La voix de son maître: Didier Burkhalter sur la RTS

Le Conseil fédéral en campagne sur son canal privé.

Didier Burkhalter, sans surprise promet les plaies d'Egypte et les cavaliers de l'Apocalypse réunis en cas de oui à l'initiative sur l'immigration de masse. Les armées de l'Union européennes envahiront la Suisse et nos chères têtes blondes devront parler l'européen en salle de classe...

En vrac:

02:30

"Il ne faut pas tomber dans l'erreur de voir des étrangers comme bouc émissaire pour tout. S'il y a une augmentation des kilomètres parcourus en voiture, c'est essentiellement pour les loisirs"...

Que les pendulaires se le disent, le travail est un loisir; vision délicieusement radical pour laquelle le travail du grouillot, et la recette fiscale qui va avec, est un loisir; forcément. Statistique invérifiable, évidemment, mais le message est limpide: assez rigolé, au boulot !

03:00

"C'est aussi grâce à elle [l'immigration européenne, ndlr] qu'on peut financer le vieillissement de la population en Suisse."

Injecter de l'étranger à haute dose en Suisse pour contrer l'hiver démographique qui s'apprête à s'abattre sur notre pays. Intégrer massivement ou disparaître. Hasard du calendrier, le Conseil fédéral appelle à rembourser en masse l'avortement annuel de 11'000 petits travailleurs suisses en puissance. Y a un problème ?

03:41

"Si on veut véritablement limiter complètement l'immigration, il faudra aussi limiter clairement la prospérité."

Vision capitaliste d'une croissance jusqu'au ciel. A moins de coloniser, à terme, les univers parallèles, cette conception de la prospérité sans fin devra bien rencontrer sa limite un jour. Comment le Conseil fédéral peut-il prêcher écologie, fin du nucléaire et développement durable et ne voir son avenir que dans l'hyperexploitation de l'élément matériel ? Cette vision ne paraît guère promise à un avenir radieux.

Aux environs de 06:30, le Conseiller fédéral évite soigneusement la question du détail de ce miroir aux alouettes que sont les fameuses "mesures d'accompagnement"; on ne saura donc jamais... En clair, ne vous inquiétez pas de politique, laissez-nous faire...

07:18

Une perle:

"Ecoutez, le Conseil fédéral ne fait pas campagne."

Après une merveille pareille, on plie sa serviette, on range sa chaise, on salue et on s'en va.

"Nous faisons ce qui est prévu par la loi et la Constitution, nous expliquons les enjeux."

En peignant sur la muraille des perspectives que la plupart des économistes avertis s'entendent pour contester et en faisant de confondre l'initiative avec un retour au système des contingents tel qui fut vécu il y a plusieurs années.

08:47

"Si on vote oui à cette initiative, on remet en cause les fondements mêmes du succès suisse."

On se calme, on ne fait que vous expliquer les "enjeux". L'Union européenne ne nous aimera plus et nous cesseront d'exister, etc.

10:05

Nous n'avons plus le pouvoir de contrôler qui rentre dans notre pays mais:

"Mais nous sommes précisément, actuellement, dans une position beaucoup plus forte."

Entendre, beaucoup plus soumise et donc susceptible de plaire à Leurs Excellences de Bruxelles.

11:30

Autre perle, suite à la statistique des médecins allemands:

"On devrait former davantage de médecins nous-mêmes."

Tiens donc, mais n'est-ce pas le Conseil fédéral lui même qui a appelé à rejeter la motion Häberli-Koller, la pétition Wäfler Urs et le postulat Fetz pour la suppression du numerus clausus en faculté de médecin ? Sans parler de la décision désastreuse du moratoire sur l'ouverture de cabinets, décision, issue de Ruth Dreifuss, forcément, supprimée, puis rétablie. Est-ce inexact de dire que le Conseil fédéral organise sciemment la pénurie de médecins suisses et leur remplacement par des médecins étrangers ?

Sans la moindre vergogne, Didier Burkhaleter ose même:

"En lien général avec la responsabilité que nous avons à l'égard du monde. Ce qui est le plus choquant [... c'est que] les pays les plus pauvres sont souvent les pays qui exportent le peu de médecins qu'ils ont."

Le Conseiller fédéral croit s'en sortir par la pirouette sensible; nous prendre pour des idiots, apparemment, nous suffit plus, il faut encore clairement se moquer de nos intelligences.

Le reste n'est que parlotage, Didier Burkhalter est sans doute le VRP le plus élégant que le PLR ait su porter à la charge suprême ces derniers temps, mais il n'est en rien un communicateur accrocheur et ne revêt que laborieusement les attribust de l'homme d'Etat; on n'en viendrait presque à regretter son prédécesseur. On eût aimé encore que le journaliste bousculât un peu plus son interlocuteur plutôt que de lui servir les mêmes questions entendues sur la version télévisée de l'antenne publique. Mais sans doute eût-il fallu pour cela oublier un instant l'en-tête étatique sur sa fiche de salaire...

 

RTS Journal du Matin 14.01.2014

http://www.parlament.ch/F/Suche/Pages/geschaefte.aspx?gesch_id=20113526

 

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Didier Burkhalter : les mots de trop

6 commentaires

  1. Posté par Marie-France Oberson le

    @M. Rouquet: « Je ne serais pas surpris qu’un jour très prochain, le Conseil Fédéral nous annonce qu’il n’y a pas d’autre alternative pour la Suisse que d’intégrer l’EURSS! »
    ………………………………………………
    Mais c’est le but de la majorité des Conseillers Fédéraux qui se sont succédés depuis 20 ans au CF! 20 ans que l’on nous « promet les plaies d’Egypte et les cavaliers de l’Apocalypse »
    20 ans que l’on brandit sur nos têtes l’épée de Damoclès qui consisterait en sanctions de l’UE si l’on vote mal !
    Souvenons-nous , au lendemain du fameux « dimanche noir »on nous assurait que notre pays allait se vider de ses habitants , immigrés comme autochtones!
    Or, c’est l’inverse qui s’est produit: tout le monde veut venir chez nous! Et si tout le monde veut venir chez nous c’est bien parce que notre économie s’est développée et non l’inverse.Et si elle s’est ainsi développée, si notre pays est en bonne santé c’est bien grâce à sa souveraineté !
    Mais on ne peut se développer à l’infini au risque d’exploser!
    Il faut savoir arrêter la machine au bon moment .
    Les terres agricoles disparaissent à la vitesse grand V; elles ne suffisent plus à nourrir le bétail. Nous devons donc importer et une grande partie de la nourriture pour le bétail et une grande partie de notre propre nourriture. Nous sommes donc dépendants de l’étranger quant à notre approvisionnement alimentaire… Nous le devenons quant à notre approvisionnement énergétique … Nous prenons de gros risques que nos pères n’ont jamais pris !
    «  Tout système poussé à l’excès finit par s’autodétruire  » disait G-A. Chevallaz ; un homme plein de bon sens !
    Rien n’étant jamais acquis,que ferons-nous de tous ces travailleurs que nous sommes allés chercher si la conjoncture change ?

  2. Posté par Philippe Rouquet le

    Selon M. Burkhalter, voter oui à l’initiative remettrait en cause « les fondements mêmes du succès suisse. » C’est justement le contraire!
    « Les fondements mêmes du succès suisse » reposent sur le fait que nous avons su maintenir notre propre vision du monde du travail.
    Pour moi, votez non à cette initiative nous fera rentrer progressivement dans la médiocrité socialo-européiste!
    Il semblerait que ce monsieur ait oublié qu’il existe un Contrôle des Habitants. Pourquoi ne pas sélectionner son immigration et autant que se peut contrôler la main d’oeuvre nécessaire, qui apporte une vrai valeur ajoutée aux forces économiques du pays.
    Mais non, impossible, l’UE ne nous le permettrait jamais !
    Je ne serais pas surpris qu’un jour très prochain, le Conseil Fédéral nous annonce qu’il n’y a pas d’autre alternative pour la Suisse que d’intégrer l’EURSS!

  3. Posté par Jacouille le

    Faudrait peut être déjà qu’ils commencent à en payer des prestations sociales……les z’émigrés !
    Si 25’000 bossent et payent……il y en a plus de 55’000 (plus de 80’000 arrivée par an) qui se les roulent sur notre dos !…sans même citer les centaines de milliers d’autres…..faudrait QUAND MEME arrêter de prendre pour des cons !…merci

  4. Posté par Gérald Nicod le

    Financer le vieillissement de la population en Suisse par l’immigration s’apparente plus au jeu de l’avion ou plus précisément au système dit de « Ponzi  » qu’à une politique sociale cohérente et réfléchie. C’est avec ce système, que Bernard Madoff, condamné à 150 ans de prison, a escroqué des milliers d’épargnants. Comparaison n’est pas raison, mais si l’on suit le raisonnement de Monsieur Burkhalter, les immigrés seraient sensés rester éternellement jeunes et ne jamais bénéficier de prestations sociales.

  5. Posté par Philippe le

    Pardon de dire ça comme cela….mais……beau boulot les gars…!

  6. Posté par Dominique Schwander le

    Encore un de ces politiciens qui n’a jamais été capable de vraiment gagner sinon sur le dos des contribuables.

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