui me combattent. Seul le suffrage universel et non pas une procédure à charge peut décider de qui sera le prochain Président de la République. Je ne céderai pas, je ne me rendrai pas, je ne me retirerai pas. Je vous demande de me suivre."

François Fillon annonce la couleur: il tiendra bon. Mais les dégâts internes sont graves. Selon Le Figaro citant un participant à une réunion du matin, Bruno Le Maire a "dit en face à Fillon qu'il ferait mieux de passer le relais à Juppé". Occupant le poste de "représentant pour les affaires européennes et internationales" au sein de l'organigramme de campagne, Le Maire renonce à son poste en invoquant le respect de la parole donnée, François Fillon ayant déclaré le 26 janvier qu'il retirerait sa candidature en cas de mise en examen. Le doute s'est instillé haut dans l'état-major des Républicains.

Depuis des semaines, François Fillon se débat dans ses affaires d'emploi fictif et de salaires de complaisance. Accordons-nous sur un point, il ne fait aucun doute que le minutage de ces révélations a été soigneusement orchestré en coulisse pour démolir sa candidature. Aujourd'hui encore, l'instrumentalisation de la justice est patente: on n'a jamais vu une telle rapidité dans le traitement d'une affaire sommes toutes dérisoire (105 parlementaires français ayant "embauché des proches" sont dans le même cas que François Fillon) avec des convocations si judicieusement concomitantes avec l'agenda électoral.

Qui est derrière tout cela? Nul ne le sait, mais il est difficile de ne pas soupçonner François Hollande.

Tous les lieutenants, tous les soutiens de Fillon ont raison: François Fillon est le meilleur candidat des Républicains, il est de toute façon trop tard pour en changer, les Français seront seuls juges de toutes ces manœuvres... En attendant, la campagne de François Fillon piétine. Il y a moins d'une semaine, un sondage exhaustif montrait que Fillon accumulait un retard conséquent de cinq points sur Emmanuel Macron. Les sondages ne sont pas une science exacte, mais même un idiot de village peut comprendre qu'avec l'annonce de sa mise en examen aujourd'hui, François Fillon ne va pas gagner beaucoup de sympathie hors de son cercle électoral traditionnel.

Le premier tour de l'élection a lieu dans 53 jours. Au rythme où vont les choses il n'est pas exclu d'assister à de nouveaux rebondissements. Mais s'ils n'ont pas lieu, il se pourrait bien que la campagne présidentielle française vienne de se jouer ce matin.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch, le 1er mars 2017

Un commentaire

  1. Posté par Max93 le

    Pas bien ? mais entre les 900 m € en 15 ans en ajoutant tout et donné en brut en en-tête géant par le « Canard » au sujet de Mr Fillon et 2, 5 millions d’€ TUS par le « Canard » sur 5 ans des 2 maîtresses successives- sans aucun lien officiel de concubinage , pacs ou mariage- à la charge de la République et des français contribuables au lieu d’être, selon la loi et l’ethique, entretenues financièrement par l’amant scootériste SEUL,  » y a pas photo ». Une tradition disent-ils en douce « à gauche » car Carla Bruni et Sarkozy …pour justifier ? mais ces 2 là étaient mariés ! la cour des comptes parle de 480 m € d’entretien VIP d’une maîtresse en 2013. A peu de choses près, la facture doit être de même niveau pour les autres années :
    http://www.midilibre.fr/2014/07/17/trierweiler-une-rupture-economique,1025937.php
    Et dans le secret de l’isoloir on va voir …isoloir où « Dieu te voit mais les Tartuffes procureurs et hypocrites moralisateurs, NON ! » …en paraphrasant « Don Camillo ».

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