La France, un Etat socialiste du « genre » totalitaire

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

La France est un pays socialiste du « genre » totalitaire. Formule d’une provocation « hénaurme », comme écrivait Flaubert ? Soyons plutôt lucides. La France est gouvernée par des socialistes. Ces socialistes ne sont pas comme les sociaux-démocrates du Nord de l’Europe, ni comme les travaillistes britanniques, ni même comme les socialistes des pays latins. Ils appliquent une politique fondée sur une idéologie mâtinée de clientélisme et de démagogie qui les conduit, au rebours de la plupart des autres pays comparables, à accompagner la décadence des moeurs assez générale, par une déification de l’Etat et un alourdissement de son poids dans la société.

 

La France vient ainsi de doubler le Danemark et se retrouve donc en tête de tous les pays développés à économie « ouverte » pour la dépense publique avec 57,1% du PIB. Du jamais vu ! Ses prélèvements obligatoires atteignent également un record : 46,3%. La différence se traduit par une croissance vertigineuse de la dette qui dépasse les 95% du PIB. Cette « croissance », qui est bien la seule que nous connaissions, ne finance pas des investissements qui rendraient la France plus compétitive, mais le fonctionnement d’un Etat-Providence, obèse et impotent, qui limite d’ailleurs de plus en plus son action « providentielle » au secteur public et à ses agents, comme il vient encore de le montrer à propos des retraites. Un Etat qui appauvrit, paralyse et décourage les Français pour s’engraisser, au nom d’une idéologie anti-économique, et même anti-nationale, comme en témoigne sa politique en matière d’immigration et d’aide sociale aux immigrés illégaux : nous vivons dans un pays socialiste, non dans un pays gouverné depuis peu par des socialistes. Il n’est pas, jusqu’aux exils volontaires, de faits qui n’introduisent une étrange ressemblance avec l’ancien bloc soviétique : 40% des jeunes Français souhaiteraient construire leur avenir à l’étranger. Jacques Lesourne avait osé cette boutade : la France, une URSS qui réussit. On peut dire aujourd’hui : la dernière URSS à persister dans l’erreur.

Au moins pouvait-on penser qu’il nous restait nos valeurs démocratiques fondamentales, notre liberté et notre esprit voltairien, notre égalité, héritée de la nuit du 4 Août. La seconde, qui cache souvent sous son masque, de l’envie sociale, de la jalousie, l’emporte sur la première. Tocqueville disait justement que les Français la préféraient jusqu’à accepter l’esclavage. Nous vivons ce paradoxe. Nos jeunes se tournent vers la Fonction Publique. Les plus ambitieux se préparent à une carrière politique qui les obligera à toutes les contorsions de la courtisanerie en échange d’un peu de pouvoirs et de privilèges. Le prix de cette égalité en trompe l’oeil est l’abandon de la liberté, la soumission à la pensée unique en dehors de laquelle il n’est point de salut. Notre pays est dirigé par une oligarchie liée aux carrières publiques. Son extension au « pantouflage » dans les grandes entreprises accroît l’exception française. Le mépris de cette caste pour le populisme, sa peur du Référendum d’Initiative Populaire qu’elle s’est ingéniée à rendre impossible montrent à quel point la France est éloignée d’une véritable démocratie.

La tempête qui a agité le Landerneau politique à la suite des déclarations très mesurées de Fillon sur des socialistes plus sectaires parfois que des candidats du Front National a donné lieu à une situation cocasse. C’est en Russie que l’ancien Premier Ministre est allé, comme Joseph de Maistre en son temps, exprimer sa pensée libérée. On peut certes regretter qu’il ait critiqué la politique internationale de son pays à l’étranger. Mais, on doit l’approuver sur le fond : l’alignement de la France sur les Etats-Unis, le soutien aux djihadistes que nous combattons jusque chez nous, l’encouragement ainsi donné aux « français » qui vont se battre en Syrie sont absurdes et trahissent la protection historique que notre pays accordait aux Chrétiens d’Orient, et qu’assume aujourd’hui la Russie. La Paix passe par Moscou et la France a perdu une chance de contribuer à son retour. Mais, comment ne pas voir, avec l’exemple de Fillon, l’écrasement de la liberté de penser et de s’exprimer ? Depuis des mois, la trilogie infernale du politiquement correct, de la pensée unique et du terrorisme intellectuel nous assènent la vision westernienne d’une guerre civile des gentils libérateurs contre le méchant dictateur. En réalité, comme l’ont montré d’autres pays arabes, la Syrie connaît l’affrontement de forces soutenues par l’étranger : il n’y a pas de camp de la liberté, dans ce conflit, mais d’un côté un régime militaire, nationaliste et vaguement socialiste et de l’autre une théocratie sunnite qui a tenté de s’imposer en Egypte. Les Français ne sont pas dupes et il n’est pas sûr que Fillon ait été maladroit.

J’ai moi-même connu, dimanche dernier, une mésaventure qui montre à quel point la liberté de pensée est en péril dans notre pays. J’ai été expulsé de l’Université d’Eté de la « Manif Pour Tous » après y avoir été invité, inscrit et avoir participé à un forum.. Je sais aujourd’hui les raisons précises de cet ostracisme. Il fallait que je sois parti avant l’arrivée des journalistes. LMPT vit une étrange schizophrénie qui consiste à refuser l’égalité des couples monosexuels avec ceux qui réunissent un homme et une femme, et, par soumission à la pensée unique, elle se plie néanmoins à l’usage du concept orwellien d’homophobie qui permet d’englober toutes les oppositions, y compris la sienne. Cette attitude stupide facilite le règne de ce totalitarisme sournois auquel collaborent les victimes elles-mêmes. Tocqueville avait annoncé un nouveau despotisme, « absolu, détaillé » qui « dirigerait l’industrie ». « Que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? » ajoutait-il.  Sa prophétie est réalisée. Nous vivons dans un Etat socialiste de « genre » totalitaire, pour l’instant encore, « mou ».

Christian Vanneste, 20 septembre 2013

 

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