La France meurt par les deux bouts…

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

 

Le froid mobilise les lieux d’hébergement d’urgence. Il y a ceux qui accueillent les naufragés de la route qui voulaient de la neige, pour l’instant la subissent et n’en profiteront qu’avec un peu de retard. Les autres ne sont pas sur le chemin des montagnes. Ils sont dans les villes de grande solitude et vont abriter les naufragés de la vie, ceux qui n’ont pas de travail, ou très peu, et qui souvent n’ont plus de famille, ou pas de logement pour l’héberger. Les uns prennent leur malheur tout relatif avec le sourire. C’est un peu de consommation et de loisir gâchés. Les autres s’enfoncent dans la précarité. Ce qui les sépare est infiniment plus important que la conjoncture météorologique qui les rapproche dans l’actualité.  Ce qui les oppose, c’est le travail que notre pays n’offre pas suffisamment et qu’il répartit si mal.

Les images des départs en vacances ne doivent pas cacher la réalité. Les actions caritatives ne doivent pas nous y habituer. Les critiques contre un gouvernement assez lamentable ne doivent pas nous donner à croire qu’il est le seul responsable, et qu’une élection suffira à corriger les choses. C’est beaucoup plus grave ! Depuis longtemps déjà la France décline et se berce des illusions que provoquent les drogues dont elle se gave : la dépense publique, l’emploi public, l’assistance sociale. Les déficits, la dette, le déséquilibre du commerce extérieur sont les conséquences de ce désastre. Certes, la France a de beaux restes. Elle attire toujours beaucoup de touristes et on lui prête de l’argent à des taux d’amis… pour l’instant. Mais, si l’on fait preuve de mauvais esprit, on se dit que le rôle de la France en Europe ressemble à ce que certains voulaient en faire dans les années 40, un paradis pour les guerriers fatigués, dans l’ombre de la puissante Allemagne.

Les Français travaillent moins que leurs partenaires… ou leurs concurrents. Ils commencent tard faute d’apprentissage à l’allemande. Ils s’arrêtent plus tôt grâce à des systèmes de retraite d’une injustice criante. Ils travaillent durant un moins grand nombre d’heures et prennent davantage de congés plus ou moins légitimes.  » Mais, comment ? Tu n’as pas pris ton congé-maladie ? » demande avec effroi une employée de mairie à sa collègue… Bien sûr, on dira qu’ils sont champions pour la productivité, ce qu’explique l’arithmétique élémentaire et ne veut rien dire… Le pourcentage de la population active, c’est-à-dire employée et employable au delà de 15 ans, est de 56% en France, de 60% en Allemagne, de 63% aux Etats-Unis, de 62% au Royaume-Uni, de 68% en Suisse, de 64% en Suède. L’Italie seule fait mieux, mais ce n’est pas une référence ! Le chômage est de 10,6% chez nous contre 4,9 % en Allemagne, 5,8% aux Etats-Unis, 5,9% au Royaume-Uni, 4,6% en Suisse, 8,1% e Suède. Certes, l’Espagne est à 24%… Si l’on prend en compte le nombre des fonctionnaires d’un côté et la part de l’industrie dans le PIB de l’autre, on comprend mieux le rôle de la richesse réellement produite et de celle dépensée dans la cinquième « puissance » économique mondiale. Notre industrie s’est effondrée et ne correspond plus qu’à 18,8% du  PIB, un record seulement dépassé par le spécialiste de l’évasion fiscale, le Luxembourg et ses banques, avec 12,1% ou par les pays qui ne sont pas encore industrialisés comme l’Albanie. Les Anglo-saxons qui avaient la réputation d’être en avance sur la voie de la tertiarisation font mieux que nous avec plus de 20, 2% pour les USA et le R-U. L’Allemagne et la Suisse sont à 30,2% et à 26,8%. Il n’ y a pas que des banques en Suisse ! Il y a aussi des industries de précision à la réputation irréprochable. Par ailleurs, notre pays compte un plus grand nombre de fonctionnaires. Ils sont 90 pour 1000 habitants et représentent un emploi sur cinq ( un sur quatre si on compte tous les emplois du secteur public ) et leur coût correspond à 12% du PIB. Outre-Rhin, ils sont 50 pour 100o habitants et 7% du PIB. Depuis 201o, les conservateurs britanniques ont supprimé 500 000 postes de fonctionnaires, mais créé davantage d’emplois et réduit le chômage.

Les conséquences de cette gouvernance politique calamiteuse et hypocrite de notre pays sont perceptibles. En 11 ans, le nombre des SDF a augmenté de 44%. Le RSA est versé à 2,4 millions de foyers. Il y a 4 millions d’allocataires de minima sociaux qui font vivre 6 millions de personnes. Le prétendu pays des Droits de l’Homme a instauré de multiples inégalités liées aux statuts et aux seuils, qu’il compense en partie par une redistribution massive qui porte atteinte par une fiscalité abusive à la liberté d’entreprendre et de dépenser comme on le veut l’argent que l’on a gagné par son travail, son mérite, son intelligence et les risques que l’on prend. Liberté, point. Egalité, point, comme le dit fièrement notre devise !

Depuis plus de trente ans, une caste politique parasite a retardé les réformes indispensables par calcul et manque de courage. Elle en est aujourd’hui réduite à des expédients, des mesurettes, et dans le meilleur des cas à des usines à gaz destinée à envelopper les mesures nécessaires dans un nuage trompeur. Le sacrifice de notre seul atout, la politique familiale, le travail du dimanche ou la baisse des charges contre embauches sont le tiercé perdant d’une politique de la petite semaine et du faux-semblant. L’Euro, le financement de la politique familiale, voire de la protection sociale par la consommation et non par le travail, la préférence nationale en matière d’allocations de solidarité afin de mettre un terme à l’appel d’air de l’immigration, le statut de la fonction publique seraient des questions plus pertinentes et plus décisives. Plusieurs pays ont emprunté quelques-unes de ces voies avec un certain succès. La Suède n’a pas l’Euro, mais finance un système social aussi généreux que le nôtre grâce à une TVA à 25%, et a supprimé le statut de la fonction publique. Quand un gouvernement aura-t-il le courage et le talent d’exposer la réalité aux Français et de leur proposer de vraies solutions ?

Christian Vanneste, 28 décembre 2014

 

2 commentaires

  1. Posté par Derek Doppler le

    L’Afrance meurt peut-être par les deux bouts, mais elle crèvera surtout de l’intérieur et malheureusement pas avant d’avoir mortellement infecté certains de ses voisins.

  2. Posté par Ueli Davel le

    La France est vraiment un cas unique. L’Europe entière a froid, la neige tombe, l hiver devient enfin un hiver. Comme par hasard, seul les Français ont de tels problèmes!
    Pour le reste tout à déjà été dit! A non, le président a reçu un chien et le chômage est en augmentation. Même l’ex ministre soviète Peillon prend le bateau pour la Suisse, l’université de Neuchâtel. Un bien mauvais choix, les étudiants n’ont pas mérité ça.

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