Gens du voyage ou voyage sans retour ?

France.Un maire qui menace de se suicider pour protester contre les installations sauvages de nomades sur sa commune : a priori, la nouvelle pourrait prêter à sourire, tant la réaction semble disproportionnée. Cet été, d’autres maires moins extravagants, ou peut-être simplement moins désespérés, ont manifesté leur ras-le-bol en fermant leurs mairies ou en démissionnant…

D’autres encore, plus médiatisés, comme Christian Estrosi à Nice, ont joué les grandes gueules et les gros bras, mais rouler les mécaniques n’a pas plus réglé le problème des occupations illégales de terrains par les « gens du voyage ».

Depuis près de 25 ans qu’il est maire de son petit village du Cher, Paul Renaudat a eu plus d’une occasion de constater son impuissance. Entre « rave parties » et déferlements réguliers de nomades, sa commune a eu son lot d’infortune, et chaque fois la même situation conflictuelle : le maire subit sans moyens d’agir, et se retrouve en porte-à-faux entre la population du village qui lui reproche son laxisme et le tient responsable des atteintes à sa tranquillité, et ces visiteurs qui lui imposent leurs conditions de séjour, laissant parfois derrière eux dégradations et charges impayées.

Les lois successives organisant, depuis plus de vingt ans, les conditions d’accueil dans les communes de plus de 5.000 habitants n’ont manifestement pas changé grand-chose aux habitudes des nomades, qui continuent à s’installer où bon leur semble. Le coût des aires d’accueil s’avère parfois exorbitant pour la collectivité (10 millions d’euros devraient ainsi être dépensés pour 60 malheureuses places à Paris, soit plus de 160.000 euros la place), et toujours, la vache à lait sédentaire est invitée à payer sans meugler.

La réaction de Paul Renaudat, toute absurde qu’elle peut paraître au premier abord, révèle d’abord l’absurdité, voire l’indécence des positions défendues par les législateurs qui, ayant oublié depuis longtemps la notion d’intérêt général, s’entêtent à ne plus défendre que des intérêts très particuliers de minorités au détriment du plus grand nombre des Français. Si la question n’est évidemment pas, ici, de contraindre les nomades à la sédentarisation, peut-on s’interroger sur l’obligation qui est faite à la collectivité d’assumer le coût de leur mode de vie ?

 

Source : François Delaître,  Boulevard Voltaire, 9 août 2013

 

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