Libre circulation: encore un conseiller fédéral à la RTS

Johann Schneider-Amman dans TTC.

 

Figure imposée d'une propagande qui se veut de plus en plus pressante: l'étranger fier aux bras noueux, le regard clair, indispensable à notre économie, le laïus sur le Suisse qui méprise les travaux de peine [1], les vigilantes mesures de contrôle - pour disculper les abus - et la caution morale de l'énième clown blanc de la bienveillante classe politique.

On "comprend", on compatit, on explique, "restez courageux, essayez de comprendre où s'offrira une prochaine possibilité et les autorités vous soutiennent." En clair, démerdez-vous, on ne bougera pas et demain on rase gratis... ou pas. Sans oublier le mantra des "mesures d'accompagnement". Viduité préméditée, mâtinée de prophéties apocalyptique. Bref, la RTS tourne en rond, pour ne pas dire en boucle.

Source

 

Bonus succulent:

Dans un sujet successif sur le coût de la campagne, la RTS se fend d'un superbe (dès 00:55):

"Ceux qui attaquent, en l'occurrence l'UDC, utilisent systématiquement le rouge suisse. Ce même rouge qu'on trouvait il y a cent ans dans cette affiche qui voulait protéger la Suisse du péril communiste."

Au cas où vous n'auriez pas compris, UDC = vieux réac séculaire souffrant de paranoïa obsessionnelle à l'endroit de "périls" (notez la sémantique drolatique) inexistants. Et oui, à la RTS, le fait qu'une dictature d'extrême-gauche ait pu menacer le monde paraît invraisemblable... et pourtant.

Au cas où vous l'auriez oublié, le Conseil fédéral ne fait pas campagne, il explique les "enjeux". On sent que la rédaction politique de la RTS a bien préparé son sujet, qui a décidé d'offrir une réponse à son employeur suite aux protestations de certains journalistes. C'est ainsi que, dès 02:50, le conseiller fédéral Schneider-Amman, la bouche en coeur et l'oeil bonhomme, désavoue son collègue Burkhalter d'un: "Ja, ça peut arriver qu'on fait un tout petit peu de campagne."

En clair, cela veut dire que le Conseil fédéral reconnaît aujourd'hui peser de tout son poids et de toute son influence politique pour se dresser, dans le cadre d'un débat et d'une situation exigeant une totale neutralité de sa part, contre l'opinion d'une partie de la population... avec l'argent de cette partie de la population. C'est du dumping politique, pou ne pas dire de l'occupation médiatique; mais l'essentiel est de garder le sourire, non ?

On est heureux de constater que nos conseillers fédéraux aient autant de temps à consacrer à la communication. Reste qu'à force de s'envoyer la grille horaire du média d'Etat dans l'ordre, on s'attend bientôt à les voir à la Ligne de coeur ou à Chacun pour tous. Voir quand même à ne pas trop tirer sur la corde, on est une plèbe ignare et malléable, soit, mais quand même.

 

[1] Un ouvrier slovaque: "Les Suisses, ils préfèrent travailler dans les banques, dans un bureau en ville", le speaker: "Il y aussi peu de Suisses qui voudraient faire ce travail", Johan Schneider-Amman: "Il n'y a pas tellement de Suisses qui cherchent leur travail dans les sites de la construction", au cas où vous n'auriez pas compris...

 

Voire encore

Didier Burkhalter : les mots de trop

3 commentaires

  1. Posté par ravani robert le

    je suis un des « dernier » suisses a chercher de l’emploi dans le bâtiment.Enfin,un poste de directeur chez UBS m’irait aussi…Fait est de constater que ont me préfère des étrangers et que l’état ne fait rien pour me soutenir.

  2. Posté par Jean-Baptiste Aegerter le

    Sinon il y a Doris Leuthard ce matin à la radio… http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/le-journal-du-matin/#5544881. Mais le Conseil fédéral ne fait pas campagne. La SSR ferait tout aussi bien de remplacer ses programmes par la webcam des séance du Conseil fédéral, Billag coûterait moins cher !

  3. Posté par Ueli Davel le

    Quel charabiat, enfin heureusement que le journaliste bienfaisant lui a tendu la perche plusieurs fois, quelle courtoisie. Oui, depuis quelque mois la RTS trouvent spontanément nos nos amis du PLR plutôt sympa, c’est attendrissant.

    La situation du Tessin est dramatique, c’est pas d’aujourd’hui. Qu’a fait le CF, le CN et la horde de fonctionnaires grâcement payée pour le Tessin?, L’initiative est semble t’il pas la solution au problème, mais alors Mesdame et Messieurs c’est quoi votre solution, vos solutions, cela fait des années que l’on les attends. Vous attendez de vous la faire dicter par nos amis de UE? Il est vrais que les employés de l’état, les fonctionnaires ne sont trop concernés, le nombre de fonctionnaires remplacés par des immigrants ne doit pas être recensable.

    Ainsi donc notre Conseil Fédérale ne fait donc pas un chouyat campagne pour le non! On ne le remarque presque pas, ils sont si subtile, tout en finesse…

Et vous, qu'en pensez vous ?

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