23 juin, jour de libération du Royaume-Uni

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens

Le Brexit n'est plus une vue de l'esprit. Les sujets de Sa Majesté viennent de lui donner corps à 51,9%, selon les derniers dépouillements.

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Le succès du référendum pour sortir de l'Union Européenne jette rétrospectivement le trouble sur les sondages qui émaillèrent la campagne. Depuis des mois le camp du Remain était censé être en tête et ce n'était que récemment que le Brexit avait refait son retard jusqu'à passer devant de très peu. Assistions-nous a un réel renversement de tendance, ou les instituts de sondages n'avaient-ils finalement pas d'autre choix que de coller progressivement à la réalité alors que la date fatidique approchait?

La mort brutale de la députée Jo Cox fut l'occasion de nouvelles manipulations, redonnant là encore un prétendu "coup de fouet" au camp Remain. La mauvaise foi fut maintenue jusque dans les tous derniers instants, avec deux camps prétendument au coude-à-coude, et des instituts refusant de se livrer au classique "sondage sorti des urnes".

D'autres manipulations eurent lieu au niveau des bookmakers, considérés jusqu'à présent comme des outils de prédiction plus fiables que les sondages lorsque l'issue est disputée. Des agents du camp Remain engagèrent tout simplement de grosses sommes pour faire changer les cotes en faveur du résultat espéré. La distorsion amena le pari Remain moyen à atteindre 450£, contre 75£ pour un pari Brexit. Les Remain gageaient que la perspective d'un échec démobiliserait les partisans du camp donné perdant.

Mais de toute évidence, et malgré les moyens employés, les Anglais avaient compris que les enjeux dépassaient un simple calcul d'intérêt. Il y avait des principes à la clef, et je pense que bien peu des citoyens britanniques changèrent d'avis comme des girouettes, à l'inverse de ce que toutes ces variations au fil du temps laissent imaginer.

Le Royaume-Uni demande donc le divorce d'avec l'Union Européenne. David Cameron, le Premier Ministre hypocrite qui demanda un référendum à reculons, n'a plus d'autre choix que d'annoncer sa démission. L'histoire gardera de lui un portrait peu reluisant. Ses compromissions pour garder - du bout des lèvres - l’Écosse europhile dans le Royaume-Uni risquent de provoquer l'éclatement de celui-ci à relativement court terme. La gestion catastrophique du royaume par M. Cameron laissera de profondes cicatrices.

Le projet de construction d'un Super-État européen sur le socle du Marché Unique ne vient pas de ralentir, mais bien de dérailler complètement. La renégociation de centaines de traités croisés entre les membres restants de l'UE et le Royaume-Uni occupera les bureaucrates bruxellois pendant des mois. Le prochain Premier Ministre anglais, qu'on imagine réellement eurosceptique, défendra pour une fois sincèrement les intérêts de son pays. Ne subsisteront donc que les accords diplomatiques avantageux pour le Royaume-Uni.

Ce "détricotage sélectif" annonce évidemment un effondrement encore plus rapide de l'UE. Les peuples restants comprennent bien désormais qu'un pays qui divorce peut garder les meilleurs morceaux alors qu'eux-mêmes doivent subir l'entier du joug de Bruxelles. Ils demanderont des aménagements ou probablement un référendum de sortie à leur tour - comme Geert Wilders vient d'en faire la requête au nom des Pays-Bas. Et qui pourrait refuser pareil référendum et prétendre ensuite que l'UE est encore un ensemble démocratique?

Le fameux traité de Lisbonne, la Constitution de l'UE, admettait qu'un pays sorte de l'Union - bien que sur un plan strictement théorique. Aujourd'hui il est nécessaire de mettre ces textes à l'épreuve de la pratique, mais ce n'était de toute façon qu'une question de temps. Par deux fois les Eurocrates sentirent le vent du boulet: lorsque les Grecs votèrent contre l'austérité mais furent finalement trahis par leur gouvernement, permettant à la Grèce de rester dans l'UE ; et lorsque les Autrichiens faillirent élire le mauvais président mais furent sauvés in extremis par les fameux votes par correspondance. On pourrait aussi citer l'impasse helvétique et la sortie de crise choisie par la classe politique en violant la Constitution. Devant les coups de boutoirs financiers, institutionnels ou démocratiques, l'utopie européenne devait un jour ou l'autre finir par se fracasser sur la réalité.

C'est désormais chose faite et le message vient d'un pays respectable, respecté, membre ancien de l'Union Européenne, riche et doté d'une longue tradition démocratique. Impossible de l'ignorer.

Les peuples osent encore, parfois, faire preuve de courage. Saluons les Anglais d'avoir osé ce dont rêvent tant de populations soumises, ailleurs sur le continent, et parions que grâce à cela ils s'en porteront bien mieux. A l'Union Européenne, la cinquième puissance économique préfère le Monde.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch, le 24 juin 2016

6 commentaires

  1. Posté par jade le

    Les médias ont été payé pour faire de la propagande anti-brexit, mais… apparemment ils ont pas reçu suffisamment d’argent et tant mieux 🙂 Gentiment la fin de ce système pourri arrive.

  2. Posté par Antoine le

    De toute façon, avoir lutté contre le nazisme pour voir détruire notre Europe et se faire conquérir par les américains, renazifier par la clique de Bruxelles et sans rire ni la moindre dissimulation, prétendre nous ravaler au destin des peaux-rouges avec injonction de plus en plus pressante de nous métisser et disparaître, livrés en victime si besoin à des criminels dont la religion sanctifie le terrorisme…tout cela ne peux satisfaire même le plus égoïste de nos concitoyens.

  3. Posté par Don Aldo le

    Excellente analyse! Après le 6 juin 1944, le 23 juin 2016 inaugure la longue marche des libérateurs vrrs Berluxelles. Vive les Anglais qui reprennent leur rôle historique pour l’équilibre de l’Europe.

  4. Posté par Hérodote le

    Première leçon de la sortie de l’Angleterre du régime soviétique de l’UE: l’Union européenne n’a rien d’irréversible, comme l’ont prétendu ses apparatchiks les plus fanatiques.
    Tout comme le Mur de Berlin, le mur de l’UE — « le Mur de l’ouest » — peut tomber.
    La sortie de l’Angleterre continue le démantèlement de l’UE commencé par l’abolition de l’espace de Schengen sous la pression de l’invasion immigratoire.
    A quand et à qui les prochaines sorties?
    L’histoire, avec toutes ses contingences, continue…

  5. Posté par Un observateur le

    Merkel, Hollande, Schultz et Junker veulent fabriquer un nouveau bipède Européen corvéable, obéissant , nomade , sans attaches, sans identité, sans histoire, sans terroir. L’Europe , pour être forte par rapport aux Chinois et aux Usa, doit être performante économiquement . Pour baisser les salaires, avoir une main d’oeuvre abondante, docile, nomade et bon marché, il faut faire venir des millions d’immigrés pour diluer et noyer les peuples Européens, casser les nations, la famille, la cohésion sociale, abolir les frontières etc…une immigration Arabo-Africano-musulmane est l’idéal pour changer radicalement la société d’accueil et la faire imploser ( importation de graves problèmes ethnico-religio-socio-culturels, civilisationnels et démographique )
    Les Anglais viennent de dire non . L’immigration massive a été un des éléments déterminants dans la votation . Des amis Londoniens ont quitté Londres depuis longtemps car ils sont devenus étrangers dans leur propre ville où ils ne se reconnaissaient plus.
    Le péril de l’Europe n’est pas économique, mais identitaire.

  6. Posté par Sentinelle le

    « le fameux traité de Lisbonne, la Constitution de l’UE, admettait qu’un pays sorte de l’Union »

    Peut-être pourriez-vous publier le texte des paragraphes concernés ? Les médias européens se feront un plaisir de les faire connaître au grand public, n’est-ce pas ?

    Eh oui ! Les petits Grecs, on pouvait encore les mater, mais là, le morceau est trop gros ! Et après les magouilles avec le traité de Maastricht – allègrement mis à la poubelle au premier obstacle rencontré -, cette fois-ci, c’est bel et bien le début de l’éclatement de l’UE, tant redouté et peint sur la muraille par l’Allemagne, qui se met en route…

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