Genève, formation des enseignants: un gros problème!

André Duval
Enseignant,  Ex- président de l'ARLE

Les futurs enseignants sont condamnés à apprendre par cœur des théories datant de plus de vingt ans mais présentées comme nouvelles, la méthode communicative par exemple. Les courants éducatifs tels le behaviorisme, le socioconstructivisme, telle est la sauce quotidienne à laquelle ils sont nourris, gavés. Toute une idéologie rabâchée à n’en plus pouvoir… Ainsi, aucune priorité n’a été donnée à une formation réaliste du métier d’enseignant.

Titulaires d'un master dans l'une ou l'autre discipline, tout en assumant déjà un enseignement dans l'un ou l'autre des bâtiments scolaires du canton, les futurs enseignants de Genève doivent tous obligatoirement passer par l’Institut de formation des enseignants (IUFE).

Aujourd'hui, cet institut pose de gros problèmes aux étudiants qui le fréquentent. Inquiétant! Les nombreux retours qui me parviennent témoignent d'une énorme frustration, d'un mécontentement que semble partager un grand nombre d'étudiants. Déjà en juin 2012 le mécontentement était tel qu'une pétition accusant l'institut d'user d'un droit plénipotentiaire inadmissible avait circulé dans les établissements scolaires du canton. Les autorités n'y donnèrent aucun écho et rien n'a changé depuis!

La plupart des étudiants de l'IUFE sont profondément insatisfaits de leur formation, et ce pour plusieurs raisons. Ils ont l’impression que les cours délivrés ne leur enseignent rien d’utile pour exercer leur métier, de perdre leur temps tout en faisant le gros dos pour supporter cette situation.

La théorie qui tue la pratique

Non parce qu’ils s’estiment déjà suffisamment aguerris. Mais parce que ce qu’ils apprennent à l’IUFE n’est simplement pas ce dont ils ont besoin.

Ce qu’ils souhaiteraient, ce sont des méthodes qui permettent de gérer une classe, savoir que faire dans tel type de situation, comment enseigner ceci ou cela en anglais /allemand /français /, comment tenir un programme, etc.

Tel n'est pas le cas, on en est loin.

Les étudiants sont condamnés à apprendre par cœur des théories datant de plus de vingt ans mais présentées comme nouvelles, la méthode communicative par exemple.  Les courants éducatifs tels le behaviorisme, le socioconstructivisme, telle est la sauce quotidienne à laquelle ils sont nourris, gavés. Toute une idéologie rabâchée à n'en plus pouvoir... Ainsi, aucune priorité n'a été donnée à une formation réaliste du métier d'enseignant.

Un constat accablant

C'est que l'IUFE est un temple, celui de la secte des "pédagogos" et de leurs gourous. Ceux qui gangrènent cet institut depuis sa création même.

Ces "technocrates "soixantuitards" qui n'ont que faire de la transmission du savoir.

Leur but est tout autre. Seule l'idéologie compte. Jean Romain l'écrivait au début des années 2000:

"Le pédagogiste est là, la tête pleine de son idéal de société homogène...

Les pédagogistes sont ces gens qui préconisent ce que devrait être l’école idéale, c’est-à-dire une école « de la vie » et non plus de la culture, une école sociale qui aurait définitivement tordu le cou aux différences, tant intellectuelles, sociales que familiales".

Tout le problème est de savoir ce qui reste réellement de cet endoctrinement après son passage à l'IUFE.

Au vu des témoignages reçus, ils semblent qu'ils soient nombreux ces étudiants condamnés à se taire, à faire le dos rond, à attendre de sortir enfin de cet engrenage pour enfin se retrouver dans leur classe et "oublier" les préceptes reçus pendant ces longues années...pouvoir enfin...enseigner.

Il serait grand temps tout de même que nos autorités s'en rendent compte, passent à l'écoute des étudiants, les premiers intéressés, et...réagissent!

A quand le nettoyage de ces écuries d'Augias?

4 commentaires

  1. Posté par Amelie Melo le

    Je confirme. Pour avoir fait l’IUFE, je suis bien placée pour le dire: plus de 80% de ce qu’on doit apprendre ne nous sert à rien. La charge de travail est énorme, la pression incroyable, les dirigeants de l’IUFE sont des dictateurs qui assoient leur autorité sur leurs étudiants (mention spéciale à ce cher Mr Toulou) et bon nombre d’entre nous y a laissé un bout de sa santé. Personnellement, je ne suis jamais autant allée chez le médecin qu’à l’époque de l’IUFE. Nos « enseignants » ne tiendraient pas un semestre à ce rythme.

    *

  2. Posté par Eddie Mabillard le

    Ah! quand vous parlez de Chavanne j’en salive encore de son français châtié et élégant, je me souviens d’un débat avec Jean-Pascal Delamuraz c’était absolument délicieux, de même qu’un débat entre Raymond Barre et François Mitterrand.
    Ce qui me choque, avec le recul, c’est qu’avec ce que l’école lui a appris, avec la langue, la philosophie, la rhétorique que ses brillants professeurs lui ont inculquées, il a pu initier le déclin de l’école et son dernier successeur, le Charles, l’a définitivement enterrée.
    La même chose s’applique à Dany le rouge il détruit notre société avec ce qu’il a reçu de ses maîtres!

  3. Posté par Certeny le

    Curieux comme le responsable du département de l’instruction publique est laissé dans l’ombre… et le BEER ne vient pas revendiquer son fiasco ! Fiasco de la gauche et en particulier du PS depuis Chavane.

  4. Posté par Cain_Marchenoir le

    Si ca peut vous « rassurer », il n’y a pas qu’à Genève que ca se passe comme ça mais dans l’ensemble des HEPs. Des gouffres à fric entretenant toute une clientèle d’idéologues forcenés et ne contribuant quasiment en rien à bonifier la formation des futurs enseignants. Vous avez ici soulevé la problématique des théories de l’apprentissage, ca ne s’arrête pas là, dans certaines HEP on abreuve les étudiants d’anthropologie du savoir, de sociologie de l’école et autres bêtises interculturelles. Des choses qui n’ont strictement rien à voir dans une salle de classe en gros…

Et vous, qu'en pensez vous ?

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