La taca taca tac tac tiqu’d’…Oskar Freysinger

André Duval
Enseignant,  Ex- président de l'ARLE

Oskar Feysinger est un fin tacticien, aurait-il tout compris?

 

Nouveau conseiller d'Etat, il vient de prendre deux mesures qui peuvent surprendre.

D'une part il met de côté l'un de ses collaborateurs, après 17 ans de services au sein du DIP valaisan et d'autre part il vient de décider que, malgré leur échec à la Haute école pédagogique valaisanne (HEP Valais), certains étudiants pourront tout de même enseigner dans une école du canton.

Monsieur Freysinger a, depuis longtemps, marqué ses distances à l'égard du système des HEP.
En d'autres mots, il se méfie du bien fondé de la formation qui y est délivrée...

Il se trouve que, récemment, j'ai discuté avec le fils d'un ami qui est justement en pleine formation au sein de cette haute école.

Il m'a fait part de ses expériences, notamment en ce qui concerne l'idéologie qui y est toute puissante.
Car la gangrène semble bien avoir gagné jusqu'en Valais!

Il me disait en effet que les théories "pédagogos", le socioconstructivisme particulièrement, y régnaient en maître et que les étudiants étaient tenus de s'y plier.

Gare à ceux qui se poseraient quelques questions et qui montreraient une quelconque résistance...
Dès lors, Monsieur Freysinger ne feinterait-il pas?

Ses récentes décisions ne seraient-elles pas mûrement réfléchies et prises dans le but de contrer la toute puissance des gourous qui officient à la HEP ?

Ainsi, dans un premier temps, il se débarrasse de l'un d'eux puisque, selon la TdG ce Monsieur Lovey aurait, dans les années 90, été un fervent défenseur et participant de la réforme de l'école valaisanne 2000...Celle-là même qui a ensuite été balayée par le peuple. Une réforme qui ressemblait étrangement à ce qu'on a appelé la Rénovation à Genève! Elle aussi balayée en 2006!

Tout porte à croire que ce Monsieur Lovey pencherait du côté des "pédagogos".

Et ça, Freysinger n'en veut pas car il a une autre vision de l'école.

Dans un deuxième temps, il s'arrange pour passer outre les décisions de la HEP. Il "repêche" quelques étudiants qui sont pourtant passés sous la loupe de 6 professionnels différents qui les ont jugés inaptes à l'enseignement.

Ne serait-ce pas tout bonnement parce que, au vu de ce qui semble se passer dans cette HEP, M. Freysinger ne fait pas confiance au jugement de ces "experts" et qu'il préfère se fier au jugement du terrain?

L'alinéa ajouté au règlement est significatif:

En cas de 2ème échec, si le dernier stage sur le terrain a été crédité d'une évaluation "acquis", le Département peut, sur demande de la personne concernée, lui octroyer une autorisation cantonale temporaire d'enseigner à temps partiel.

Tout en prenant ses précautions, l'autorisation reste cantonale et partielle, M. Freysinger n'ouvrirait-il pas la une porte à d'autres vues sur l'école?

Une manière assez subtile de contourner les méfaits de l'idéologie qui est en train de gagner tranquillement en Valais?

André Duval

10 commentaires

  1. Posté par Duval le

    Merci : Bressoud pour votre réponse.
    J’ai tenté de poster un commentaire sur le site de la SPVal mais sans succès…pour je ne sais quelle raison.

  2. Posté par Nicolas Bressoud le

    @ M. Duval
    J’ai été diplômé en 2005.
    Quant aux deux décisions de M. Freysinger, je ne suis pas – encore – en mesure de les commenter. A ce stade, mes opinions sont trop fragiles et le filtre médiatique autour de ces « affaires » ne me donne pas assez d’informations pour les fonder.
    Ce que je peux dire, de manière plus globale, c’est que l’école mérite le plus sérieux et constructif des débats. Ainsi, je souhaite que la gestion de l’école par M. Freysinger soit honnête et transparente et que celui-ci favorise le maintien d’une diversité d’opinions. Et qu’il se garde donc de distiller une séduisante « pensée unique » sur le métier.
    Je vous invite à consulter le site de la SPVal, l’association des enseignants du domaine primaire en VS romand. Et plus particulièrement cette page: http://www.spval.ch/actualites/vs-des-professeurs-pourront-enseigner-sans-avoir-obtenu-le-diplome-des-hautes-etudes-pedagogiques-rts-ch. Je pense qu’un commentaire de votre part sur le site serait enrichissant.
    Meilleures salutations et bonne suite à vous.

  3. Posté par Duval le

    Ah, oui, j’oubliais…pouvez-vous me dire aussi quand vous êtes passé par la HEP?

  4. Posté par Duval le

    Monsieur Bressoud,
    Je ne sais pas qui croire, vous ou les autres témoignages qui m’ont été rapportés sur la HEP. J’espère vivement que votre vision des choses est la bonne.
    Ce que je sais, c’est qu’à Genève, à l’IUFE, c’est tout le contraire de ce que vous avancez.
    Ceci dit, pourriez-vous me dire comment vous interprétez ces deux décisions de M. Freysinger. Merci d’avance.

  5. Posté par Cain_Marchenoir le

    @Mr Bressoud: Bien, allons plus loin dans la discussion. Vous dites que l’important c’est qu’on vous laisse le choix sur le terrain de ce que vous voulez faire au moment où vous voulez le faire. Jusque là je suis entièrement d’accord avec vous. Chacun doit être libre des méthodes qui lui conviennent et si vous faites du travail performant avec du socio-constructivisme alors faites-le. Pour ma part je trouve cette méthode complètement stupide, mais à chacun son truc.
    Là où je ne vous rejoins pas: Bien sûr que lorsqu’on me présente un outil, que je l’ai réfléchi et testé, je dois pouvoir le dire si j’estime que c’est de la daube. Et ça, avec bien des profs de la HEP Valais (que j’ai aussi fréquentée), c’est impossible. Le dogme est là. Ca dépasse largement le socio-constructivisme pédagogique puisqu’il est hors de question d’y affirmer que l’identité des gens peut avoir quelque chose d’inné, que les compétences scolaires aussi peuvent avoir quelque chose d’inné. Tout n’est que constructivisme philosophique à haute dose. Si par malheur vous n’êtes pas d’accord, alors on vous jette l’opprobre.
    Les grilles d’évaluation sont faites de manière à travailler le constructivisme, les objectifs à acquérir sont massivement des fadaises constructivistes, toute la présentation des différents courants de pensée ayant traversé l’enseignement est orientée de manière à faire croire que le constructivisme est la dernière avancée scientifique. On va même jusqu’à mentir sur les autres manières pour faire croire qu’on vient de découvrir le Pérou. Alors non je ne suis pas d’accord avec vous, la HEP Valais ne laisse aucune liberté de choix. D’ailleurs, lors de vos examens de terrain finaux, sur quoi portaient les évaluations? Certainement pas sur du frontal….Mais bien plutôt sur votre capacité à faire faire des simagrées socio-constructivistes aux élèves…. Le référentiel de compétences est construit selon les critères socio-constructivistes…Donc non pas d’accord…
    Je maintiens tout ce que j’ai dit dans mon article….

  6. Posté par Nicolas Bressoud le

    M. Duval,
    Merci pour votre message et votre proposition qui me permettra de nourrir mes réflexions. Je lirai cet article avec grand intérêt.
    Cain_Marchenoir,
    Merci pour vos questions qui montrent votre intérêt à poursuivre le débat et à chercher la nuance entre le noir et le blanc.
    En guise de réponse, permettez-moi les considérations suivantes:
    1. Certains profs des HEP en CH romande sont certainement perdus dans leurs théories et ont perdu pied avec la réalité du terrain.
    2. Cependant, la majorité des profs que j’ai suivis en Valais avaient les pieds dans le terrain et m’ont ouvert l’esprit: « analysez ce que vous faites dans le terrain et cherchez à identifier les mécanismes et améliorer votre pratique en vous nourrissant notamment de la théorie. »
    3. La théorie n’est pas le Diable. Elle ouvre le champ des possibles. Elle peut être pertinente pour m’améliorer: »Moi j’enseigne mais eux, apprennent-ils ? »
    4. Dans mes souvenirs, on nous encourageait à considérer qu’il n’y avait pas de vérité ni de recette en pédagogie et que nous devions connaître les outils, les manières de penser, les courants pour être à même d’utiliser ceux qui sont pertinents face à chaque situation: »Pour ceux qui n’ont comme seul outil qu’un marteau, tous les problèmes ressemblent à des clous. »
    5. Il y a, à mon humble avis, une sorte de rumeur qui sévissait durant mes études en Valais parmi les étudiants: »faisons du socio-constructivisme, sinon, c’est la perdition. » Je ne comprends pas d’où est venue cette rumeur. Et je crois que certaines de mes collègues se montaient la tête.
    6. J’ai fait du « bon gros » frontal devant des superviseurs. Egalement durant mes examens de fin d’études (120 minutes de supervision), parmi d’autres styles d’enseignement. J’ai brillamment réussi mes études et les superviseurs n’ont pas eu d’éruption cutanée en me voyant en style frontal, « à l’ancienne ».
    6. La HEP Valais a les pieds dans le terrain : les enseignants chevronnés qui font la formation de praticien-formateur ont la possibilité d’accueillir des étudiants en stage et de participer aux supervisions. Ils ont le même poids décisionnel que le prof HEP qui l’accompagne.
    @Cain_Marchenoir, vous me demandez: »Dites moi si oui ou non vous avez eu le choix, dans les travaux que vous avez du rendre, de démonter ces pratiques, de dire que vous les trouviez néfastes et que par conséquent vous ne les mettez pas en application. » La réponse n’est pas à propos. Il ne me viendrait pas à l’idée de choisir, dogmatiquement, de démonter un outil proposé et de décider de le cataloguer dans la catégorie du « néfaste ». Je comprends l’éventuel F qui peut s’en suivre dans votre cas. En effet, vous encourageant modestement à plus de pragmatisme, je considère que le débat idéologique entre le « frontal » ou le « socio-constructivisme » est une perte de temps, un amusement de la pensée. C’est du même ordre qu’un débat du genre « pour ou contre Piaget », à mon avis.
    Ce qui compte, c’est que, lorsque j’enseigne, ici et maintenant, j’aie la possibilité de décider de mettre mes élèves en groupe hétérogène face à une situation-problème. Puis, là, dans une autre situation, que je puisse décider d’asseoir mes élèves face à la fiche pour qu’ils suivent et acquièrent une technique que je leur enseigne.
    Cette liberté d’enseignement, le fait que je suis à l’aise dans ces styles, je le dois à ma formation. Je confirme donc que la HEP m’a appris l’esprit critique. Je me révolterai contre toute tentative, d’un camp ou de l’autre, d’imposer un style, une seule vision de l’acte d’apprendre et d’en réduire ainsi sa complexité.
    Merci M. Duval, Cain_Marchenoir, de m’avoir permis ces éclaircissements.

  7. Posté par Cain_Marchenoir le

    Monsieur Bressoud, puis-je vous poser une question: vous dites que votre cursus HEP vous a appris l’esprit critique. Bien alors, dites moi, est-ce que oui ou non on vous a permis de remettre en cause le socio-constructivisme, les travaux de groupe, les situations problèmes etc? Dites moi si oui ou non vous avez eu le choix, dans les travaux que vous avez du rendre, de démonter ces pratiques, de dire que vous les trouviez néfastes et que par conséquent vous ne les mettez pas en application. En ce qui me concerne, à chaque fois que je me suis permis une attaque allant dans ce sens alors j’ai eu droit à un bon gros F synonyme de remédiation. Si vous ne répondez pas par l’affirmative aux deux questions que je vous ai posées, alors non la HEP ne vous a pas forgé un esprit critique…

  8. Posté par Nicolas Bressoud le

    Bof et rebof.
    M. Duval, au-delà des formules interrogatives de politesse, laisse entendre bien des choses sur ce monstre que serait la HEP Valais.
    Je reste perplexe quant à la pertinence d’un article qui se fonde sur une seule opinion du terrain et qui tente l’insidieux exercice de la généralisation et de la caricature.
    Au cours de ma formation à la HEP, on m’a appris l’esprit critique, on m’a montré l’importance de fonder ses choix. Un petit cours de formation continue se profile pour vous, M. Duval ?
    Petit travail. Vraiment.

  9. Posté par Eddie Mabillard le

    C’est la raison pour laquelle j’ai voté Oskar, pour qu’il dévie la trajectoire de l’école Valaisanne. En navigation l’on sait qu’un petit degré de changement de cap vous amène sur la longueur sur un autre rivage et celui-ci sera certainement plus verdoyant. Peut-être même qu’il talonnera le Japon, la Corée du Sud ou Singapour et non du côté de la hollandie ultra gauchiste. Je pense que vous m’avez compris je parle de PISA!

Et vous, qu'en pensez vous ?

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