Le désuet délire de l’idéologie du genre

 

S’il ne s’agissait pas d’introduire des idées stupides dans l’esprit des enfants, l’application des politiciens à encourager la « théorie du genre » pour ses vertus pédagogiques comme le dit Mme Vallaud-Belkacem, devrait produire une douce hilarité tant il faut être doté d’une ignorance crasse pour accorder le moindre crédit à ce délire. Quand « Juliette avait encore son nez » et qu’ »au café de Flore, il y avait déjà des folles », la pensée française a été dominée par plusieurs courants philosophiques qui ont eu tendance à minimiser l’hérédité et l’inné au profit de l’acquis et de l’appris. C’était une réaction compréhensible au racisme nazi et à sa prétention de tout expliquer par une génétique aussi farfelue que totalitaire. Alors, se sont développés le vertige de la liberté sartrienne délivrée de tous les déterminismes hypocrites et le culturalisme fondé sur l’ethnologie et l’étude de l’extraordinaire plasticité des comportements humains. Plus tard, la déconstruction a montré combien les exigences d’une société au cours de son histoire avaient tendance à se faire passer pour des évidences naturelles. Ce regard critique sur la société et la dénonciation de ses présupposés idéologiques se trouvaient en phase avec la pensée marxiste tellement dominante dans la France de l’après-guerre. Pour elle, une société est toujours un système de domination et l’idéologie est le discours qui la justifie. Ainsi, au-delà de l’oppression exercée par la bourgeoisie sur le prolétariat évidemment moins pertinente avec le recul du monde ouvrier, sont apparues d’autres formes de pouvoir qu’il fallait déconstruire, celui des hommes par rapport aux femmes, celui des « hétéros » sur les « homos » par exemple. Si rien n’est naturel dans ces hiérarchies, alors elles sont arbitraires et doivent disparaître.

Le drame pour cette pensée, c’est que la génétique, la neuropsychologie et l’éthologie ont considérablement progressé. Dénonciation des idéologies fondées sur la nature, elle se trouve aujourd’hui confrontée à des données scientifiques et apparaît pour ce qu’elle a toujours été : une contre-idéologie, une idéologie donc, un discours de pouvoir et non pas de savoir. Que les femmes Mundugumor aient intéressé la féministe et bisexuelle Margareth Mead pour montrer qu’une femme n’est pas naturellement une mère n’a rien d’étonnant. L’ennui avec les sciences humaines c’est qu’elles permettent de trouver les vérités dont les « chercheurs » ont besoin et non celles auxquelles on ne s’attendait pas comme c’est souvent le cas dans la recherche scientifique. La génétique, délivrée de l’obsession raciale, montre que beaucoup des comportements et des performances d’un individu sont pour une part non négligeable dus à son hérédité qui fait d’ailleurs de lui un être unique, à l’exception des vrais jumeaux. Une personne est le résultat de cet entrecroisement entre le développement de son programme génétique et l’apprentissage qu’elle reçoit de son milieu. La capacité de parler est naturelle. Les réalisations sont culturelles, comme en témoigne la diversité des langues. Les performances dépendent aussi de l’adéquation dans le temps entre la maturation du cerveau et la qualité de l’éducation. On peut aussi raisonnablement croire que son gros néo-cortex lui confère le privilège d’une certaine liberté.

La « théorie » de Judith Butler présentée naguère par ce pauvre Luc Chatel, comme scientifique est donc totalement obsolète. Elle repose sur une intention idéologique, une méconnaissance scientifique et une confusion méthodologique. L’intention consiste à justifier la primauté de « l’orientation sexuelle » sur l’identité sexuelle. Le « genre » est une construction sociale qui permet de dire qu’on ne naît pas femme et qu’on le devient en jouant à la poupée plutôt qu’avec des camions de pompiers. Il permet aussi de glisser qu’il y a des hommes qui se sentent femmes et que le désir peut très bien s’épanouir en direction d’une personne de son sexe. Bref, le genre, c’est du sérieux, le sexe de la broutille phallocrate. L’ennui, c’est que les chromosomes décident du sexe et qu’en dépit des efforts pathétiques des militants de trouver un fondement génétique à l’homosexualité, rien n’a abouti. Cette tentative est l’aveu d’une contradiction. Ou on accepte que la théorie du genre et l’identité comme l’orientation sexuelles sont sociales, ou on passe à la science sérieuse, et à l’évidence le sexe est inscrit dans la nature, et l’orientation plutôt dans la culture. Il faut alors user d’un peu de méthode : il faut distinguer l’identité sexuelle qui, hormis quelques anomalies chromosomiques ou hormonales, ne fait pas de doute et en tout cas n’est pas d’origine sociale, si on excepte les monstrueuses manipulations à des fins sportives des régimes communistes. Après, il appartient à chaque société de déterminer les rôles sociaux attribués aux sexes. La confusion entre l’identité et le rôle est la faute intellectuelle de cette prétendue théorie. Il y aura toujours des rôles qui seront attachés à l’identité pour des raisons biologiques et non idéologiques : notamment ceux liés à la maternité pour la femme. Il y en a d’autres qui sont plus arbitraires et qui font intervenir une troisième notion : le statut social. C’est à ce niveau que se situent les inégalités qui peuvent, bien sûr, être remises en cause.

La « théorie du genre » n’est donc qu’une idéologie rétrograde pour soixante-huitards attardés. La place qu’elle occupe dans les débats est ridicule, mais inquiétante aussi, car elle témoigne de la domination indue de groupes de pression sur notre société. Il est piquant de constater qu’un discours inventé pour lutter contre un pouvoir soit aujourd’hui utilisé pour en asseoir un autre.

Christian Vanneste, le 1er février 2014

2 commentaires

  1. Posté par Mat le

    Pire que l’autofécondation, l’autoproduction, l’autogenèse, à tous les niveaux, depuis la cellule cancéreuse, en passant par l’ego, jusqu’à la Babylone en expansion exponentielle autour de laquelle le monde doit tourner, tourner toujours plus vite jusqu’à l’effondrement.
    C’est le but ultime de l’homme sans Dieu, enroulé sur lui-même comme un serpent qui se mord la queue jusqu’à la tête.
    La flèche de la transcendance archangélique est pourtant là, en nous…elle attend que nous lui donnions l’ordre de transpercer.

  2. Posté par Renaud le

    Les politiciens prétendent que l’affaire est close s’il est question de promouvoir l’égalité des sexes plutôt qu’une théorie du genre.
    Mais quelle égalité?
    L’égalité dans l’absolu oblige à penser l’égalité relative dans le monde, à faire des compromis, à penser les limites.
    Penser les limites oblige à penser la relativité du droit individuel par rapport aux données naturelles.
    Sans limites le droit à la procréation devient légitime quelque soit la forme de couple.
    Sans limites le droit à la grossesse devient légitime quelque soit le sexe.
    Sans limites le droit au changement de sexe devient légitime quelque soit le motif.

    Ainsi, mes parents pourraient être deux hommes dont l’un serait mon père biologique et l’autre ma « mère » qui m’aurait porté en bénéficiant d’un utérus artificiel implanté et de l’ovule d’une femme.
    Grâce aux progrès de la technologie mon père biologique serait devenu tout à fait femme et serait la vraie mère de mon petit frère tandis que ma « mère » en serait le père biologique.
    Quant à moi, garçon ayant choisi de devenir femme à l’adolescence j’aurais conservé mon sperme congelé afin de pouvoir m’autoféconder le jour où ce droit fondamental de l’être humain sera enfin reconnu. Sinon, de toute façon j’irai m’autoféconder à l’étranger !

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