L’Identité, Reine des Batailles

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

Sacré Shakespeare ! Inévitable ! « Être, ou ne pas être, c’est là la question… Mourir, dormir… » En une tirade de son personnage pénétré par l’instinct de mort et vacillant au bord de la folie, il éclaire notre présent, notre présent collectif lui aussi envahi par cet appel du néant, ce sourd désir de ne plus être. Toutefois, l’angoisse y est remplacée par une sorte de joie infantile de détruire, d’effacer. Notre civilisation est moins menacée par le suicide qu’elle ne l’est par une involution joyeuse, une régression gaie et fière d’elle-même. Dans un même mouvement, l’identité et la vie, qui ont partie liée, sont combattues, bousculées, dépassées par un nihilisme multiforme. Une philosophie à la gomme a transformé notre brave vieux doute cartésien, prélude nécessaire à une vérité sûre d’elle, en un relativisme généralisé où rien n’est rien, où tout se vaut, où le génial délire nietzschéen jubile sur un champ de ruines. « Je est un autre » comme disait Rimbaud. La famille est une structure de parenté parmi d’autres, la Nation, une idole néfaste renversée par l’histoire, la France un conglomérat multiculturel et métissé,  le christianisme, une religion comme les autres ou mieux, une religion d’esclaves qui a béni l’esclavage, l’identité sexuelle, une construction sociale aussi culturelle et artificielle que la grammaire et ses genres. Notre ancien jardin à la française, archicartésien, n’est plus qu’un terrain vague jonché de statues effondrées, où poussent des plantes bizarres. C’est un no man’s land qui comme son nom l’indique n’est le pays de personne. Il n’y en a pas de pire que le désert. La moindre plante qui pousse a une identité qu’inlassablement elle reproduit. Vivre, c’est être, c’est avoir une identité et c’est chercher à la préserver ou à la reproduire. La sexualité y ajoute de l’altérité et introduit le jeu des possibles et celui des ressemblances.  La haine de sa propre identité, à travers l’obsession antiraciste et la grotesque idéologie qui réduit le couple à n’être qu’un modèle hétérosexuel, pléonasme stupide, poursuivent un même but. En détruisant les identités, elles découragent le vouloir-vivre.Peu de textes ont autant souligné cette solidarité entre l’identité et la vie que la fin des Mémoires de Guerre du Général de Gaulle. « A mesure que l’âge m’envahit, la nature me devient plus proche… Vieille terre, rongée par les âges… mais prête à produire ce qu’il faut pour que se succèdent les vivants ! Vieille France, accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau ! Vieil homme, recru d’épreuves… jamais las de guetter dans l’ombre la lueur de l’espérance. » La lecture de cet hymne à la vie balaye les miasmes de la misérable politique actuelle et chasse les modes délétères qui nous encombrent. Prendre de la hauteur lorsqu’on souffre de la médiocrité des débats ou des contorsions des candidats pour séduire tel ou tel groupe de pression, sans égard pour le Bien Commun, est une thérapeutique salutaire. Descartes occupe une place privilégiée dans notre génie national. Sans le moindre doute, l’esprit cartésien, le bon sens tout simplement reprendront le dessus. Lorsque les Français seront lassés qu’on leur impose l’exception au détriment de la règle,Christian Vanneste, 14 mars 2014

 

Un commentaire

  1. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Veuillez me pardonner si un peu je m’épanche, mon coeur m’y presse. Tant sont réconfortants les mots de Charles de GAULLE. En ce temps, sans pencher du côté des railleurs, je riais avec eux. Bien qu’interpellé par leurs outrances. Et un jour j’ai eu en main le livre de claude MAURIAC, « aimer de Gaulle ». Dont quelques passages me pressèrent de le lire. Avec profit. Une pierre blanche dans ma vie, qui a marqué sans doute un retournement.
    En lisant le billet de Christian Vaneste je prends conscience que si j’ai beaucoup lu sur de Gaulle, je ne l’ai pas lu, lui. Et j’en ressent un manque.
    Rimbaud est cité: « Je est un autre »… Salomon dit que le sage a le coeur à droite (Ecl. 10:2) et que le coeur du sot est à gauche. Propos à développer.
    J’en viens à deux mots de Monsieur Vaneste: « involution » et « régression ». Je retiens « régression » car ce mot m’est venu au cours d’une réflexion sur le déluge. Déluge se dit « mabboul » en hébreu, ce qui met, vous en conviendrez, la puce à l’oreille!
    Pour éclairer ce qui suit je mentionne l’interprétation qu’à faite une hébraïsante de talent, Anick de Souzenelle, des mots « bien » et « mal »: accompli et inaccompli! Ce qui colle bien avec le texte biblique. Par exemple, « Dieu vit que c’était accompli », donc conforme à l’idée qu’il avait en lançant le processus. Ce qui peut signifier qu’il a laissé pissé le bébé dans ses langes et qu’il n’a vu que quand il a uriné dans le pot. Je cite encore « ses yeux sont trop purs pour voir l’inaccompli ».
    Partant de là nous pouvons imaginer ce qui précède le déluge. « leurs coeurs étaient entièrement tournés vers l’inaccompli », ce qui implique une involution, une régression. Un retour à l’indifférencié. Aux « eaux » non séparées. A la dissolution dans le même. Autrement dit ce dont nous sommes témoins.
    Qui dit déluge dit Noé! Et « arche »! Qu’est-donc cette fameuse arche? Un simple bateau? Cette question ne pique au vif! Et vous?
    Et, s’il n’y avait qu’elle, je ne vous dirais pas: ce sera tout pour aujourd’hui!

Et vous, qu'en pensez vous ?

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