Schengen ne fonctionne pas. La Suisse doit suspendre ces accords.

Albert Leimgruber
Rédacteur

 

Depuis le début de l’année, les naufrages de bateaux de réfugiés mettent l’Europe entière en émoi. Les drames humains qui ont lieu devant les côtes européennes ne laissent personne indifférent. L’UE a fait la seule chose dont elle est capable : convoquer un sommet extraordinaire consacré à l’immigration. Les résultats cependant sont pour le moins décevant. Aucune mesure concrète n’est prise, si ce n’est d’augmenter les moyens financiers pour une opération inutile voire contre-productive.

 

L’immigration représente un réel défi pour l’Europe. Mais l’UE ferme les yeux. L’Italie se sent abandonnée par le reste de l’Union. La Grèce tente de tirer profit de la situation en menaçant ses partenaires de laisser passer tous les immigrés si aucune concession n’est faite quant à la situation financière d’Athènes. L’Espagne est seule confrontée à la pression que connaissent les territoires de Ceuta et Melilla sur continent africain. Ces pays souffrent. Ils souffrent avant tout à cause de la politique migratoire de l’Allemagne et de la Suède qui accueillent des centaines de milliers de migrants et deviennent ainsi une destination de rêve pour les africains en route vers le nord.

 

Une fois en Europe, les migrants peuvent se rendre dans tous les pays de l’espace Schengen. Car l’Italie a bien compris qu’elle n’avait aucun intérêt à jouer le jeu de Schengen/Dublin. Ces accords n’ont aucune efficacité, ils sont directement responsables de la situation tendue en Europe, des drames humains en Méditerranée et du business illégal et immoral des passeurs. Schengen Tue, tous les jours, par milliers.

 

L’immigration de masse que connaît l’Europe ne pourra pas être maitrisée sans impliquer les pays d’origine des migrants, ou du moins des pays de départ. La vague de (faux) réfugiés que connaît l’Europe est aussi due à la déstabilisation volontaire de la Lybie. L’Europe est en train de payer très cher la chute de Kadhafi, bien que tout le monde soit d’accord avec le fait que ce fut un bien affreux personnage.

 

L’Australie démontre à merveille comment on peut résoudre le problème de façon durable. La politique de l’île-continent prône la tolérance zéro. Le gouvernement repousse toutes les embarcations. Les occupants sont alors placés dans des camps sur territoire étranger, ou leurs cas sont analysés. Ceux qui ont réellement droit à l’asile, l’obtiennent et sont admis. Mais ils ne peuvent rejoindre l’Australie : un accord avec le Cambodge permet à Canberra de placer les requérants d’asile dans ce pays. Cette politique est certes ferme, mais elle a le mérite d’avoir endigué pratiquement toutes les tentatives des migrants de rejoindre le pays par voie maritime, ce qui empêche les drames comme on les connaît en méditerranée. De plus, les Etats qui abritent les camps de réfugiés ou qui les accueillent profitent des retombées économiques que l’Australie leur verse.

 

L’Europe ne peut certes pas mettre en œuvre la même politique que l’Australie. Mais elle pourrait au moins s’en inspirer. Pour cela, elle devrait dans un premier temps soutenir les Pays ou, comme en Lybie, règne l’anarchie la plus totale. Ensuite, elle devrait conclure des accords de réadmission avec les Etats africains. De plus, elle doit baisser son attractivité pour les migrants. Finalement, elle devrait lutter avec efficacité et persévérance contre les passeurs.

 

Et la Suisse ? La Suisse ferait bien dans un premier temps de suspendre les accords de Schengen/Dublin. Ceux-ci représentent un grand risque pour notre pays, qui n’a plus les moyens légaux de protéger ses frontières et dont le sort est lié aux décisions de Bruxelles.

 

Albert Leimgruber, 8 mai 2015

Rédacteur en chef Voix Libre

www.voix-libre.net

7 commentaires

  1. Posté par Un Algérien le

    Pourquoi nos élites , nos politiques acceptent cette invasion surtout en cette période de grave crise où des millions d’Européens sont chômeurs, sans logement , sans avenir ?
    Pourquoi rajouter la misère à la misère avec les conséquences dramatiques à venir ?
    Il est clair que quelque chose ne tourne pas rond en Europe.
    Y a -t-il une volonté délibérée de remplacement des peuples Européens par des peuples prolifiques, exploitables, misérables acceptant des bas salaires et des conditions de travail et de vie lamentables ?

  2. Posté par Carole le

    Situation très bien résumée. Je n’arrive pas à croire qu’à Bruxelles ils continuent leur politique de déplacement de l’Afrique en Europe sans évaluer les conséquences désastreuses qui en découleront.

  3. Posté par Chouette le

    @ SilvanaC

    Oh que oui qu’il peut en être pire! Il est tellement facile d’avoir du « coeur » sans toucher à son propre argent!

  4. Posté par Chouette le

    Excellente vision de M. Leimgruber!

  5. Posté par SilvanaC le

    A mon avis l’UE est impuissante à endiguer ce flux ininterrompu d’immigrants.
    Je dis volontairement immigrants car la majorité ne peut pas être considérée comme des requérants d’asile.
    Il est trop tard pour changer leur politique, mais ils peuvent la changer, peut être en créant des centres spéciaux, sur place, où ces personnes peuvent déposer leur demande d’admission.
    A la limite une aide financière de retour peut être allouée pour les personnes déboutées, cela après avoir enregistrer leur ADN,empreintes digitales outre, pour écarter les inévitables abus. Ce moyen serait de toute façon plus économique que les éternels recours suites aux refus, voire à l’entretien de cette personne pendant un temps indéterminé.
    Quel que soit le moyen choisi, cela ne peut être pire que l’immobilité et l’aveuglement actuel

  6. Posté par François le

    Voilà une analyse qui donne un éclairage pertinent de la situation…
    La Suisse doit suspendre les accords de Schengen/Dublin, que voilà un excellent conseil d’Albert Leimgruber. Oui mais du conseil à la réalisation il y a un abysse insondable !

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