Oskar Freysinger : « le personnel politique n’a pas envie de voir le peuple s’émanciper »

Oskar Freysinger
Conseiller national UDC, enseignant
Oskar Freysinger 

Présent à Béziers à l'occasion du Rendez-Vous « Oz ta droite » organisé par Robert Ménard, Oskar Freysinger (UDC) a répondu aux questions de notre correspondant en France et compare la situation politique en France et en Suisse.

Les Observateurs : Que pensez-vous de l'initiative de Robert Ménard d'avoir organisé ce Rendez-Vous de Béziers ?

Oskar Freysinger : Je trouve ça excellent. Robert Ménard a du courage, le paysage politique actuellement n'est pas favorable au débat serein et constructif, il le fait. Il a montré en tant que maire de Béziers qu'il était capable de résister à quelques pressions et je trouve ça admirable de voir qu'il y a des gens qui ont des poils où je pense.

Les Observateurs : Quelle comparaison peut-on faire aujourd'hui entre la situation en France et la situation en Suisse ?

Oskar Freysinger : C'est difficilement comparable, nous n'avons pas en Suisse ce phénomène de blocage institutionnel, de contournement institutionnel et ensuite de réaction violente de la population parce que tout le système est construit autrement. Le système français est quasiment construit du haut vers le bas avec un très fort centralisme, très jacobin. En Suisse nous avons le fédéralisme avec un peuple souverain. Le peuple n'a pas besoin de faire grève parce qu'il a les instruments institutionnels pour s'opposer au pouvoir.

Les Observateurs : Quand on regarde le résultat des élections, on constate que l'UDC est le premier parti de Suisse mais pourtant il ne dirige pas le pays comme en France avec le Front National.

Oskar Freysinger : Ça c'est voulu, le système suisse n'est pas fait pour une alternance, pour donner le pouvoir à une seule coterie. C'est le partage du pouvoir. En France, le Front National n'a jamais pu avoir un ministre ni être représenté selon sa force réelle à l'Assemblée Nationale, ce qui est un scandale absolu. Un parti qui draine autant d'électeurs devrait avoir une représentation digne de ce nom au parlement. Si on avait le même système en Suisse, nous, l'UDC, on serait dans la même situation que le Front National or nous avons deux membres au gouvernement fédéral. On est largement représentés au parlement fédéral parce que nous sommes le parti le plus fort. La France et la Suisse ne sont pas comparables, nous avons un système fédéraliste, un système avec la démocratie directe avec la notion d'équilibre des énergies et du partage du pouvoir.

Les Observateurs : Est-ce que la France devrait s'inspirer de la Suisse ?

Oskar Freysinger : C'est difficile d'aller appliquer cela du jour au lendemain. Il faudrait peut-être arriver avec un premier élément de démocratie directe qui serait un référendum mais un référendum réel où le peuple s'exprime clairement et que le parlement ensuite applique. Ça ce serait un premier élément sans chambouler tout le système mais où le peuple aurait alors beaucoup moins la nécessité de tout bloquer, ce qui est dommageable pour le pays, pour les entreprises, pour tout le monde. Le peuple aurait alors au moins un instrument pour commencer à résister. Le problème c'est que le personnel politique n'a absolument pas envie de voir le peuple s'émanciper, prendre part à la gestion publique. Les énarques ne sont pas formés pour ça, ils sont formés pour représenter une élite qui dicte ce qui est bon pour le peuple. Comment voulez-vous arriver alors à quelque chose ? Pour que les choses changent il va falloir une crise et elle sera probablement plutôt européenne que française.

Les Observateurs : Qu'est-ce qui pourrait déclencher cette crise ?

Oskar Freysinger : Une crise financière. Le système financier actuel est construit sur du sable mouvant. Faire tourner la planche à billets et croire que ça créé de la richesse c'est une illusion. C'est juste une question de temps, ça peut encore tenir un certain moment.

Les Observateurs : Vous parlez d'une crise économique mais est-ce que ça ne pourrait pas être également une crise migratoire ?

Oskar Freysinger : La crise migratoire ça peut créer des conflits mais ça sera plutôt une sorte de guerre civile, une violence urbaine de plus en plus forte avec des groupes ethniques qui se battent mais je ne crois pas que la situation sera exacerbée s'il n'y a pas l'aspect financier qui aggrave la chose. Il faut cette paupérisation, ce désespoir de la population pour que vraiment quelque chose se passe. Là actuellement on n'y est pas vraiment, on gueule, on manifeste mais on n'y est pas encore. S'il y a vraiment une crise grave et avec 60 % à 70 % de la population des banlieues qui vit de l'assistance sociale, si l’État n'est plus capable de payer, ils vont prendre par la violence ce qu'ils estiment être leur dû.

Propos recueillis par Jordi Vives

3 commentaires

  1. Posté par Un observateur le

    Analyse intéressante …différences institutionnelles , culturelles et historiques entre la Suisse et la France.
    En Suisse, l’UDC est le premier parti et arrive à être représenté pour influer sur les décisions. En france, le système majoritaire interdit au FN toute participation au pouvoir .
    Freysinger , comme Ménard savent que nos sociétés sont en danger. Le débat ne sera pas économique , mais civilisationnel. Soit une société multiculturelle, confessionnelle, métissée, communautarisée, ethnicisée avec une natalité explosive irresponsable, mais avec un niveau de culture et d’éducation très bas grace à une immigration de déshérités dont l’immense majporité sont incultes et analphabètes qui fuient la misère…soit une société qui gardera ses valeurs, son histoire, ses racines, son mode de vie, sa cohésion sociale, son identité et son génie en optant pour une immigration choisie controlée et minime qui puisse s’assimiler et pas se communautariser.
    C’est le défi de toute l’Europe si elle ne veut pas devenir un supermarché/dépottoir anarchique, violent où chacun immigrant/refugié apporte ses problèmes ethnico-tribalo-socio-culturels et civilisationnels sans solution.

  2. Posté par Sancenay le

    Ce n’est pas nécessairement le personnel politique dans son ensemble qui n’a pas envie que le peuple s’émancipe. Mais c’est le Système politique français, révolutionnaire, dictatorial dans l’oeuf qui est conçu comme cela. Et nul acteur politique ne peut l’ignorer – feindre , ou prétendre l’ignorer.
    C’est pourquoi malheureusement, seule une tactique d’affrontement frontal, ou le boycott total, ce qui n’a jamais été tenté, sont possibles jusqu’à ce que les digues cèdent.
    Car il y aura toujours derrière telle ou telle organisation ou chef rebelle, fût-il sincère, ce qui est rare, une officine prête à de bons offices, en terme de propagande ou de logistique, organisée en réalité pour ramener les dissidents au « bercail ».On l’ a vu pour l’école libre en son temps ( 1984 )qui a débouché sur l’école sous contrat avec aujourd’hui les manuels scolaires délétères que l’on sait et les programmés décérébrant obligatoires. On l’a vu avec la prétendue « Manif pour tous » de « Dame Ludovine », qui s’est très vite avérée être la chasse gardée de L’UMP.
    Je me souviens toujours de mon Grand-Père, observateur érudit de la vie politique française, qui m’avait mis en garde , alors que je me lançais, inconscient de cet état des choses, dans la vie politique: « oh, tu es courageux, mais tu sais , ils sont partout, ils tiennent tout ! » J’ai payé au prix fort mon insouciance, mais je en le regrette en aucun cas.Lorsque je vois ce que nous voyons. Je me maudirais de n’avoir rien tenté.

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