Instituteur, un métier en décomposition

André Duval
Enseignant,  Ex- président de l'ARLE

J’accuse tous les salauds qui se sont évertués à inoculer un virus malfaisant au sein de l’école primaire.

 

Ils l'ont entretenu avec soin jusqu'à gangréner le métier d'instituteur jusqu'à l'os.

Combien sont-ils ces enseignants qui ont déserté et qui le feront encore parce que déçus pour ne pas dire dégoûtés par tant d'inepties accumulées?

Depuis de longues années, les prétendus experts de l'enseignement, les pédagogos de tous bords, les politiciens mal inspirés se sont ingéniés à miner méticuleusement l'école...

Le résultat est accablant.

A force de décisions plus idiotes les unes que les autres, ils sont parvenus à détruire l'essence même du beau métier d'instituteur, à le changer du tout au tout pour le modeler à leur idéologie et faire du maître un gestionnaire sans âme.

D'artisan qui exerce son métier avec amour, doigté et feeling - les bases d'un bon enseignement - ces fossoyeurs ont fait de l'instituteur une machine robotisée sans grand intérêt et souvent incompétente.

Petit à petit, à force de leur retirer toutes leurs responsabilités, les enseignants ont perdu toute leur autorité,  tout leur crédit.

Introduction de matériel didactique inopportun, souvent idéologique, gavage de programmes incompréhensibles, mise en place d'une hiérarchie complètement surfaite, réunionites aigues, rien n'a été laissé au hasard.

Tout est sujet à paperasserie.

Auparavant, un instituteur pouvait, sans autre, décider des modalités des sorties qu'il jugeait opportunes de faire. Point besoin, comme c'est le cas maintenant, de les prévoir à l'avance, d'en justifier les raisons tant à l'institution qu'aux parents. Point besoin de remplir une tonne de paperasse inutile et chronophage. Point besoin de se retourner dans tous les sens pour trouver une bonne âme qui aurait le temps et qui accepterait de vous accompagner.

Aujourd'hui, un enseignant ne peut décider d'une sortie "surprise" au gré des humeurs ou même du temps!

Fini les "pataugades" dans l'Allondon, fini les tournages du film dont on avait conçu le scénario, fini les séances de dessin à l'extérieur, fini....

Au rebut la singularité d'un maître, ce qui en faisait tout son intérêt; tout son charme. Aujourd'hui, on travaille en équipe, à la chaîne, et gare à celui qui s'écarterait du droit chemin fixé par les gourous.

Auparavant, l'instit était le maître à bord. Il était pleinement responsable de la bonne marche de sa classe. Aujourd'hui, on a instauré un échelon supérieur qu'on a voulu tout puissant, les directeurs d'établissement.

Ainsi, le maître devient celui que l'on peut aisément contourner. Un élève problématique qui n’est pas passé chez le directeur pense naturellement qu’il a encore de la marge...du coup l'autorité du maître n’est plus aussi bien respectée.

Il en va de même en ce qui concerne les parents à qui on a ouvert toutes grandes les portes de l'Ecole. Ils peuvent maintenant contester à souhait toutes les décisions que voudraient prendre l'enseignant. Il suffit d'en référer directement au directeur...qui se fera un plaisir de saisir l'occasion pour marquer son territoire et l'importance de sa fonction...fixer des réunions, aplanir les problèmes, négocier, consulter.

L'instituteur a perdu son statut de référence. On a laissé son image se dégrader...

Rien d'étonnant donc à ce qu'ils soient désormais nombreux à déserter pour les uns et tout simplement à ne pas choisir une telle carrière pour les autres.

Un  enjeu majeur pour le futur chef du DIP. Saura-t-il redresser la barre et redonner tout le lustre à ce métier qui le mérite bien. Il en va non seulement du bien des enseignants mais surtout de celui des élèves car on ne peut enseigner bien que lorsqu'on est bien dans sa peau.

André Duval, 9 novembre 2013

8 commentaires

  1. Posté par S.B le

    Oh! Que cette lettre d’un papa d’élève à la HEPVS me fait du bien ! Ma fille vient d’en sortir…enfin! J’ai vécu les mêmes inepties, les mêmes rages, les mêmes incompréhensions durant plus de trois ans. Enseignant primaire, bientôt à la retraite, je ne pouvais qu’observer et me taire afin de ne pas la prétériter. En effet, à la HEPVS, big brother guette au coin du bois: les étudiants ont l’interdiction formelle de critiquer l’établissement… Tiens, y aurait.il des vices cachés? J’ai montré à ma fille le coup de cœur de ce papa. Elle m’a dit qu’à une exception près, tout ce qu’il avait écrit correspondait à ce qu’elle avait vécu durant ces 6 semestres de lavage de cerveau. Je pourrais en rajouter encore plusieurs couches. Comme celle où, le jour de la défense de son mémoire, aucune salle n’était libre, pire encore, un seul des experts est arrivé, avec plus de 20 minutes de retard, excusant ses autres collègues qui n’allaient pas tarder…dès qu’ils auraient fini de boire leur café (sic). Et tout cela avec des salaires mensuels de 12.000 francs !
    Quelle honte ! Et dire que j’ étais à l’Ecole Normale en même temps que ce directeur…

    J’aimerais que mon nom ne figure pas en en-tête de cet écrit afin que ma fille , qui vient d’avoir sa première classe en tant que titulaire ne soit pas « rattrapée » par la HEPVS. Merci de votre compréhension. La mention : un autre papa d’étudiante à la HEPVS ira très bien.

  2. Posté par Jean Romain le

    Le caractère irrationnel de ces HEP ou autre IUFE aboutit à priver, par l’entremise des profs qui y sont formatés, les élèves d’un passeport pour la vie. Dans les faits, en s’abstenant d’ouvrir les esprits à notre héritage le plus intime (la langue, l’histoire…) c’est-à-dire à un surcroît de conscience, au profit de la communication et de toutes ces farines néo-modernes, on aggrave une injustice qu’on se flattait de faire reculer. On ne peut pas imaginer plus monstrueusement sot que ces études en HEP

  3. Posté par G. Vuilliomenet le

    Certeny, vous oubliez qu’il y a également eu MBG comme chef du DIP! D’ailleurs elle s’est assez vantée d’avoir fait renvoyer hani ramadan suite à l’article justifiant la lapidation qu’il avait fait publier dans l’Immonde. Renvoi qui a coûté près d’un million de francs suisses aux Genevois, et il semblerait qu’il a toujours un statut de fonctionnaire, affirmation à vérifier bien entendu.

  4. Posté par Un papa d'étudiant à la HEPVS le

    La HEPVS cette merveilleuse école où l’on peut admirer son directeur sauter sur les tables et faire un spectacle incompréhensible en trois langues pour accueillir les nouvelles volées. Le voir à la fête des étudiants « La Despedida » dans des comportements incompatibles avec sa fonction. Les profs ne sont pas en reste, en serveurs. Forcément, remplir des verres est plus facile que de remplir des cours…

    – Cette école où une « prof » reste posée pendant 6 mois au fond de la classe à écouter les élèves faire son propre cours, par exposés abscons. Chaque année.
    – Cette école où mari et femme sont cooptés dans le corps enseignant.
    – Cette école où les hommes sont constamment discriminés et rabaissés dans tous les domaines.
    – Cette école où certains profs parquent les élèves en groupe de travail et se prélassent devant la machine à café pendant ce temps.
    – Cette école où le directeur passe son temps à envoyer des PDF de 50MO remplis de cartes de Noël ou de Pâques, à écrire des mails inutiles en 4 langues à chaque trois phrases.
    – Cette école où 75% des hommes abandonnent après 6 mois car ils n’en peuvent plus.
    – Cette école où l’on analyse en cours des vidéos youtube de la Nouvelle Star et on pond des rapports sur le « ressenti » des candidats, des juges et du public.
    – Cette école où l’on peut voir des étudiants de 20 ans assis par terre en cercle à écouter des histoires pour gamins autour de leur prof.
    – Cette école où la délation est encouragée dans d’invraisemblables rapports de travaux de groupes.

  5. Posté par Jean Romain le

    Le NF de ce jour indique que la HEP Valais est dans le colinateur de l’UDC. C’est une bonne chose. A Genève, l’école va bien plus mal qu’en Valais, mais je comprends la colère d’André Duval. La crapule pédagogiste est partout, a gangréné tous les rouages de l’école. On va s’en occuper! Je continue le combat, je te le promets André.

  6. Posté par Jacky Brouze le

    Merci pour ce cri du cœur. Comme vous le dites si bien, le socialisme forcené tend à faire de nous des automates programmés pour voter socialiste. Et quoi de plus efficace que d’entreprendre ces immondes manœuvres dès la plus tendre enfance ?
    Dans toutes ses actions, les socialisme tend à supprimer le naturel, à supprimer l’amour, à dessécher les sentiments. Et de quoi était fait le métier d’instituteur ? En premier lieu d’amour pour les enfants qui lui avaient été confiés par leurs parents. Sa joie était de les voir se développer et son doigté consistait à adapter son message pour chacun d’entre eux (et non pas de délivrer une immonde soupe pré-formatée destinée à laver les cerveaux).
    Comment éradiquer ce virus malfaisant ? Je pense qu’il va falloir tout casser dans la hiérarchie pour reconstruire sans dogmes, sans lourdeurs, sans schémas et surtout sans arrière-pensée politique.

  7. Posté par Antonio Giovanni le

    « Il en va de même en ce qui concerne les parents à qui on a ouvert toutes grandes les portes de l’Ecole… » merci à M. Duval de faire écho à ces dérives programmées; mais qui a ouvert l’Ecole aux parents encombrants? Quels parents ont-ils envahi l’espace accordé? A quelles fins leurs interventions ? A ces trois questions j’ai déjà trois réponses:
    1) Chavanne a cru bien faire, le bon apôtre du socialisme, de permettre que l’Ecole, idéalement protégée de toute influence, devienne comme en France, la dernière planète qu’il restait encore à conquérir par le socialisme irrésistible ;
    2) Ceux qui se fondant sur leur expérience d’un mandat politique, s’imaginent qu’ils ont encore à intervenir dans le monde scolaire, par enfants et profs instrumentalisés ; et des directeurs assez benoîts les laissent agir de peur que des reproches montés par la voie politique ne leur retombent dessus par la voie administrative;
    3) A imposer prioritairement leur conception des études, quitte à tout en ignorer pour n’en avoir pas fait, et orienter au gré de leur caprice telle ou telle vision de la scolarité du rejeton…
    Comme en France, on affirme que « .. le travail de l’Ecole est d’arracher l’enfant à tous les déterminismes.. » (Peillon) c’est-à-dire lui laver à fond la cervelle pour qu’une certaine idéologie y trouve enfin place nette et s’en empare sans coup férir, définitivement.
    Hé, oui !

  8. Posté par certeny le

    Toute cette gabegie a un nom M. Beer !! …bien sûr, de la gauche… exactement, du PS. Les directeurs c’est lui ! Le cirque au DIP depuis des années, c’est lui !

Et vous, qu'en pensez vous ?

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