Freysinger Oskar : les 100 premiers jours au gouvernement valaisan

Oskar Freysinger ne cache pas quelques réticences par rapport à la Haute Ecole pédagogique: «Une des erreurs que nous avons commises en Suisse, c’est d’académiser la formation des enseignants. L’enseignement est une vocation avant d’être une profession. De nombreux profs qui sont passés par l’Ecole normale n’auraient pas été capables de passer la matu, ce qui ne les empêche pas d’être d’excellents profs. Faire faire de la trigonométrie aux enseignants de l’école enfantine, ce n’est pas forcément nécessaire.»
Oskar Freysinger découvre que le Conseil d’Etat est peu politisé. Normal. Il n’y a pas une manière socialiste ou agrarienne de construire une route. Malgré tout, l’idéologie reste là au cœur du discours… et de l’action d’Oskar Freysinger. Les gitans et le voile islamiste restent des préoccupations. Mais pas les seules…

 

Il a tiré hier le bilan de ses 100 premiers jours de mandat. Tout roule, sauf... le budget.

«C'est un job de marathonien»

«Le mobilier de mon bureau date de l'ère Comby. Je vais tout changer. Les meubles sont déjà commandés», déclare Oskar Freysinger. Seuls les deux drapeaux représentent sa touche personnelle. sabine papilloud

JEAN-YVES GABBUD

Entré en fonction le 1er mai dernier, le nouveau conseiller d'Etat Oskar Freysinger a fait le point hier devant la presse après 100 jours de mandat. Son message principal tient en trois points: cela va bien avec mes collègues, bien aussi avec le chef de la police Christian Varone, les dossiers avancent. Reste le problème des 11 millions d'économie à trouver dans son département…

ç La loi sur l'enseignement primaire devrait être réglée assez facilement lors de la deuxième lecture. «Une troisième lecture ne sera pas nécessaire», estime le conseiller d'Etat.

ç Une loi sur le bilinguisme est-elle nécessaire? Oskar Freysinger propose au Conseil d'Etat d'en débattre lors de la séance du 14 août.

ç Oskar Freysinger veut être en contact direct avec le monde de l'enseignement. Un questionnaire sur les relations «Ecoles - Département» a été envoyé la semaine passée. Plus de 1500 réponses ont déjà été retournées. Un questionnaire du même type sur les mesures particulières pour les enfants handicapés a également été lancé.

ç Une solution a été trouvée «pour récupérer les personnes faites pour l'enseignement et qui se trouvent en échec définitif à la HEP».

ç Oskar Freysinger veut lancer la discussion sur la gestion dans les écoles des demandes liées au religieux. Il pense, notamment, au port du voile à l'école. Et la décision du Tribunal fédéral? «Le TF a décidé de ne rien décider, puisqu'il n'y a pas de base légale.» D'où l'idée d'en créer une en Valais qui pourrait être intégrée à la loi sur l'enseignement. «On va voir s'il y a un consensus au sein du gouvernement.»

ç Après la fermeture du foyer Shalom à Sion, et les questions du Grand Conseil, les services du département ont trouvé huit familles d'accueil pour les jeunes filles.

ç Le chef du Département de la sécurité souhaite que la centrale d'engagement se trouve sous un seul toit pour les numéros d'urgence 112, 117, 118 et 144.

ç La construction de nouveaux locaux pour le Service auto est en cours de réflexion. Les questions budgétaires pourraient freiner ce dossier, comme celui de la construction du nouveau centre cellulaire à Crêtelongue.

Après la lex Weber et la LAT, Oskar Freysinger a déclaré à son collègue Jean-Michel Cina: «On risque d'avoir nos vallées latérales dépeuplées et la vallée du Rhône qui devient une grande ville continue.»

L'élu UDC se retrouve avec la gestion du dossier de l'immigration. «L'immigration pose le problème de l'intégration sociale. Intégrons au maximum. Lors de la soirée des naturalisations, j'ai pu constater que pour les nouveaux citoyens, le passeport à croix blanche a une grande valeur; ce sont des grands patriotes. Oui, il faut donner le passeport. Le lien du sang, ce n'est pas cela être Suisse. C'est une idée et ces personnes la partagent.»

Oskar Freysinger ne cache pas quelques réticences par rapport à la Haute Ecole pédagogique: «Une des erreurs que nous avons commises en Suisse, c'est d'académiser la formation des enseignants. L'enseignement est une vocation avant d'être une profession. De nombreux profs qui sont passés par l'Ecole normale n'auraient pas été capables de passer la matu, ce qui ne les empêche pas d'être d'excellents profs. Faire faire de la trigonométrie aux enseignants de l'école enfantine, ce n'est pas forcément nécessaire.»Comment vous sentez-vous dans votre nouvelle fonction?

La santé?

La famille?

L'engagement?

Le double mandat?

Les relations avec Christian Varone?

Les relations avec Jean- François Lovey?

Les relations avec les collègues du Conseil d'Etat?

Les relations avec les partenaires sociaux?

Les relations avec l'état-major du département?

Le plus difficile depuis le début du mandat?

Un pincement au cœur au moment de la rentrée scolaire?

LES QUESTIONS QUI SE POSENT SUR LE NOUVEAU CONSEILLER D'ÉTAT

Mieux! Les débuts ont été assez sportifs. J'ai dû me faire à la grosse machine de l'administration. J'ai dû apprendre une quantité de nouvelles abréviations. En quittant l'enseignement, je n'ai plus de corrections d'épreuves, j'ai hérité de la signature des diplômes; c'est une épreuve physique. Le côté enthousiasmant de la fonction, c'est qu'entre la décision et la réalisation sur le terrain cela va vite, contrairement au processus législatif. L'autre aspect passionnant, ce sont les innombrables contacts.

Mes stents vont bien. Je me sens bien.

Comme mes enfants sont grands, c'est jouable. Le Conseil d'Etat est un remède contre l'amour…

La fonction est lourde. C'est un job de marathonien, qui a connu une baisse d'activité durant l'été, mais ensuite dès la rentrée jusqu'à Noël ce sera lourd.

Ç'a été assez difficile durant la première session. Je n'ai pas pu être présent constamment à Berne, mais avec les moyens de communication actuels, j'ai pu rester au courant. Le double mandat est faisable, surtout que c'est prévu pour une durée limitée de deux ans.

Tout se passe très bien. La sécurité est entre de bonnes mains. La preuve, nous avons pu mettre en place le plan gitans en trois semaines.

Je ne peux pas m'exprimer, puisque la procédure est en cours. Ça se passe de manière amicale.

C'est cordial. On se téléphone volontiers quand on a un problème. Il n'y a pas de confrontation.

Ça fonctionne bien. Nous sommes forcés de collaborer car le Valais se retrouve face à une situation difficile.

On doit se serrer les coudes. C'est peu idéologique. Je n'ai pas l'impression qu'il y a dans ce gouvernement des PDC, une socialiste et un UDC, mais cinq personnes qui collaborent.

Les débuts ont été un peu difficiles. Les syndicats s'exprimaient dans les médias avant de me parler. Depuis, on a pu éclaircir la manière de fonctionner.

Ces trois personnes sont atteignables quasiment tout le temps.

Elles font preuve de rapidité d'exécution. Je suis très satisfait. Je peux faire confiance.

Boucler le budget. Il y a un recul des recettes fiscales, nous devons adapter le budget en conséquence. Il faut réduire de 25 millions le budget de mon département. Nous avons trouvé 14 millions, sans toucher à la substance. Pour les 11 autres millions, je ne sais pas où aller les chercher sans adopter des solutions extrêmes.

Il y a quelques pistes, comme diminuer les décharges des titulaires, qui sont totalement justifiées, augmenter les amendes, ce qui revient à augmenter un impôt déguisé et à embêter les citoyens ou diminuer les bourses.

Oui, j'ai un pincement au cœur. J'adore enseigner.

C'est aussi la première année depuis 27 ans que je commence à travailler au mois de juillet. JYG

COMMENTAIRE

JEAN-YVES GABBUD

RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT

Il découvre un nouveau métier

Oskar Freysinger est en train de découvrir un nouveau métier. Une nouvelle façon de faire de la politique aussi.

«Par rapport à certains dossiers, vous êtes seul responsable», dit-il. Cette responsabilité d'un membre de l'Exécutif n'a rien à voir avec le travail d'un parlementaire, dont l'avis est noyé dans la masse des votants. Cela change tout.

La manière de communiquer change aussi. Un président de parti, un conseiller national peut, doit même dans un certain sens, lancer des petites phrases pour faire mousser l'audience. Un conseiller d'Etat ne le peut pas.

Oskar Freysinger découvre que le Conseil d'Etat est peu politisé. Normal. Il n'y a pas une manière socialiste ou agrarienne de construire une route. Malgré tout, l'idéologie reste là au cœur du discours... et de l'action d'Oskar Freysinger. Les gitans et le voile islamiste restent des préoccupations. Mais pas les seules. Heureusement.

Source : Jean-Yves Gabbud,  Le Nouvelliste, 9 août 2013

2 commentaires

  1. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Le Temps de ce jour induit, sans en avoir l’air, un jugement mitigé. Témoignant d’où son regard scrute.

  2. Posté par Böse Birgitt le

    Bien loin du maudit portrait qu’en font les journaux! et rassurée que les gens de son entourage lui fasse une place… coool!… et que le problème tsigane se résolve sans heurt: un vrai bonheur!

Et vous, qu'en pensez vous ?

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