Penser par soi-même et même refuser les fausses alternatives politiciennes imposées d’en haut ?

Dominique Baettig
Dominique Baettig
Médecin, Ancien Conseiller national
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Les rituels démocratiques se suivent et se ressemblent. Tous les trois mois, alimenté par les besoins d’autopromotion publicitaire des partis sous influences de groupes de pression économique, le corps électoral se voit amener à ratifier, si possible, le souvent fastidieux travail de compromis de la classe politique, du Parlement, du Conseil fédéral. Une large part des électeurs ne se mobilise pas, car les sujets sont trop techniques,  trop  abstraits ou même futiles (légiférer pour légiférer, faire une nouvelle  Loi parce que la Loi n’est pas appliquée) ou démotivés gravement par des sondages orientables. Pour ceux qui se donnent de la peine à lire complètement la documentation proposée et qui s’intéressent à la propagande publicitaire des milieux de l’Economie, le constat est toujours le même : des textes peu accessibles, techniques, sans vision globale, sur le court terme, qui sont recyclés dans un battage médiatique manichéen et simpliste qui laisse peu de place à la réflexion de fonds ( perte d’emploi, perte d’argent, délocalisations, perte de compétitivité). Défense des intérêts de l’économie, qui devient toujours plus globale. Tendance à courtiser les entreprises multinationales qui influent de plus en plus sur les PME locales, devenues interdépendantes, avec permanente menace de délocalisation et de pertes de places de travail si la flexibilité adaptative n’est pas assez rapide. Concurrence de moins en moins loyale, poussant à la baisse du coût du travail pour poursuivre la croissance et se plier aux lois du Marché. En face, la gauche moraliste veut imposer une redistribution  des richesses, de la nationalité, des rôles sociaux dans le sens d’un surdimensionnement de l’Etat et les cadeaux à sa clientèle électorale, sans toucher aux causes profondes.

Imposition du consentement et fausses solutions

Prenons l’exemple de la RIE III (réforme de l’imposition des entreprises dans sa troisième version).La version II, qui aurait coûté beaucoup plus que prévu aurait bénéficié aux actionnaires. La version III semble favoriser certaines grandes entreprises,  trop liées aux multinationales  et est présentée, à chaque occasion, comme une manière de renforcer la place financière suisse, l’Economie suisse (existe-t-elle encore ?). Céder aux pressions de l’OCDE qui veulent empêcher la concurrence de la fiscalité des entreprises localisées à l’étranger est admissible. Faire dépendre les rentrées fiscales d’entreprises implantées pour  des raisons d’optimisation  (l’impôt fédéral direct est redevable pour 70% aux 24'000 sociétés mixtes et holding installées en Suisse) est un jeu risqué sur le long terme. Une telle interdépendance est dangereuse et le retour légitime du protectionnisme (le modèle Trump) va entraîner le rapatriement de nombreuses sociétés. Dépendant pour la croissance incontrôlée non seulement de l’exportation mais aussi de la  migration, de la libre circulation des biens et des capitaux, l’Economie « suisse » doit s’adapter sous la contrainte et plier l’échine. Elle pourrait se donner du temps, gérer intelligemment la transition, refuser poliment. Non elle a choisi de céder. Bien sûr, il est juste que les multinationales ne paient pas moins d’impôts que les entreprises locales, elles devraient même en payer plus, pour le droit de bénéficier du modèle suisse performant. La boîte à outils complexe (innovation, patent box) bricolée pour faire avaler la pilule  de plus de deux milliards de trou dans les caisses publiques, ne donne pas le change. Ça va coûter cher.

Qui perd gagne, pour la propagande du oui.

L’avenir est clairement à la restriction, à une croissance différente. Même si les richesses augmentent, de manière inégale, avec la globalisation, la classe moyenne voit bien que la précarité s’aggrave (toujours plus de dépendance du système, diminution de l’autosuffisance, influence des transactions boursières et de la finance casino).L’alternative laissée aux votants est simple : ou on accepte des sacrifices ou ils nous seront imposés. Le vrai problème serait de revoir la fiscalité en profondeur. Est-il équitable que les entreprises doivent payer un impôt sur les bénéfices ?  L’impôt juste et  volontaire devrait être payé par tous puisque les risques de les voir payer majoritairement par quelques grandes fortunes ou par l’Etat redistributeur donne de mauvaises habitudes, enlève de la valeur aux budgets, crée de la dépendance. Il faut dire non à ce mauvais compromis qui pénalise les villes et les communes, la classe moyenne.

Il ne doit y avoir de naturalisation facilitée, elle l’est déjà…

La cible des initiants de gauche, sous l’influence de leur névrose (les migrants ont tellement travaillé dur et ont tellement souffert à quitter leur famille, leur terre !) personnelle est aussi inexistante que la femme à la burka du camp adverse. On est clairement dans les phantasmes d’une discrimination présumée ou d’une islamisation redoutée. C’est l’immigration massive, incontrôlée qui est un problème, pas une religion. La Suisse a naturalisé à tour de bras et les refus sont rares. On est clairement dans une mesure symbolique, presque gratuite, ou tout le monde gagne le droit au mythique passeport suisse. Les migrants adhèrent à ce produit surjoué et gonflé du modèle suisse de la prospérité. Ils font écho au fameux « Y en a point comme nous » d’autrefois et le retournent en sens inverse : » y en a point comme eux », avec  l’exigence que tout  est dû sans même devoir le demander. Le droit du sol, le refus de toute différence et de toute discrimination, rite de passage même symbolique et « bon enfant » est introduit par la bande.

La Confédération s’est construite par l’union volontaire et un serment d’assistance mutuelle de citoyens en résistance contre l’Empire, le Pouvoir central. On devient suisse par mariage, par naissance ou en correspondant aux critères d’une intégration qui reprend ce serment  de cooptation réciproque. Ce droit et les devoirs qui vont avec s’héritent ou se méritent.

Avec la mondialisation qui s’accélère, le mythe de la Suisse Eldorado ou Paradis s’étiole et devient ringard. Le patriotisme économique, le retour au pays pour y créer une économie autonome et de qualité deviennent des valeurs portantes. La remigration volontaire facilitée et le réenracinement solidaire, le protectionnisme solidaire sont l’avenir. Pas besoin de mesures symboliques light, sans contrôle respectueux ou au rabais.

Forta : non merci aux dépenses illimitées

Toujours plus de trafic, toujours besoin de plus de moyens financiers puisque les automobilistes consomment moins de carburant. Non, les goulets d’étranglement du réseau sont des freins utiles contre la démesure et l’accélération des échanges futiles et coûteux pour l’environnement, qui dénaturent le paysage. L’avenir est au trafic connecté.

Dominique Baettig  Ancien conseiller national, militant souverainiste et antiglobaliste

 

 

 

 

2 commentaires

  1. Posté par aline le

    Merci pour ces explications! Contrairement aux textes de la confédération qui sont toujours plus ou moins incompréhensible pour le commun des mortelles vous expliquez bien les enjeux.

  2. Posté par Bussy le

    D’accord, c’est l’immigration massive, incontrôlée qui est un problème, mais l’aspect religion amplifie gravement ce problème, le problème n’étant pas seulement d’être dans l’impossibilité d’intégrer autant de gens, mais aussi qu’une grande partie des arrivants, du fait de leur religion, ne veulent pour la plupart pas s’intégrer, ou attendent, c’est évident, d’être plus nombreux pour que ça soit aux autochtones de s’intégrer à eux !

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