Une initiative d’avant-garde

Suzette Sandoz
Suzette Sandoz
Prof. honoraire UNIL

L’initiative «Oui à la protection contre la sexualisation à l’école maternelle et à l’école primaire » a abouti, avec plus de 100’000 signatures. On se réjouit de lire le rapport futur du Conseil fédéral aux Chambres et d’entendre les débats de ces dernières sur un sujet que certains parlementaires n’aiment pas aborder par crainte de passer pour « ringards ».

En réalité, s’ils se donnent la peine de lire attentivement le texte de l’initiative, ils devront bien constater qu’il s’agit d’une position d’avant-garde à deux points de vue :

  1. L’initiative ose affirmer que l’éducation sexuelle relève d’un droit fondamental de l’enfant, droit qui doit être respecté d’abord par les parents, mais aussi par l’école. Ce n’est pas une simple matière à enseigner au même titre que les sciences naturelles, parce qu’elle inclut des valeurs touchant à l’identité de la personne.

  1. L’initiative distingue – ce qui ne s’est jamais fait officiellement à ce jour – la prévention contre les abus sexuels, l’éducation sexuelle et la « transmission de savoir sur la reproduction et le développement humain ».

Selon l’initiative, la prévention peut être l’objet d’une intervention à l’école maternelle déjà, car on sait bien que les abus frappent souvent les très jeunes enfants et, malheureusement, souvent, dans la famille. Elle n’a rien de commun avec l’éducation sexuelle.

L’éducation sexuelle, elle, qui concerne les relations hommes-femmes et implique peut-être des mises en garde contre des films pornos sur le net, autant que d’éventuelles protections contre une grossesse ou contre le sida, ne peut être dispensée avant neuf ans révolus et ne saurait être rendue obligatoire, car elle est étroitement liée à des questions de valeurs dont les parents sont et doivent être les premiers transmetteurs. L’initiative prévoit la possibilité d’un cours facultatif pour les enfants dès l’âge de neuf ans révolus.

Quant à la transmission de savoirs concernant la reproduction et le développement humain, elle fait partie de la mission de l’école, doit être l’objet d’un cours obligatoire auquel les enfants sont astreints dès l’âge de 12 ans révolus.

On sait que, dans la marmite fédérale et en particulier dans celle de l’office fédéral de la santé, bout toujours quelque velléité d’imposer aux cantons le contenu de cours uniformisés d’éducation sexuelle. En constatant que cette dernière est un droit fondamental de l’enfant, et qu’elle ne peut lui être imposée contre la volonté de ses parents, l’initiative offre aux cantons une sorte de protection – toujours nécessaire - contre la centralisation fédérale.

Suzette Sandoz

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